« Rome » est un projet un peu fou réunissant à la base le producteur Danger Mouse et le compositeur Daniele Luppi. Ces derniers ont souhaité retrouver le temps d’un disque l’univers des BO d’Ennio Morricone et des grands westerns spaghetti. Cinq années d’une lente maturation auront été nécessaire. Pour cela ils ont décidé d’enregistrer leurs morceaux selon une méthode analogique tout droit sorti des sixties et des seventies. L’autre très belle idée, c’est celle de réunir pour les voix Jack White des feu-White Stripes et l’envoûtante Norah Jones au timbre reconnaissable entre tous. Pour ce qui est de l’atmosphère l’on peut dire que le rendu est vraiment chouette. 35 petites minutes pour 15 titres alternant morceaux avec ou sans voix. Paradoxalement, ce qui constitue sa force, à savoir sa production, peut-être perçu également comme étant le petit bémol que je mettrais à ce disque. Le côté très classieux de l’ensemble peut lui faire perdre ce supplément d’âme qui aurait permis d’emmener ce LP dans une autre stratosphère. Mais, ceci étant dit, l’on ne peut que reconnaître la qualité des morceaux composant « Rome » qui sera à coup sûr un des disques majeurs de cette année.

Ma note :4/5.

Le mois de mai 2011 voit Miles Kane publier son premier album solo. Ce dernier c’est fait connaître grâce au duo « The Last shadow Puppets » formé avec Alex Turner des Artic Monkeys. Ici, nous nageons en plein hommage au sixties avec 12 titres ne dépassant pas les 3 minutes pour la plupart d’entre eux. L’on comprend à l’écoute de ce LP pour quelles raisons les frères Gallagher, autre fondu des 60’s, l’ont adoubé. Miles Kane joue fort et simple, quelques riffs de guitare bien senti par là, une batterie, une basse et cette voix qui sans être transcendante s’écoute néanmoins avec plaisir. « Come closer » et « Rearrange » qui ouvre ce disque sonnent d’ors et déjà comme de petits classiques instantanés. Ne cherchez pas de révolution ici, Miles Kane fait du rock dans la plus pure tradition british. Si le disque a tendance à faiblir sur ces derniers titres avec une certaine redondance dans les arrangements, il n’en demeure pas moins que sans être génial ce premier effort a le mérite de placer Miles Kane parmi les valeurs sûres de la pop britannique dans ce quel a de plus noble.

Ma note :3/5.

L’histoire : Ils lui avaient dit qu’il souffrait d’une schizophrénie paranoïde aiguë. Mais Vigo Ravel le sait les voix qu’il entend dans sa tête ne sont pas des hallucinations. Ce sont les pensées des gens. Les vôtres.

Ecrit par Henri Loevenbruck, « Le syndrome Copernic » est avant tout un thriller sans temps mort, une fuite en avant à la recherche de la vérité sur fond de complot cyber-psychique. Mené de main de maître, l’histoire se révèle passionnante. Nulle envie de dévoiler ici les dessous d’une intrigue riche en rebondissements. Le tout ferait un excellent film. Avec ce livre Loevenbruck s’inscrit comme l’un des meilleurs auteurs français de thriller.

Ma note :5/5.

L’histoire : A Prague, en 1942, deux hommes doivent en tuer un troisième. C’est l’opération « Anthropoïde » : deux parachutistes tchécoslovaques envoyés par Londres sont chargés d’assassiner Reinhard Heydrich, chef de la Gestapo, chef des services secrets nazis, planificateur de la solution finale, « le bourreau », « la bête blonde », « l’homme le plus dangereux du IIIe Reich ». Heydrich était le chef d’Eichmann et le bras droit d’Himmler, mais chez les SS, on disait : « HHhH ». Himmlers Hirn heiβt Heydrich – le cerveau d’Himmler s’appelle Heydrich.

Prix Goncourt du premier roman en 2010, l’ouvrage de Laurent Binet est un objet littéraire curieux. En effet, l’auteur ne nous épargne aucun détail de sa pensée quant à la conception même de la trame littéraire de son roman. Il ouvre ainsi une réflexion sur la façon d’appréhender le roman historique, où se termine l’histoire, où commence le roman ? S’en suit une improbable façon d’allier savoir historique et fiction et ce pour notre plus grand plaisir. Il nous relate en effet l’un des attentats les plus spectaculaires menés contre un haut dignitaire du régime nazi. Il nous dépeint ainsi les destins tragiques des deux parachutistes qui ont mené l’assaut le 27 Mai 1942 contre « la bête blonde » surnom donné à Heydrich, incarnation du mal absolue. L’ouvrage se donne à lire comme une enquête sur l’opération « Anthropoïde », sur les tenants et les aboutissements de ce récit tragique d’un des plus hauts faits de résistance face à l’occupant nazi en Europe pendant la seconde guerre mondiale. La suite, tout le monde la connaît, l’épouvantable barbarie déchaînée contre le petit village de Lidice en Juin 1942, deux ans avant l’ignoble tragédie d’Oradour sur Glane. L’ensemble est passionnant à lire car l’on y apprend une foule de détails sur cet évènement historique. La réflexion sur la mince mais néanmoins infranchissable frontière séparant la fiction romanesque de la science historique est des plus riches. Laurent Binet signe là, un ouvrage marquant à plus d’un titre. Une réussite totale.

Ma note :5/5.

Réflexions

Il m’arrive bien souvent de songer à la profonde solitude du Christ au moment de sa crucifixion. Le poids des pêchés du monde, c’est SEUL qu’Il a dû le supporter. Le « seul » étant compris comme Trinité divine selon les trois hypostases consubstantielles du Père, du Fils et du Saint-Esprit. J’y vois là une allégorie parfaite de la vie et plus particulièrement encore de la maladie qui peut nous frapper à tout moment. Établi socialement et en bonne santé vous pouvez vous enorgueillir de compter nombre d’ami(e)s, les gens vous sourient, vous visitent… Ils promettent monts et merveilles à celui ou celle pour qui ils ont juré fidélité absolu. Je n’ai pour ma part jamais été dupe de tout ce manège. Parce que peuvent survenir la maladie, le chômage, l’impossible amour trop souvent déçu.. La suite, vous la connaissez peut-être encore que je ne vous le souhaite pas.. le Christ l’a vécu, Lui, et certains d’entre nous, pauvres d’eux mêmes la vive chaque jour : ce chemin de croix, cette lente et inexorable passion de celui qui se sait malade et doublement condamné par le regard de l’autre (ou bien plutôt par cette absence de regard). On vous crache au visage, on fait de vous un paria, un exclu, celui que l’on regarde de loin par peur de contagion sans doute. On vous tourne le dos, les coup de fil s’espacent, les visites se font de plus en plus rares jusqu’à devenir purement chimériques. L’on vous tue peu à peu à coup d’indifférence. L’indifférence est criminelle. On a tué par haine, on a tué par amour mais jamais l’on ne parle de ceux tombés au champ d’honneur, fauchés par l’indifférence meurtrière.. Face à la souffrance, face à la maladie anthropophage ne reste alors qu’une poignée de fidèles, les « Justes », ceux qui vous aiment malgré tout, envers et contre tout et tous devrais-je dire. Je profite de cette occasion qui m’est allouée pour embrasser fort : mes parents, mon frère Yoann, Sophie, ma grand-mère, vous qui formez les cinq doigts de ma main. J’embrasse également ceux qui sont toujours là, malgré tout, ils se reconnaîtront.
Frédéric.