Mon avis :

Note : 4.5 sur 5.

Choix cornélien que celui de d’offrir un avis constructif sur cette série « Marie-Antoinette, premier pas à la cour » sortie sur Canal+. Il faut tout d’abord partir d’un postulat et l’accepter pour entrer pleinement dans cette série : la réalisatrice est anglaise et son scénario n’a rien d’un biopic et encore moins de crédibilité sur le plan historique. Voir le futur Louis XVI écrire ses courriers, lettres, journaux intimes en anglais n’a pas manqué de me surprendre. Marie-Antoinette est défini selon les critères d’aujourd’hui, elle est transgressive, maladroite à ses débuts, elle subit en tant que dauphine plus qu’elle n’agit, l’étiquette, de la cour de France à Versailles, lui pèse. C’est une toute jeune fille, elle a 14 ans et très certainement le devoir de servir la couronne de France et dans un même élan de ne pas oublier sa patrie natale et une mère, Marie-Thérèse d’Autriche, qui attend d’elle un héritier mâle pour devenir la future reine de France, lui a pesé. Le climat à Versailles est délétère, les ambitions des uns et des autres, quoique dans un environnement feutré, ne manque pas de déstabiliser la jeune fille. Il y a très certainement, une certaine part de vérité. Arriver à 14 ans en France, à la cour de Versailles en présence de Louis XV et de son époux le futur Louis XVI, n’a pas du être une sinécure. Il ne faut néanmoins pas oublier que les filles de Marie-Thérèse d’Autriche, ont été élevées dans un but précis : sceller des alliances et offrir des enfants, surtout des enfants mâles à leurs époux pour renforcer la position de l’empire autrichien. La géopolitique, la stratégie, les traités d’alliance, la politique en somme, est au cœur de ces mariages scellés non par amour mais par intérêt. Néanmoins, il y eût des mariages heureux et des couples réellement épris l’un de l’autre. Louis XVI est un jeune homme solidement bâti, très grand, près d’1,90 mètres. Marie-Antoinette va apporter un un souffle nouveau à la cour, surtout lorsque sa position sera renforcée avec la naissance des héritiers de la couronne de France qu’elle mettra au monde. C’était une femme très coquette, aimant mener une vie privée au petit Trianon, une mère aimante, tendre. Ce fût très certainement, le premier couple royal en France à avoir une forme de vie privée. Louis n’eût jamais de favorite. Là encore c’est une exception. Il aima profondément Marie-Antoinette. Maladroit jeune homme, la série insiste un peu lourdement sur cet aspect, il n’en était pas moins un homme très curieux de sciences, de géographie et de tout ce qui fera de lui un roi honnête et bon. Le couple eût des difficultés au tout départ, Louis était jeune, Marie-Antoinette tout juste sortie de l’enfance. Ils n’eurent pas de rapport sexuels durant de long mois. Cela peut se comprendre. Louis était honnête et il ne voulait surtout pas mener la vie, quelque peu dépravé, de Louis XV. En 1774, le roi Louis XV, son grand père, meurt et la couronne échut à Louis XVI à seulement 19 ans. C’était le plus jeune couple régnant en Europe. Les périls étaient nombreux, Louis XV avait laissé en héritage un royaume de France croulant sous les dettes. Sa vie dissolue ne plût ni à la cour de France, ni parmi le peuple. Dès les premières années de présence de Marie-Antoinette à la cour, celle-ci est victime de caricatures graveleuses et profondément blessantes. « La putain autrichienne » était souvent présent sur ces libelles ordurier. La série en parle d’ailleurs. Les décors sont flamboyants, les costumes, le travail de restitution de l’atmosphère à la cour, certains enjeux, pas tous sinon il faudrait créer plusieurs saisons. Je ne sais si cette série Canal+ aura une suite, mais elle a de solides atouts. Outre les décors sublimes, les acteurs sont tous excellents. Dans le rôle de Marie-Antoinette, l’actrice allemande Emilia Schüle, est impressionnante et incarne parfaitement les tourments de cette jeune fille qui plus tard deviendra la reine de France. Le jeune Louis, futur Louis XVI, est lui aussi très bien joué. C’est le jeune acteur français Louis Cunningham qui l’interprète. Le portrait de Louis dessiné par la réalisatrice anglaise manque de justesse sur le plan historique, mais cela ne nuie pas à la série. Au final, nous obtenons un divertissement et une interprétation, une relecture très actuelles de la jeune Marie-Antoinette. Le comte Axel de Fersen est bien présent et l’attirance entre Marie-Antoinette et cet homme multipliant les conquêtes, est évoqué. Il y a eût des courriers extrêmement secret utilisant une certaine encre rendant impossible la lecture de premier abord, échanger entre eux. Dernièrement, des historiens ont retrouvés des courriers et mis à jour des secrets longtemps enfouis. On ne peut pas trancher sur d’éventuels rapports sexuels entre les deux êtres irrémédiablement attirés l’un par l’autre. Cela reste ambiguë car la reine de France aimait Louis XVI. La relation Fersen Marie-Antoinette fût peut-être « seulement » une amitié amoureuse, une passion se traduisant par de l’affection l’un pour l’autre. Les avis des historiens divergent et nous n’avons pas de certitudes absolues. La série prend un certain parti. Je ne vous le révèle pas, pour ne pas dévoiler tous les enjeux de la série Canal+. Au final, malgré ces maladresses et ces écarts, ces anachronismes, on obtient une série séduisante aux décors majestueux, le tout avec des interprètes excellents. J’espère une saison 2. N’hésitez pas, si la curiosité vous en dit, à vous plonger dans la série « Marie-Antoinette, premier pas à la cour » sur Canal+.