J’ai profité de cet été pour me plonger dans des classiques auxquels je n’avais pas encore été confronté, ou bien lu il y a très longtemps, je pense notamment au « Macbeth » de Shakespeare. L’excellente proposition cinéma du Macbeth sorti sur AppleTV il y a quelques semaines avec Frances McDormand et l’immense Denzel Washington a réveillé en moi le désir de redécouvrir ce texte et quelques autres : Aimé Césaire et Shakespeare.

Mon Avis :

Note : 4 sur 5.

Aimé Césaire a été un immense poète, un penseur martiniquais et un homme politique de premier plan. A la lecture de son œuvre immense servi par une langue, un talent d’écriture, de réflexion sur le colonialisme et la négritude d’une profonde acuité. C’est dans son discours sur la Négritude, néologisme fruit de sa pensée sur cette question dont il fût l’un des principaux fondateurs. Ce discours sur la Négritude fût prononcé en 1987 à l’Université internationale de Floride (Miami). Ce discours sur la Négritude est l’antithèse des mots maladroits du « Discours de Dakar » écrit par Henri Guaino et prononcé par le président Nicolas Sarkozy en juillet 2007. Ce dernier affirma que « L’homme africain n’est pas assez rentré dans l’histoire. » Une ineptie. Le « Discours sur le colonialisme » est lui publié pour la première fois en 1950. Aimé Césaire y pourfend le colonialisme mené par « la bourgeoisie européenne » afin d’exploiter, pour les spolier, les peuples d’Afrique. La richesse de l’Afrique, les différentes cultures qui la composent, son histoire, creuset de l’humanité, la volonté légitime de reprendre en main ce dont l’Afrique a été spolier culturellement (avec le souhait des colonisateurs européens de rompre avec plusieurs millénaires d’histoire africaine afin d’y importer de force le modèle européen). Cette soi-disant « mission civilisatrice » a été menée pendant des siècles avec l’usage de la violence, le prix du sang, de l’esclavage, des massacres notamment perpétrés par la Belgique au Congo à la fin du XIXème siècle. Ces accès de violence sont monnaie courante alors. On souhaite effacer, on dédaigne les différentes cultures qui ont façonnés l’Afrique. Le texte d’Aimé Césaire est un cri puissant, le souhait d’un prise de conscience, d’une prise de pouvoir de la destinée de l’Afrique par les Africains. Nous sommes dans les années 1950 et le mouvements de décolonisation est engagé et aboutira à l’indépendance de nombreux Etats africains. Un texte majeur d’Aimé Césaire qui m’amène à vouloir en lire d’autres.

Mon Avis :

Note : 5 sur 5.

« Une tempête » est une adaptation d’Aimé Césaire datant de 1969 de la pièce de théâtre de Shakespeare écrite en 1611. Là où la pièce de Shakespeare comprenait cinq actes, Aimé Césaire l’a réduite à trois actes. « Une tempête » est une œuvre, parmi tant d’autres d’Aimé Césaire, visant à exprimer l’horreur de l’esclavage. C’est un cri perçant, celui du peuple noir, pour l’émancipation, un cri de liberté. On connait tous les combats menés par Aimé Césaire pour la reconnaissance des crimes contre l’humanité commis pendant plusieurs siècles par les nations européennes, les Etats-Unis et les pays arabes. Tous participèrent à la Traite des noirs durant très longtemps. Dans son texte Aimé Césaire change le caractère des personnages. La dimension tragique est fondatrice ici. Ariel devient un esclave mulâtre, Caliban un esclave nègre et Eshu un personnage, dieu-diable « nègre », créé par l’auteur dramaturge. Magnifiquement écrit, ce texte extrêmement court, porte en lui une colère sourde qui s’intensifie jusqu’au dénouement et cet appel à la liberté du peuple noir. On connait tous le rôle majeur joué par Aimé Césaire et son ami Léopold Sédar Senghor dans la définition de la notion de « négritude. » Prospéro est duc et magicien tandis que Caliban (que l’on peut rapprocher de Malcom X) s’inscrit dans une lutte viscérale et violente pour se libérer du joug de Prospéro. Ariel lui se rapproche de Martin Luther King par son choix de la non violence. Deux méthodes, deux façons d’envisager la lutte pour le peuple noir. Un récit qui n’a rien perdu de sa force, de sa puissance d’évocation. C’est très court mais intense de par les questionnements soulevés ici par Aimé Césaire.

Ayant vu de nombreuses adaptations au cinéma et pour la dernière d’entre elles, sur Apple TV, avec une interprétation phénoménale de Denzel Washington en Macbeth et Frances McDormand en Lady Macbeth, il me fallait me confronter au texte originel. Shakespeare et son Macbeth ont une portée universaliste et même psychanalytique avant l’heure. Mettre une note à une œuvre telle que celle là est un peu présomptueux. Qui sommes nous pour juger une pièce de théâtre ayant atteint un degré tel de reconnaissance, qu’elle en est devenu proverbiale. Connu de tous et cela dans toutes les cultures du monde. Macbeth fût écrit en 1606 mais sa première représentation eût lieu en 1611 au Globe, le théâtre de Shakespeare. L’histoire nous la connaissons tous avec le crime absolu d’alors, le régicide du roi Duncan par Macbeth dont le poison mortifère et la folie assassine fût inoculé par l’influence de Lady Macbeth. Macbeth voit son rêve fou d’être couronné roi d’Ecosse se réaliser. Les sorcières lui ont promis ce titre dans leurs visions. Mais seulement, Macbeth n’aura point de descendance, tel est le prix à payer. Figure du tyran absolu, être sanguinaire, cruel et sans scrupule, Macbeth incarne tout ce que l’Angleterre shakespearienne exècre. La mythologie shakespearienne est tout entière incarnée par cette tragédie « Macbeth » qui fût à l’histoire du XVIIème siècle et après, l’équivalent des textes mythologiques grecs durant l’Antiquité.

Hamlet est très certainement la pièce de théâtre la plus célèbre et mythique de Shakespeare. Une nouvelle fois, j’ai pris beaucoup de plaisir à découvrir ce texte si poignant. L’histoire vous la connaissez tous. Je ne vais pas m’attarder sur cette dernière. Hamnet était le petit garçon de Shakespeare, emporté par la maladie alors qu’il n’était qu’enfant. le tragédien en a beaucoup souffert. Il y a très certainement, ne serait ce que dans le titre, une intention d’inscrire une part de cette blessure dans son texte. Ce fantôme, père de Hamlet, roi assassiné par empoisonnement par l’oncle de Hamlet. Cette mère, qui deux mois seulement après la mort du roi, se marie avec le régicide. L’amour impossible entre Ophélie et Hamlet, la tragédie inévitable pour ces deux personnages. Certains passages sont parmi les plus universels de la littérature du XVIIème siècle. Au final, après m’être plongé dans la lecture de Macbeth, du Roi Lear et de Hamlet, je puis vous dire que mon texte préféré fût celui de Macbeth. C’est très subjectif bien évidemment.

Les spécialistes de Shakespeare s’accordent sur le fait que la pièce « Le Roi Lear » fût écrite entre 1603 et 1606. Elle a été jouée pour la première fois en présence du roi Jacques 1er d’Angleterre le 26 décembre 1606 au palais de Whitehall de Londres. L’histoire vous la connaissez tous, elle s’inspire de « L’histoire des rois de Bretagne » (remontant à 1135 et 1138) écrite par Geoffroy de Monmouth, entre autres sources. « Le Roi Lear » est une tragédie en cinq actes. J’ai trouvé cette pièce de Shakespeare très agréable à lire. Mais je dois vous avouez que j’ai néanmoins préféré mon expérience de lecture de « Macbeth. » C’est une histoire de ressenti totalement subjective.