diwali festival2020 (1)

Bonjour !

Nouveau changement. C’est le thème du blog qui est cette fois au cœur de ces envies de nouveautés presque printanières… J’espère qu’il vous plaira autant qu’à moi. Un grand soleil aujourd’hui en Bretagne ! Merci et Bises bretonnes à toutes et à tous 😉🎉🌞


9782330109196L’Histoire :
Un jeune homme pur et courageux, mort au combat pour une cause mauvaise (la lutte du franquisme contre la République espagnole), peut-il devenir, quoique s’en défende l’auteur, le héros du livre qu’il doit écrire ? Manuel Mena a dix-neuf ans quand il est mortellement atteint, en 1938, en pleine bataille, sur les rives de l’Ebre. Le vaillant sous-lieutenant, par son sacrifice, fera désormais figure de martyr au sein de la famille maternelle de Cercas et dans le village d’Estrémadure où il a grandi. La mémoire familiale honore et transmet son souvenir alors que surviennent des temps plus démocratiques, où la gloire et la honte changent de camp. Demeure cette parenté profondément encombrante, dans la conscience de l’écrivain : ce tout jeune aïeul phalangiste dont la fin est digne de celle d’Achille, chantée par Homère – mais Achille dans l’Odyssée se lamentera de n’être plus que le « monarque des ombres » et enviera Ulysse d’avoir sagement regagné ses pénates. Que fut vraiment la vie de Manuel Mena, quelles furent ses convictions, ses illusions, comment en rendre compte, retrouver des témoins, interroger ce destin et cette époque en toute probité, les raconter sans franchir la frontière qui sépare la vérité de la fiction ?

Avec « Le monarque des ombres« , Javier Cercas poursuit sa longue réflexion sur la Guerre d’Espagne entamée il y a plusieurs années déjà. Une guerre civile qui, aujourd’hui encore, est un véritable traumatisme dans la péninsule ibérique. Cercas nous conte ici, l’histoire d’une histoire, la plus intime, la plus difficile qu’il nous ait sans doute offert : le récit de la vie de Manuel Mena, un oncle de la mère de Javier Cercas qui combattit dans les rang des troupes de Franco et mourût a dix-neuf ans, en 1938, pendant la sinistre bataille des rives de l’Ebre. On suit la réflexion, la lente maturation d’un livre qu’il se refusait à écrire. La honte de Cercas, lui l’homme de gauche qui doit assumer le passé franquiste d’une partie de sa famille. De Manuel Mena, il ne subsiste qu’une photo.. tout le reste ayant été brûlé. C’est à la lente déconstruction d’une figure familiale à laquelle nous assistons. Le Manuel Mena du début du livre n’est pas celui que l’on découvre peu à peu grâce au travail, comparable à celui d’un historien, mené par Cercas, qui avec recul et rigueur reconstitue le parcours de celui qui s’est sacrifié pour rien.. L’évolution de l’image fantomatique de ce jeune homme qui a été trompé et qui s’est retrouvé à combattre ceux qui auraient dû être ses frères, est saisissante. La vie, l’histoire, hélas s’est joué de lui. Javier Cercas nous émeut en nous éclairant sur les secrets enfouis de sa famille originaire d’un village pauvre d’Estremadure : Ibahernando. En parlant de son ancêtre, il nous fait voyager dans son inconscient, dans ce qui aurait pu être tu. J’ai trouvé son approche de l’histoire, sa réflexion sur le passé et ces mystères, les sombres voies de la destinée d’un être, absolument passionnante. L’humilité de Cercas, qui sait pertinemment et reconnait qu’il ne pourra jamais atteindre les ultimes bastions de la vérité sur Manuel Mena, près de 80 ans après la fin de la guerre d’Espagne, m’a touché. Ses doutes, ses peurs, ses tourments, le lointain échos du fracas des combats, ce livre sur Manuel Mena c’est aussi celui d’une blessure intime dans la psyché de Javier Cercas. Mais ce dernier à la lucidité de ne pas juger.. car oui Manuel Mena, n’était qu’un jeune adolescent de dix-neuf ans, mort pour rien. Il n’était pas un fanatique mais bien un fantôme du pays des ombres mort psychiquement du fait des horreurs de la guerre, sans doute bien avant sa mort physique. Récit sur la survivance des souvenirs, sur l’effacement implacable du temps qui corrompt et détruit tout sur son passage, « Le monarque des ombres », servi par un style sublime, est assurément un très grand livre. Une leçon magistrale d’une histoire dans l’histoire.

Ma note: 5/5.

Broché: 320 pages
Éditeur : Actes Sud (29 août 2018)
Collection : Lettres hispaniques

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