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L’Histoire : Même s’ils se sont connus sur le tard, la passion qu’ont vécue Neil et Marina à la Merveille – Le Mont-Saint-Michel – efface les années perdues. Neil est certain d’avoir trouvé la femme de sa vie. Belle, pleine d’humour, originaire d’Ukraine, Marina est divorcée et mère d’une fillette de 10 ans, Tatiana. Désormais, le couple est installé dans l’Oklahoma. Leur relation s’est fragilisée : Marina se sent piégée. Dans cette petite communauté américaine, elle cherche conseil auprès d’un autre expatrié, un prêtre catholique nommé Quintana. L’homme a ses propres problèmes : il doute de sa vocation… Marina décide de retourner en France avec sa fille. Neil se console avec Jane, une ancienne amie à laquelle il s’attache de plus en plus. Lorsqu’il apprend que rien ne va plus pour Marina, il se retrouve écartelé entre les deux femmes de sa vie. Le père Quintana continue à lutter pour retrouver la foi. Face à deux formes d’amour bien différentes, les deux hommes sont confrontés aux mêmes questions.
Réalisateur adulé par le public cinéphile et la critique, auteur de chefs d’œuvre tels que « Les moissons du ciel », « La ligne rouge » ou bien encore la palme d’or 2011 à Cannes « The Tree of Life », chaque œuvre de Terrence Malick est un événement. Son dernier film avait déjà laissé sur le bord du chemin une partie du public plus trop habitué à une telle exigence, nous demandant une attention mais également un abandon de tous les instants et bien le moins que l’on puisse dire c’est que son dernier film « à la Merveille » ne pourra vous laisser indifférent. A l’heure où j’écris ces quelques lignes je dois bien avouer que je suis assez désemparé pour vous livrer mon sentiment sur cette œuvre. La critique n’a jamais paru aussi partagée sur une œuvre de Malick, les uns criant au génie tandis que d’autres, de plus en plus nombreux y voient là une œuvre d’une vacuité sans précédent ou presque, comme si le maître avait oublié que malgré tout son génie il y avait bel et bien un public dans la salle. Pour son dernier long métrage il prend le risque certain et assumé de voir le public de cinéma, même le plus cinéphile, se demander si l’on ne se moque pas là de lui. Malick a-t-il commis le crime de lèse majesté de l’auto caricature ? Si vous n’avez pas aimé « The Tree of life » passé votre chemin car ici tout ce que d’aucuns reprochaient déjà au réalisateur est non seulement confirmé par son auteur, mais il va encore plus loin dans l’expérimentation en ce sens. Les dialogues sont forts succincts et le peu qui y est dit prêteraient volontiers à sourire s’il n’était pas l’œuvre du maître. Car le film pousse jusqu’à l’extrême le caractère épuré et volontiers éthéré de l’objet filmique Malickien. Une œuvre désincarnée et parfaitement expérimentale tant la forme prend une nouvelle fois le pas sur le fond ou comment la beauté sidérante de certains plans masquent le vide assez abyssal du propos. Ben Affleck erre telle une âme en peine, quasi muet durant tout le film, tandis qu’Olga Kurylenko semble elle prête à s’envoler tant les plans la montrant cheveux aux vents et dansant sur la pointe des pieds sont nombreux. Le film dure tout de même deux heures et il faut bien toute la magie de la photographie et des décors pour rendre ce « à la Merveille » digne de son titre. Mais j’ai regretté pour ma part que seules les séquences avec Javier Bardem, jouant un prêtre catholique en proie au doute quant au manque de Dieu, apporte réellement de la chair, de la consistance à ce questionnement métaphysique sur l’amour. Malick nous dépeint une vision très désespérée de l’acte d’aimer. Ne sachant au fond si l’amour est une bonne ou une mauvaise chose, le réalisateur nous montre des personnages animés de la seule volonté d’aimer désespérément. Aimer malgré tout, envers et contre tous. A ce titre, la dernière demi heure du long métrage est proprement sublime. Au fond, le mérite de ce film est de nous amener à réfléchir sur ce thème éternel. Il n’est bien sûr pas exempt de défauts mais tellement hors cadre, unique dans l’expérience cinématographique qu’il nous offre. S’il n’est pas le meilleur Malick, loin s’en faut, « à la Merveille » n’en demeure pas moins une œuvre envoûtante, poétique et suffisamment rare dans son parti pris esthétique pour que l’on puisse s’y attarder. Ma note :4/5.