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‘Histoire : Dans la chaleur d’une île grecque, un homme se cache pour échapper à ses poursuivants. Il évoque sa vie hors du commun et tente de démêler l’écheveau de son destin. Fils d’un modeste pelletier, il est devenu l’homme le plus riche de France. Il a permis à Charles VII de terminer la guerre de Cent Ans. Il a changé le regard sur l’Orient. Avec lui, l’Europe est passée du temps des croisades à celui de l’échange. Comme son palais à Bourges, château médiéval d’un côté et palais Renaissance de l’autre, c’est un être à deux faces. Aussi familier des rois et du pape que des plus humbles maisons, il a voyagé à travers tout le monde connu. Au faîte de sa gloire, il a vécu la chute, le dénuement, la torture avant de retrouver la liberté et la fortune. Parmi tous les attachements de sa vie, le plus bouleversant fut celui qui le lia à Agnès Sorel, la Dame de Beauté, première favorite royale de l’Histoire de France, disparue à vingt-huit ans. Son nom est Jacques Cœur.

On ne présente plus Jean Christophe Rufin, prix Goncourt et membre de l’académie française, qui signe ici la biographie pleine de chair et de souffle de Jacques Coeur, argentier du roi mais surtout l’un des tout premier Self made man que l’Occident et le royaume de France eût connu. Nous sommes au milieu du XVème siècle et un monde s’effondre avec la fin de la Guerre de Cent ans qui opposa Français et Anglais, mais également la chute de Constantinople prise par les Turcs, l’argent, le numéraire prend le pas sur la fortune faite avant presque uniquement par le biais des terres exploitées, la bourgeoisie s’engageant alors dans un processus irréversible de désir d’accès aux plus hautes fonctions. Nous en sommes encore qu’aux prémices, mais le pas est franchi après Jacques Coeur. Le Moyen âge se dissipe dans les limbes du passé tandis que la renaissance s’annonce à grand pas. « Le grand coeur » nous plonge dans cette vie qui méritait en effet un roman tant elle est pleine de sommets et de chutes, de rebondissements, de drames.. Rufin nous le rend si proche de nous en choisissant la première personne du singulier, ce « Je » qui fait sens en nous immergeant avec délice dans les pérégrinations picaresques du héros. La cour, Charles VII, Agnès Sorel, première favorite du roi et jeune femme d’une beauté sidérante qui ne laissera pas insensible notre cher Jacques Coeur. Tout cela est sublimé par un style d’écriture jamais pesant mais bel et bien léger comme la plume de celui qui a voulu rendre ici un vibrant hommage au grand homme originaire de sa ville natale de Bourges où l’on peut notamment visiter le palais sublime du marchand et financier. A dévorer sans modération. Ma note:5/5.

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