Mon avis : Le grand film que l’on attendait tous sur les tristes évènements des attentats islamistes de novembre 2015 à Paris.

Note : 5 sur 5.

Cédric Jimenez ne choisit pas des sujets faciles qui peuplent habituellement le paysage cinématographique français. Après « Bac Nord », un long métrage qui avait fait polémique, parce ce que soit disant « pro flic » pour reprendre la terminologie des journalistes des Inrocks ou de Libé. Je pense bien évidemment tout le contraire, « Bac Nord » était un film courageux au discours plus subtil qu’il n’en à l’air. Mais là, avec « Novembre » Cédric Jimenez franchit un énorme palier en terme de narration, de choix payant comme celui de ne jamais filmer les attentats. On assiste à un film d’une grande sobriété, démontant un à un les éléments de la matrice judiciaire antiterroriste. Pas une seule scène avec du sang, on assiste nullement au massacre en lui-même mais à l’enquête qui s’en suivi pendant cinq longues journées. La France retenait son souffle. Tous les services de luttes antiterroristes, les forces de police, la Dgsi, étaient mobilisés pour retrouver Abdelhamid Abaaoud, le cerveau présumé des attentats revendiqués par l’Etat islamique. Cédric Jimenez ne transforme pas « Novembre » en film d’action et il a eu entièrement raison de le faire. Le fait de sous entendre, de ne jamais montrer que le strict minimum de la fuite des terroristes renforcent l’immersion. On songe à Kathryn Bigelow et son « Zero dark thirty » sur la recherche et la neutralisation de Ben Laden. Cédric Jimenez est dans cette lignée. Le mot d’ordre ici est vraiment : sobriété. Une course contre la montre s’engage puisque l’on sait que Abaaoud souhaite réitérer d’autres attaques terroristes. On a beau connaître l’issue de cette chasse à l’homme pour neutraliser l’homme le plus recherché de France à cette date, on est prit par la tension et le rythme de « Novembre ». Les acteurs sont tous exceptionnels, de Jean Dujardin à Sandrine Kiberlain en passant par Jérémie Rénier et Anaïs Demoustier ainsi que Lyna Khoudri. On mesure la peur, le courage de ces hommes qui ont traqué, jour et nuit, Abaaoud. Le 18 novembre 2015, Hasna Aït Boulahcen, cousine d’Abaaoud, présent lui aussi ainsi qu’un autre terroriste sont repérer dans une planque à Saint Denis. L’enquête pour les retrouver est faite de réflexion, d’action et d’une certaine chance, le petit élément qui fait basculer une enquête. Impressionnant de maîtrise, de retenue, de pudeur, Cédric Jimenez signe ici un film remarquable, sans doute son meilleur à ce jour. « Novembre » a dépassé les deux millions d’entrée et c’est franchement mérité. Le succès est public et critique. Difficile de trouver un défaut ici. Du grand cinéma, beaucoup d’émotions, une poursuite implacable, « Novembre » est encore à l’affiche et c’est à ne pas manquer croyez moi.