Je voudrais remercier très chaleureusement les éditions du Seuil ainsi que Babelio pour ce service presse et leur confiance.

Mon avis : Si vous aimez les grandes fresques romanesques alors ce roman fera votre bonheur !

Note : 4 sur 5.

Namwali Serpell, autrice américano-zambienne, évoque les destinées de trois familles sur quatre générations dans son premier roman « Mustiks (Une odyssée en Zambie). » C’est sous le prisme d’une histoire constituée de portraits de femmes profondément originaux, provenant de toutes les composantes sociales et ethniques de ce pays africain : la Zambie, que se profile ce roman. Des femmes avec leur part de mystère, la fascination qu’elles exercent sur les hommes dans une société très patriarcale et particulièrement injuste. On le sait, depuis un siècle; que ce soit sous la tutelle anglaise à partir de 1923 sous le nom du protectorat de Rhodésie du Nord dirigée par le « Colonial office britannique ») ou après l’indépendance de la Zambie, un long processus qui aboutira en octobre 1964; la place des femmes est d’être au foyer. La plupart des analphabètes du Zambie sont des femmes. Ce qui a attiré les Anglais puis les Américains, les Indiens et les Chinois, ceux sont bien évidemment les ressources minières abondantes de ce pays, qui est pourtant l’un des plus pauvres de la planète. Les inégalités de sexe, de strates sociales, de ségrégations raciales entre hommes blanc et hommes noirs, ces derniers étant considérés comme des sous-citoyens. Les terres riches en minerais sont aux mains des riches propriétaires britanniques. Le fantastique ou bien plutôt une portion de mythologie et d’étrangeté sont bien présentes dans ce roman. Le premier personnages décrit est une jeune femme à la pilosité extraordinaire, puis une femme blanche talentueuse en Tennis mais qui doit abandonner son rêve car elle est atteinte de cécité. Il y a d’autres exemples. Ce qui ressort de ce roman, c’est la place des femmes, objet sexuel attisant la lubricité d’hommes qui apprenant que ces dernières sont enceintes, les abandonnent sans ménagement. Elles doivent se battre pour apprendre, aller à l’école quitte à s’habiller en garçon. Le livre foisonne de moments hors le temps et poétiques. L’écriture est aussi élégante qu’allant directement au but dans certaines situations. Blanche ou Noir, les femmes du roman veulent s’emparer de leurs destinées et ne plus être seulement destinées à mettre au monde des enfants. Chaque histoire est un peu un conte qui nous permets de bien saisir la réalité sociale, économique et politique de la Zambie. A la fois naturaliste, sociologique et historique, les différents récits composant « Mustiks » sont pourtant très accessibles. On apprend et surtout on prend plaisir à découvrir ce pays et le destin de ces différents personnages. Tantôt drôle, sarcastique, émouvant, tous les sentiments s’entremêlement et foisonnent chez Namwali Serpell. C’est profondément romanesque, amour, trahison, relations sociales, sexualité mais aussi malheureusement l’irruption du terrible fléau du VIH en Zambie. Une immersion follement romanesque et un roman « Mustiks », de Namwali Serpell, qui, je le pense, vous fera passer un beau moment de lecture emporté par les tumultes de l’histoire du Zambie.

EDINBURGH, SCOTLAND – AUGUST 14: Zambian writer Namwali Serpell attends a photo call during Edinburgh International Book Festival 2019 on August 14, 2019 in Edinburgh, Scotland. (Photo by Simone Padovani/Awakening/Getty Images)