Mon avis : Un des meilleurs films de James Gray. Les critiques presse et les avis des spectateurs sont unanimes et saluent le talent immense de ce réalisateur.

Note : 5 sur 5.

James Gray signe avec « Armageddon Time » son film le plus intime, le plus personnel. Gray se drape sous les traits de Paul Graff, un enfant facétieux, volontiers rêveur, aimant transgresser les règles familiales notamment à l’école où il est un véritable « petit diable. » Nous sommes dans les années 1980 et Paul est un enfant souriant et aimé de ses parents, de ses tantes et surtout de son grand père (magnifique Anthony Hopkins, tout en retenu) avec qui Paul développe une relation exceptionnelle. Son grand père s’appelle Aaaron Rabinovitvh. Le film aborde la question qualifiée par les psychologues du « transgénérationnel. » A table, au détour d’une conversation, son grand père lui rappelle qu’il est juif et que son arrière grand père a dû fuir l’Ukraine pour rejoindre les Etats-Unis, à cause des pogroms, ces massacres de populations juives à l’Est, accusés de tous les maux. Cette haine viscérale à leur endroit, son grand père ne l’a jamais oublié. Il transmet ces souvenirs à Paul. Celui-ci n’est qu’un enfant, il entend sans trop comprendre, le point de l’héritage familiale. Cancre à l’école, Paul se lie d’amitié, à l’école public du Queens avec Johnny, un enfant noir. Paul et Johnny sont très attachés l’un à l’autre mais par petite bribe James Gray révèle que malgré cette forte amitié, ces deux enfants n’auront pas les mêmes chances dans la vie. Johnny vit avec sa grand mère dans un appartement miteux. Cette dernière va être placée et Johnny se retrouver en institution. Johnny traîne dans la rue et Paul, qui entre temps, à intégré une école privée où la majorité des élèves sont juifs, se rend compte peu à peu de cette différence de classes et de couleurs de peau. Cette amitié donne au film énormément d’émotions. Le regard porté par Paul est celui de l’enfance éternelle, des rêves propres à cet âge. Johnny est féru d’astronomie, il veut devenir astronaute, travailler à la Nasa tandis que Paul n’a de cesse d’affirmer à ces proches qu’il souhaite être un artiste. La poursuite des rêves de l’enfance se heurtent souvent à la réalité. Johnny n’ira jamais travaillé à la Nasa car il est pauvre et qu’il n’a pas la bonne couleur de peau. Aaron rappelle à Paul le rejet qu’il a subit à de nombreuses reprises lorsqu’il prospectait pour trouver un travail. Ces patrons qui lui lançaient en pleine face qu’il ne voulait sûrement pas d’un juif dans leurs entreprises. Quelque part, juifs et noirs ont connu le même rejet. Aaron, le grand père de Paul, lui affirme qu’il ne faut pas laisser des propos racistes être prononcés par ces imbéciles. Paul devra se battre parce qu’il est juif. La tranquillité financière de ses parents, grands parents donnent une sécurité à Paul. L’université, la possibilité d’entrer dans les meilleurs écoles, là où Johnny ne peut rien espérer d’autres que la rue et les petits boulots à droite à gauche. Dans ce Queens à New-York, James Gray démontre les contradictions de l’Amérique, le mythe du rêve américain qui est loin d’être une réalité pour certaines populations, notamment les afro-américains. Paul va grandir et ouvrir les yeux peu à peu. Mais ce n’est encore un enfant magnifiquement interprété par le tout jeune acteur Banks Repeta, adorable avec ses tâches de rousseurs et surtout drôle dans cette naïveté, ces rêves totalement fou propre à cet âge. « Armageddon Time » est un film formidable. C’est à mon sens, un des tout meilleurs long métrage de James Gray. L’émotion, la tendresse, l’amour de la famille et la relation très forte avec ce grand père extrêmement tendre avec son petit-fils, l’amitié, les questionnements de l’enfance et puis cette réalité crues que met en avant le réalisateur. Le racisme est aussi une des clés d’appréhension importante du film. La question de l’identité, du poids de l’héritage familiale, ce souhait d’échapper à sa condition sociale, à tout ce qui l’enferme dans son identité d’enfant juif. James Gray touche au cœur. C’est à ne surtout pas manquer au cinéma. Ecrit et réalisé par James Gray, je suis ressorti de la salle de cinéma ému, touché une nouvelle fois par cet immense réalisateur qui marque un peu plus de son empreinte l’histoire du cinéma américain. Au fond, le cinéma de James Gray, tourne essentiellement autour de la question du père, de la transmission, une sorte de quête épique pour s’affranchir et se construire en tant qu’homme, délivré du poids de la famille, une volonté de s’affranchir en quelque sorte.