Le 3 octobre 2019 paraissait aux éditions Gallimard un long poème en prose, « Pierre« , un hommage à l’artiste Pierre Soulages. On peut ne pas croire au hasard, mais les planètes semblent s’être alignées et cela pour notre plus profonde tristesse. Pierre Soulages le 25 octobre à l’âge canonique de 102 ans, nous quittait. L’œuvre du maître peintre restera. Le 24 novembre, c’est le bien aimé Christian Bobin qui s’est envolé vers les étoiles où ailleurs, un lieu que nous cherchons sans comprendre, un trou noir qui nous absorbe et nous fait quitter cette vie pour toujours. Mystère à jamais irrésolu. C’est ce qui donne à la vie tout son sens. Mais si l’homme est condamné à périr et redevenir poussière, l’œuvre, elle subsiste des dizaines, des centaines et parfois même des milliers d’années. Christian Bobin, l’ermite du Creusot où il est né et vivait depuis bien des années dans une petite maison aux volets bleus à l’orée d’un petit bois. Son sourire lumineux, le son de son rire pour ceux qui l’ont connu intimement, sa simplicité d’âme, sa façon d’appréhender le monde à rebours en dénonçant les dommages de la technologie, de la vie qui s’accélère sans que l’on prenne le temps de se poser. Christian Bobin était un contemplatif, un amoureux des mots, de la poésie, un observateur d’une profonde acuité sur le monde qui nous entoure. Jamais dans l’excès ou la polémique, Christian Bobin préférait le silence et la méditation, le travail d’écriture, les questions qui le hantaient, la vie, la mort, la maladie, la folie des hommes mais aussi l’amour, l’enfance, la nature, la tendresse, le rire et les larmes. Mesuré dans sa personnalité, ses textes, ses romans souvent très court, embellissaient nos vies et donnaient du sens à ce qui n’en avait pas toujours. Christian Bobin ne s’est jamais vu comme un penseur persuadé de détenir la vérité. Il était tout l’inverse. Le doute il le revendiquait. Le doute, les questionnements à l’opposé des doctrines religieuses, politiques, économiques et que sais-je encore. Un artisan des mots, un homme profondément ému par les mystères de la vie, sa beauté et malheureusement sa laideur. Chrsitian Bobin est mort à 71 ans, des suites d’un cancer foudroyant. Quelques semaines auparavant a paru « Le muguet rouge. » J’ai lu beaucoup de romans de Bobin. « Le Très-bas » est comme pour beaucoup, mon préféré. C’est le roman qui l’a fait connaitre. Un succès qu’il ne calculait pas, qui ne l’intéressait pas. Le dialogue, l’échange, la convivialité, l’écoute et la réflexion, les questionnements, c’était ça Christian Bobin.

Voilà, je tenais, modestement, à témoigner de l’amour que je portais à son œuvre, son humilité et sa profonde gentillesse. Il va me manquer, nous manquer mais heureusement, ils nous restent tant et tant à lire de lui. Reposez en paix cher Christian Bobin.