L’Histoire : Par le lauréat du prestigieux prix Akutagawa, un roman impressionnant dans la lignée de Battle Royale. Entre lyrisme et violence, une œuvre glaçante et hypnotique sur la psyché adolescente, dans un Japon inattendu, loin des clichés. Au début, Ayumu a cru à des jeux innocents. Des moqueries, des mises au défi, des vols de babioles dans les magasins. D’autant que, pour lui, l’étranger venu de la grande ville, c’était un bon moyen de s’intégrer parmi ses nouveaux camarades dans ce petit lycée de province. Et puis Ayumu a commencé à remarquer. Les humiliations, les punitions, les coups, tous dirigés vers le doux Minoru. Alors Ayumu s’est interrogé : que faire ? Intervenir ? Fermer les yeux ? Risquer de se mettre les autres à dos ? Ne rien faire ? Et l’Okuribi est arrivé, la fête des Morts. Et tout a basculé…

Je remercie chaleureusement les Éditions Belfond ainsi que Babelio pour cette lecture et leur confiance !

Ma note :

Note : 4.5 sur 5.

« Okuribi Renvoyer les morts » est le tout premier roman de l’auteur japonais Hiroki Takahashi à paraître en France aux Éditions Belfond. Au Japon, Takahashi a été récompensé du très prestigieux prix Akutawaga pour ce roman. Je me dois avant toute chose de saluer une nouvelle fois le design de la collection Belfond et le graphisme de l’illustration de la couverture absolument sublime signée Cerise Heurteur. La traduction du japonais est l’œuvre de Miyako Slocombe. La couverture s’inspire du « Tôrô nagashi », cérémonie au cours de l’Okuribi, la fête des morts au Japon, où l’on met à l’eau des lanternes en papier en l’honneur des morts. L’histoire de « Okuribi Renvoyer les morts » est celle d’Ayumu, un adolescent japonais dont la famille a dû partir à Hirakawa suite à la mutation liée au travail de son père. Ayumu a déjà changé trois fois de collège. C’est un élève qui arrive à se lier aux autres malgré une certaine timidité. Muroya, le professeur principal, présente Ayumu aux douze garçons et filles représentant l’ensemble des élèves de troisième inscrits dans ce collège. Il y rencontre notamment Akira qui lui fait visiter l’établissement. Mais Akira a un passé trouble lui qui en seconde année a frappé avec une plaque grillagée un garçon du nom de Minoru. L’affaire fût classé très vite pour éviter de ternir la réputation du collège. Ayumu se lie à Akira et à sa bande. Ces derniers décidèrent de commettre le vol à l’étalage d’un couteau. Le sort joué aux cartes hanafuda désigna Ayumu comme gardien du précieux couteau. Il devînt également vice-délégué de sa classe, et Akira fût délégué. Mais Akira est un adolescent impulsif et cruel, toujours prêt à jouer un mauvais tour à Minoru qui lui, est timide et effacé. Très vite l’ambiance du roman se fait mystérieuse, presque fantastique avec ce climat proche du malaise. Qui est donc cet Akira ? Que recherche t’il ? Les jeux se succèdent au fils des semaines et prennent une tournure de plus en plus malsaine. Akira fait subir des brimades cruelles au pauvre Minoru. Une menace plane. L’atmosphère mystérieuse se confirme au fil des pages comme autant de signes que l’on doit interpréter. Quels sont ces jeux étranges auxquels se livrent ces jeunes ? La violence et les actions humiliantes font partie d’une sorte d’initiation, de rite de passage. Face au déchaînement de violence que subit Minoru, quelle attitude va adopter Ayumu ? On reste sans voix, bouleversé et terrifié par ce roman incantatoire qui nous plonge dans la psyché de ces adolescents, mais également dans les traditions de violence infligées de génération en génération. A l’heure de l’Okuribi, la fête des morts au Japon, tout s’enchaîne et bascule. C’est un subtil mélange de noirceur, de violence, nimbé de fantastique. Les descriptions de la nature environnante, de cette toute petite ville du Japon, sont tout aussi importante et nous plongent dans un roman fort bien écrit à l’atmosphère singulière. Hiroki Takahashi nous délivre un roman saisissant, captivant qui nous hante longtemps après l’avoir refermé.

Broché : 128 pages
Éditeur : Belfond (1 octobre 2020)