G01639L’Histoire : Orren et Aloma sont deux âmes à vif, deux jeunes êtres à fleur de peau. Elle est orpheline, élevée dans une école missionnaire catholique et dotée d’un talent rare pour le piano. Il est fils de fermiers, fier et taciturne. Ils sont amoureux et leur vie bascule le jour où la famille d’Orren meurt dans un accident de voiture, le laissant responsable d’une vaste plantation de tabac, d’une terre aride et d’une maison silencieuse où flotte encore la présence des êtres disparus. Livrée à elle-même dans ces lieux si peu familiers au cœur des montagnes du Kentucky, Aloma devra trouver sa place dans cette nouvelle vie, déchirée entre son désir de conserver sa liberté de femme et la nécessité de se soumettre aux engagements du couple.

« Tous les vivants » a beau être le premier roman de C. E. Morgan, c’est en réalité le second texte publié en France aux éditions Gallimard après « Le sport des rois » qui avait fait une forte impression auprès des critiques et des lecteurs. Grâce à ce livre, l’auteure américaine s’est faite un nom et elle fût notamment finaliste du prix Pulitzer de fiction 2017. Rien que ça. Dans ce premier roman, on retrouve ce style organique, charnel, volcanique. C’est un magnifique portrait de femme. Aloma, orpheline élevée dans une école de missionnaire catholique et qui voue une passion extatique pour le piano, un instrument qu’elle maîtrise avec brio. Un jour, elle rencontre Orren, un fils de fermier qui n’a plus de famille lui non plus. Ces deux solitudes vont s’attirer irrésistiblement. L’attraction des corps, la fusion de deux êtres solitaires qui vont vouloir former un socle affectif solide pour les amener à affronter les aléas de la vie. La famille d’Orren meurent dans un accident de voiture. Orren n’a pas le temps de les pleurer, il doit assumer l’héritage de ces derniers et c’est tout naturellement que celui-ci décide de s’installer dans l’exploitation agricole avec Aloma. A perte de vue, des plantations de tabac, au cœur des montagnes du Kentucky, quelques vaches, des poules, et une maison imprégnée des souvenirs des défunts. Pour Aloma, il faut tout reconsidérer, son projet de faire de son don pour le piano, de sa passion pour la musique, un métier dont elle vivrait. Mais il y a aussi Orren qui ploie sous les charges de travail assommante. Aloma doit tout apprendre pour tenir la maison. Les tâches quotidiennes, l’éloignement d’un Orren de plus en plus taiseux et taciturne, la nostalgie des heures passées plus jeune à jouer du piano, tout cela provoque une déflagration qui résonne dans le cœur d’Aloma. Elle se perd, a t’elle fait le bon choix en suivant Orren dans cet endroit où elle ne se sent pas chez elle. Et puis un jour, la volonté de renouer avec la musique, le piano est trop forte. Elle décide d’aller voir si le pasteur de l’église locale aurait besoin de quelqu’un pour jouer. Il accepte. Qui est-il ? Pourquoi se sent elle différente en sa présence ? Elle aime Orren mais pour Aloma une lutte s’engage en son sein, elle fait l’expérience de la chrysalide qui était chenille avant de devenir papillon. Le style d’écriture est saisissant, magnifiquement expressif, plongeant dans les arcanes, les méandres des désirs et des doutes d’une jeune femme pour son couple. C’est beau, c’est transcendant, un petit miracle comme lorsqu’elle nous décrit le vêlage d’une vache, transformant ce moment en quelque chose de déchirant où la vie et la mort s’entremêlent inextricablement pour former cette puissante communion des âmes qui les relient. Un coup de cœur.

Ma note: 5/5

Éditeur : Éditions Gallimard (9 janvier 2020)
Nombre de pages de l’édition imprimée : 240 pages

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