L’Histoire : L’histoire d’Eugénie, une jeune fille lumineuse et passionnée à la fin du 19è siècle. Eugénie a un don unique : elle entend et voit les morts. Quand sa famille découvre son secret, elle est emmenée par son père et son frère dans la clinique neurologique de La Salpêtrière sans possibilité d’échapper à son destin. Cette clinique, dirigée par l’éminent professeur Charcot, l’un des pionniers de la neurologie et de la psychiatrie, accueille des femmes diagnostiquées hystériques, folles, épileptiques et tout autre type de maladies physiques et mentales. Le chemin d’Eugénie va alors rencontrer celui de Geneviève, une infirmière de l’unité neurologique dont la vie passe sous ses yeux sans qu’elle ne la vive vraiment. Leur rencontre va changer leurs destins à jamais alors qu’elles se préparent à assister au fameux « Bal des folles » organisé tous les ans par le Professeur Charcot au sein de la clinique.

Mon avis :

Note : 4.5 sur 5.

Mélanie Laurent signe une adaptation pleine de verve et de révolte féministe du roman « Le Bal des Folles » de Victoria Mas (Albin Michel 2019). C’est sur Amazon Prime vidéo qu’est sorti « Le Bal des Folles » qui nous narre l’histoire d’Eugénie, une jeune fille pétillante et pleine de vie qui a la particularité d’entendre et de voir les morts. Son père décide de la placer à la clinique neurologique de la Salpêtrière pour qu’elle y passe le restant de ses jours. Là-bas, elle va se lier peu à peu avec Geneviève, une infirmière en chef de l’unité neurologique. C’est bientôt l’heure du « Bal des folles » organisé chaque année par le professeur Charcot. C’est un récit oppressant en ce sens où l’on ressent parfaitement le caractère pénitentiaire de ce lieu où les droits des patients n’existent tout simplement pas. Un régime oppressif et patriarcal incarné par le professeur Charcot et ses méthodes abjectes niant les droits de ces femmes qu’il traite comme de vulgaires amas de chair sans esprit, sans âme. La confrontation entre le monde réel et cette mascarade de soin observée à la Salpêtrière est criante de vérité et de colère. Lou De Laâge incarne formidablement bien cette jeune fille libre, éclatante de féminité et refusant avec courage et abnégation le poids de l’oppression. La reconstitution est très soignée, on sent que Mélanie Laurent y a mis tout son cœur, elle qui interprète l’infirmière Geneviève avec la justesse qui lui est coutumière. C’est un film sur l’émancipation des femmes, le besoin irrépressible de goûter à la liberté de vivre selon ces désirs. On débute ce film avec l’enterrement de Victor Hugo, un moment très solennel dans une société encore très patriarcale. C’est sans doute le film le plus abouti de la réalisatrice depuis « Respire » qui était déjà l’adaptation d’un livre. La psychiatrie, telle qu’elle était pratiqué il n’y a pas si longtemps encore, fait froid dans le dos. Ce Charcot était un illustre imposteur, un homme d’une suffisance peu commune et qui dans ce film apparait comme particulièrement repoussant pour qui est épris de liberté. Le sort des femmes dans ces lieux de « soin » est révoltant. Les ordres aboyés par Charcot et l’exécution de ces derniers par les infirmières achèvent de nous rendre odieuses ces méthodes. Un film fort, poignant, minutieux dans sa reconstitution, porté par deux actrices formidables, c’est peu dire que je vous recommande ce « Bal des folles. »