b984c0224619a23f1be77dba174dcc34L’Histoire : « Mon Führer que j’adore avec ferveur ! C’est votre anniversaire et nous n’avons que deux vœux ardents : que tout, dans notre patrie, soit aujourd’hui et demain exactement comme vous voulez que cela soit, et que Dieu vous préserve pour nous à jamais ! Votre fidèle E. E.  » Telle cette Berlinoise en 1935, ils furent des milliers à témoigner leur adoration au Führer – jusqu’à Stalingrad. Hitler n’était-il pas un génie politique, doublé d’un homme simple et bon, photographié ici embrassant un enfant, là au côté d’un vieillard hospitalisé ? Un célibataire qui sacrifiait les bonheurs de la vie maritale à la grandeur du destin de l’Allemagne ? Un chef capable d’annexer l’Autriche sans verser une goutte de sang ? Un grand bâtisseur, enfin, qui avait su relever son pays de la misère… Ce culte de la personnalité fut l’élément clé de l’intégration politique au système nazi. Seule la puissance du mythe était à même de contenir les forces centrifuges du Parti : si ses dignitaires étaient parfois perçus comme des individus cupides et hypocrites, Hitler faisait figure d’incorruptible héros de la nation. Et quand le parti se livrait à des exactions, c’était sans l’assentiment de son Führer. Les enquêtes d’opinion secrètes effectuées par les autorités nazies confirment l’effrayant diagnostic posé par Hitler lui-même :  » la grande masse de la population allemande a besoin d’une idole ».

On ne présente plus l’historien Ian Kershaw qui est l’un des plus éminents spécialiste du IIIème Reich, dont la biographie exceptionnelle sur Adolf Hitler a fait date. « Le Mythe Hitler » s’attache à nous démontrer par quels mécanismes s’est construite l’image du Führer auprès du peuple allemand. La problématique et les différentes parties qui composent ce travail historique riche et passionnant, nous offrent une perspective nouvelle sur l’idée que les Allemands, qu’ils soient nazis forcenés ou simple mortel, se sont fait de leur guide durant ces douze années qui auront marquées l’histoire humaine à jamais. L’écriture est agréable, le fond et la forme se conjuguent pour faire sens et c’est avec effroi que nous plongeons dans ces temps où un homme, seul, entouré d’une cour de paladins fanatiques et liés par un serment sanguinaire, a pu constituer une image subjuguant les Allemands jusqu’aux premiers revers sur le front de l’Est au tournant de l’hiver 1941. La dissociation entre l’arrivisme, les crimes et les abus nombreux perpétrés par la clique des membres du parti nazi, avant et pendant la guerre, et ce mythe d’un Hitler à qui l’ont cachait la vérité, est assez édifiante. Jusqu’à Stalingrad, on pourra dire que les Allemands n’ont pas su ou du moins voulu ouvrir les yeux sur un régime dont les pulsions destructrices étaient au cœur même du système dont la pierre angulaire était Adolf Hitler. Le rejet de l’attentat du 20 Juillet 1944 contre Hitler par une large partie de la population allemande, démontre que le mythe du Führer était encore capable de soubresauts. Ce qui ressort de ce livre, c’est toute la complexité de l’engagement ou de la crédulité de ces hommes et de ces femmes qui ont été happés, pour de multiples raisons convergentes ou divergentes, par cette idée qu’ils se sont faite, ou plutôt, qu’on a bien voulu leur laisser entrapercevoir, de cette énigme que restera pour beaucoup d’Allemands de cette période, le véritable Adolf Hitler. Ma note:5/5.

l-operation-walkyrie-juillet-1944-ian-kershaw-9782081314948L’Histoire :Le 20 juillet 1944, une bombe éclate au quartier général de Hitler, la  » Tanière du loup « . L’instigateur de l’attentat, Claus von Stauffenberg, rentre à Berlin, pour mettre en oeuvre le coup d’État qu’il a préparé avec les autres conjurés ; mais la nouvelle que le Führer a survécu fait tout échouer. La  » chance du diable a encore frappé et la vengeance de Hitler sera terrible…  » L’opération Walkyrie  » a été un coup de tonnerre dans l’histoire du Ille Reich. Il faut se représenter le courage de ces hommes d’honneur, dont le dilemme était terrible : tuer Hitler, c’était décapiter l’Allemagne alors que le pays se trouvait dans une situation critique, menacé de perdre la guerre ; cela signifiait, en cas d’échec, l’accusation de haute trahison, l’ignominie. Adapté de la biographie que Ian Kershaw spécialiste mondial du nazisme, a consacrée à Hitler, ce livre propose le récit, quasiment heure par heure, de l’attentat et de ses suites. Il éclaire la personnalité des conjurés et détaille le châtiment qui s’est ensuivi à l’aide de documents très peu connus du grand public (rapports de la SS, récit des exécutions, dernières lettres des conjurés avant de mourir…).

Massivement rejeté par le peuple Allemand au moment où il eut lieu, l’attentat du 20 juillet82213314 1944 contre Adolf Hitler reste à ce jour, l’un des plus grands symbole d’une résistance intérieure allemande face au dictateur. Même si l’issue est tragiquement connue, il est intéressant de pouvoir embrasser l’étendu des échecs successifs pour tuer Hitler. Le moins que l’on puisse dire c’est que pour le plus grand malheur de ces contemporains, il eut la baraka, la « chance du diable » comme le sous titre de l’ouvrage de Ian Kershaw. Ce dernier explique avec minutie et forces détails les tenants et les aboutissants de ce complot malheureux qui prolongea la guerre de près de 9 mois, avec tout son lot de souffrances et de barbaries. Un témoignage qui à l’heure de fêter les 70 ans de cette tentative quasi suicidaire, nous démontre toute la complexité d’une telle opération dans un état terroriste mais également le courage et l’abnégation de ces hommes. A ce titre, le livre leur rend un vibrant hommage. Ma note:4,5/5.

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