Après quatre semaines d’absence sur WordPress, Twitter et Babelio, je peux vous dire de façon certaine que je suis de retour sur la blogosphère. J’ai eu des soucis de santé qui m’ont contraint de mettre en parenthèse le blog. Nulle inquiétude, tout cela appartient à présent au passé. Je vais répondre à vos messages et visiter vos blogs comme avant. Frédéric 😊😉

L’Histoire : « Année après année, Mathilde revint à la charge. Chaque été, quand soufflait le chergui et que la chaleur, écrasante, lui portait sur les nerfs, elle lançait cette idée de piscine qui révulsait son époux. Ils ne faisaient aucun mal, ils avaient bien le droit de profiter de la vie, eux qui avaient sacrifié leurs plus belles années à la guerre puis à l’exploitation de cette ferme. Elle voulait cette piscine, elle la voulait en compensation de ses sacrifices, de sa solitude, de sa jeunesse perdue ». 1968 : à force de ténacité, Amine a fait de son domaine aride une entreprise florissante. Il appartient désormais à une nouvelle bourgeoisie qui prospère, fait la fête et croit en des lendemains heureux. Mais le Maroc indépendant peine à fonder son identité nouvelle, déchiré entre les archaïsmes et les tentations illusoires de la modernité occidentale, entre l’obsession de l’image et les plaies de la honte. C’est dans cette période trouble, entre hédonisme et répression, qu’une nouvelle génération va devoir faire des choix. Regardez-nous danser poursuit et enrichit une fresque familiale vibrante d’émotions, incarnée dans des figures inoubliables.

Mon Avis : Le second tome tout aussi addictif de la trilogie « Le pays des autres »

Note : 5 sur 5.

Leila Slimani poursuit sa saga familiale centrée sur une famille mixte au Maroc, les Belhadj, avec « Regardez-nous danser« , le second tome tout aussi réussi du « pays des autres. » Si vous avez apprécié le premier tome, à coup sûr, vous serez envoûté par sa suite écrite, avec le talent désormais coutumier de Leila Slimani. Dans sa façon de manier les mots, de décortiquer, avec une analyse d’une rare finesse, la psychologie des personnages, l’écroulement d’un monde qui en son sein porte les fruits d’un futur qui déchante pour le Maroc, Leila Slimani n’a pas son pareil. Je pense qu’elle se rapproche d’une certaine Marguerite Duras. La situation d’Amine et de Mathilde a considérablement évolué après des années de labeurs et de sacrifices, l’exploitation devient enfin rentable et même mieux, puisque Amine accède à la nouvelle bourgeoisie. Cette réussite de façade, masque en réalité les affrontements qui secouent le couple, leurs divergences. Amine est coupable d’adultères tandis que Mathilde s’enferme de plus en plus dans un monde de chimères. Mais il reste leurs enfants qui sont leur fierté, surtout Aïcha qui est l’enfant préférée de son père et qui mène de brillantes études de médecine en France. Pour faire plaisir à Mathilde mais surtout pour rendre fière et heureuse Aïcha, Amine décide de construire une piscine dans la propriété. Leur fils ne connaît pas la même réussite dans les études tandis qu’il devient un jeune homme et non plus un enfant. De désirs en dérives, le tout dans un Maroc en pleine ébullition entre modèle patriarcal, autoritarisme du pouvoir du roi, traditions ancestrales, archaïsmes et de l’autre, les mouvements hippies, des années 1960-1970, les tentations de vivre selon les codes de l’Occident, les deux modèles se confrontent et le Maroc se déchire. Librement inspiré de sa propre famille, on retrouve dans l’écriture de Leila Slimani, la même justesse dans sa capacité à embrasser une époque tout entière dans sa complexité. Elle ne sombre jamais dans la caricature et nous laisse libre, nous lecteurs, d’interpréter les péripéties du récit. On ne s’ennuie jamais et on s’attache une nouvelle fois aux personnages du roman. Une belle réussite et je n’ai plus qu’une hâte, découvrir le troisième tome de cette fresque familiale.