L’Histoire : À travers ces trois personnages complexes et attachants, Boyd nous entraîne dans les coulisses où se trame le scénario imprévisible de nos vies secrètes, et nous livre un roman d’une allégresse contagieuse, dont la légèreté apparente n’est que la politesse de la tragédie.

Ma Note :

Note : 3.5 sur 5.

Je remercie chaleureusement Babelio et les éditions du Seuil pour cette lecture et leur confiance !

Nul besoin de présenter l’Anglais William Boyd, auteur de seize romans, de recueils de nouvelles, de pièces de théâtre mais aussi scénariste et réalisateur. Autant de rôles où il n’a pas son pareil pour nous divertir. Avec « Trio » son tout nouveau roman paru aux éditions du Seuil, il nous convoque à Brighton, une station balnéaire où se déroule, à l’été 1968, le tournage d’un film qui fait fi de l’état tumultueux du monde à ce moment là. Comme son titre l’indique, nous retrouvons trois personnages principaux, mais également trois parties dans cette histoire rocambolesque où il faut accepter de se laisser porter par le récit un brin tiré par les cheveux, mais totalement loufoque concocté par William Boyd. de l’humour, des situations cocasses, un parfum de nostalgie, la description d’un monde du cinéma et de ses tourments à une époque charnière de son histoire, tout cela dans un même roman et je dois dire que c’est plutôt réussi. C’est un roman sur les faux semblants, les mensonges, les doubles vies, les travestissements et les rôles que nous empruntons dans la vie professionnelle comme dans celle de l’intimité. La métaphore de l’acteur, de l’écrivain qui joue un rôle où invente une autre réalité qui sied mieux à son créateur que les affres de la vie au quotidien. C’est un roman léger, printanier, écrit avec finesse, sans aucune autre prétention que celle de nous divertir. On sent que Boyd a pris beaucoup de plaisir à l’écrire et à nous faire partager son univers fantasque. A ce titre, la traduction d’Isabelle Perrin est savoureuse, pleine d’esprit et elle restitue parfaitement cet humour décalé, ces personnages fissurés derrière leur apparente réussite. On retrouve donc dans cette histoire, ce trio, Talbot Kydd, le producteur qui doit affronter les tempêtes d’un tournage qui vire au fiasco : l’actrice principale fait faux bond, le casting est un immense gâchis avec certaines actrices comme cette extravagante Sylvia Slaye, aux mensurations plus vraiment en rapport avec son statut d’ex starlette, un scénario qui n’a de cesse d’être réécris, bref vous l’aurez compris pour ce pauvre Talbot ce n’est pas la joie. Nous retrouvons également avec plaisir Elfrida Wing, l’épouse du metteur en scène qui la trompe ouvertement tandis qu’elle cherche, se noyant dans l’alcool (la vodka, le gin tonic) depuis dix ans, l’inspiration pour son nouveau roman qui doit faire d’elle l’égale de Virginia Woolf, à qui tout le monde la compare. Tout du moins à ces débuts.. Elle cherche l’inspiration dans les derniers jours tragiques de la vie de la romancière si talentueuse et pourtant maudite qui se suicida en 1941. Enfin, Anny Viklund, une actrice américaine d’origine suédoise sublime mais qui a une vie amoureuse des plus compliquées. Elle sort avec Jacques un philosophe français, mais aussi Troy, l’acteur principal et amant passionné et son ex-mari. Ce dernier est poursuivi par la CIA après avoir commis trois attentats sur le sol américain qui eurent pour effet de rendre un pauvre soldat cul de jatte.. Vous l’avez compris, William Boyd ne se prend pas au sérieux et nous divertis durant un peu plus de quatre cents pages. Mission réussie, que demander de plus à un romancier.

Éditeur : Le Seuil (6 mai 2021)

Broché : 432 pages