
Mon Avis : Un grand roman sur la volonté d’émancipation d’une jeune fille vivant au Maroc, confrontée à l’archaïsme d’une société musulmane patriarcale.
Tahar Ben Jelloun ‘Le miel et l’amertume« , une histoire déchirante, celle d’une jeune fille vivant au Maroc dans une famille traditionaliste et qui après avoir vécu l’horreur, sous le coup du traumatisme, décide de se suicider. Avec ce roman très bien écrit, on plonge au cœur des mentalités du Maroc, les méandres de la religion musulmane, vécu différemment selon les familles. On nous présente les mariages arrangés, le contrôle total et rigoriste de la foi islamique dans une société marocaine corseté, où les tabous sont nombreux notamment sur la sexualité. La virginité des jeunes filles qui sont mariées à des hommes qu’elles n’aiment pas forcément. Alors on serre les dents et l’on prie pour que le mari ne soit pas trop violent. Le divorce dans ces familles traditionnalistes est inenvisageable. Samia à 16 ans, elle aime la poésie, la lire et l’écrire. Elle tient d’ailleurs un journal intime où elle expose son mal être et l’impossibilité de se réaliser pleinement, de vivre selon ses désirs, d’être soi-même. Le livre nous parle de ces parents mortifiés suite à la perte de leur fille. Mourad, un père effacé, manquant de courage, de cran mais qui souffre terriblement. Les rapports avec sa femme Malika sont quasi impossible, chacun des deux rejetant la faute sur l’autre sur le drame vécu. Société du silence, où il ne faut surtout pas aborder par peur de la rumeur, du regard des voisins, de la honte face à tout comportement un peu différent des mœurs communément admise et défendu par un islam rigoriste. Cette immersion au cœur du Maroc, la corruption omniprésente et la difficulté pour les femmes d’assouvir leurs envies, de réaliser quelque chose qui leur appartiennent vraiment. C’est terriblement émouvant, profondément sombre avec tristesse lancinante d’un couple qui se déchire. Samia n’avait que seize ans. Son geste peut être perçu comme une sorte de pied de nez terrible aux traditions qui étouffent la société marocaine. C’est un roman que je vous recommande. Tahar Ben Jelloun a obtenu le prix Goncourt 1987 pour son roman « La nuit sacrée. »


Mon Avis : Prétentieux, voyeur, pornographique, un roman qui chez moi, a suscité le rejet le plus total. Je déconseille.
Curieux objet littéraire que ce « Clèves » de Marie Darrieussecq. Premier roman lu de l’auteure, je ne retenterais pas l’expérience et je vais vous expliquer pourquoi. « Clèves » est le nom d’un petit village de quelques centaines d’habitants. Solange est le personnage central de cette histoire sur l’éveil à la sexualité chez les tous jeunes adolescents. Le style littéraire de Marie Darrieussecq m’a semblé très répétitif dans l’expression de ses idées sur cette thématique de la sexualité. J’ai l’habitude de lire des livres sur des sujets difficiles mais là, ce roman a créé chez moi une forme de malaise qui ne m’a pas quitté durant cette lecture. La première partie du roman nous conte l’histoire de Solange encore enfant en CM2. Les descriptions des jeux dans les cours de récréation entre garçons et filles m’ont paru hors de propos et même, je dois vous l’avouez, choquantes. On parle de petite fille et je suis désolé mais je n’accepte pas que l’on « érotise » les jeux pratiqués dans les cours de récréation. Je trouve cela malsain. Un enfant ne donne pas une dimension sexuel à ces jeux de découverte. Ensuite, la descriptions du couple de ses parents, un père volontiers libertin qui s’exhibe nu devant sa petite fille, je suis désolé mais ça me gêne terriblement. L’auteure use et abuse de termes triviaux pour décrire Solange, cette fois-ci, adolescente. Les jeunes hommes sont réduit à leurs « bites », mot répété ad vitam aeternam jusqu’à ce que je n’en puisse plus. Les jeunes femmes sont décrites comme des « cavités, des chattes attendant d’être rempli. » Je suis désolé pour vos esprits d’user de ces termes mais Marie Darrieussecq en use et abuse. La sexualité de Solange n’a pas de limite, elle la dépasse et son désir d’être « baisé » ou bien encore d’être « une chienne » est décrite par l’auteure en long et en large avec les termes utilisés précédemment. L’acte sexuel est vu comme étant uniquement une pulsion avec un rapport de domination qui confine à la violence physique et même moral. Comme si Marie Darrieussecq se servait des images éculées de la pornographie, usant et abusant de descriptions très crues qui m’ont ennuyé au possible. Un roman qui fait un peu plus de trois cent pages mais qui aurait pu être réduit à moins de cent pages tant le sentiment de répétition a fini de m’achever. J’ai fini ce livre mais la vision de la sexualité de ces adolescents dans les années 80 avec l’irruption, il ne faut pas l’oublier, du sida. Solange ne se protège pas contre les virus sexuellement transmissibles, elle ne prend pas la pilule et tout cela en menant une sexualité débridée. Tout nous ramène au « cul », à la « baise. » Le marquis de Sade aurait pu écrire ce livre qui se veut moderne mais qui au final est surtout plombant et ennuyeux. Marie Darrieussecq manque d’imagination et surtout elle perçoit le sexe sans jamais évoquer la tendresse, le fait d’être amoureux, sentimental, même pudique d’une certaine façon dans sa manière de découvrir peu à peu la sexualité. Non un homme ne peut être résumé uniquement à sa « bite » et une jeune femme à sa « chatte. » Elle donne l’impression que les adolescents sont uniquement livrés à leurs pulsions et à la satisfaction de ces dernières. Ce livre manque cruellement de poésie, d’inventivité parce qu’il y a autant de façon d’aimer et de vivre une sexualité épanouie sans séparer forcément ‘sexe » et tendresse, amour, poésie. Un homme peut être sentimental et respecter sa partenaire. Là encore, l’auteure décrit un rapport de force, une violence, une soumission des jeunes filles au diktat du porno. Vous l’aurez compris, j’ai détesté ce roman sans idée, sans cette magie de la rencontre amoureuse et respectueuse entre hommes et femmes. Ennuyeux, cliché, faussement moderne et volontiers vulgaire, ce sera bel et bien la dernière fois que je lis un livre de Marie Darrieussecq. Apollinaire et ses « exploits d’un jeune Don Juan » était déjà passé par là avec son aspect cru mais autrement plus drôle et léger, sans se prendre au sérieux, fripon et amusant. Tout l’inverse de « Clèves » de Marie Darrieussecq.

J’avais lu un livre assez agréable de Marie Darrieusecq, « Etre ici est une splendeur » qui retraçait la biographie d’une peintre allemande du début du 20ème siècle. Mais sinon je crois en effet que la plupart de ses romans ne sont pas brillants, que ça se complait dans le glauque et le ridicule.
Je suis tentée par le Ben Jelloun, par contre… J’ai bien aimé les livres que j’ai lus de lui.
Bonne soirée Frédéric !
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C’est le premier roman que je lis de Marie Darrieussecq. J’ai eu une aversion totale pour ce roman. C’est rare qu’un roman me fasse cet effet. Il y a quelque chose qui ne tourne pas rond chez elle. Sa vision de l’amour, du sexe est très crue. Cela me fais penser aux derniers films de Kechiche (réalisateur que j’apprécie) « Mektoub my love » qui est rempli de clichés et possède un côté voyeur qui m’a désarçonné. Merci pour ta visite Marie-Anne, je te souhaite une excellente soirée ! 🙂
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Merci pour tes avis qui me servent souvent de guide dans l’océan des livres existants
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C’est gentil, merci beaucoup Hedwige. Je prends beaucoup de plaisir à partager coup de cœur et déception. Je te souhaite une excellente soirée Hedwige 🙂
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Belle soirée à toi également, Frédéric
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Je n’ai pas lu le Marie Darrieussecq. Il ne m’intéresse pas. Laissons les enfants grandir tout doucement.
Ah ces années 80 et le rapport aux enfants, à leur sexualité, j’ai vraiment détesté.
Le Ben Jelloun est un très beau livre.
Merci Fred, très touchée par tes critiques.
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Marie Darrieussecq se veut sans doute transgressive.. pour ma part je n’ai vu qu’un texte boursouflé par l’orgueil qui suscita en moi ennui et rejet. Merci beaucoup, gros bisous, le Tahar Ben Jelloun est magnifique, quel écrivain. J’en lirais d’autres de lui. 😘
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Ah oui mon compagnon n’a pas non plus aimé « mektoub my love » qui lui a semblé vulgaire et sans intérêt. Pourtant les premiers films de Kechiche étaient très bien. Bonne journée à toi Frédéric 🙂
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Inégale en effet cette écrivaine ! Par contre, valeur sûre avec Tahar Ben Jelloun ! Merci pour ce retour !
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et bien ! vous n’avez vraiment pas aimé Clèves ! et comme beaucoup sur ce site vous suive, je passerai aussi
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C’est rare de te lire aussi virulent. De Marie Darieussecq, je ne connais que son premier roman, Truismes. Lu il y a fort longtemps maintenant, j’en garde plutôt un bon souvenir. Mais je veux bien croire, au regard de ce que tu décris, que celui-ci est bien pénible à lire. Je me passerai donc de « Clèves » et me contenterai de sa princesse. 😉
Merci encore pour tes avis Frédéric.
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Next Darrieussecq… tu décris si bien tout ce que je n’aime pas dans ce milieu de la littérature « transgressive » mais qui finalement ne raconte pas grand chose. Excellente chronique dans tous les cas, merci Frédéric 😙
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Je n’ai jamais lu Tahar Ben Jelloun mais il faudrait que j’y remédie. Quant à Marie Darrieussecq, je n’avais pas aimé sa Mer à l’envers, alors j’avais déjà des réticences mais tu m’ôtes toute envie potentielle de me replonger un jour dans son œuvre !
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C’est rare qu’un livre suscite chez moi un tel rejet. Ce roman de Marie Darrieussecq m’a choqué, heurté et ennuyé. Son voyeurisme, son aspect pornographique a finit de m’achever. En plus, son style d’écriture est plutôt banal. Tout l’inverse du roman de Tahar Ben Jelloun qui nous fais découvrir le Maroc et ses traditions. Le drame de cette jeune fille de 16 ans m’a profondément ému. C’était mon premier roman de lui et certainement pas le dernier ! 😊
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Oui, j’ai rarement lu une critique aussi négative ici. Mais c’est bien aussi de ne pas aimer. On sert à ça 😉
Je me le suis re-noté !
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C’est vrai, j’essaie d’être juste dans mes retours même si bien sûr tout est subjectif. Ce roman a presque suscité du « dégoût » chez moi tant il est à l’opposé de ma façon de concevoir les choses 😉😊
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Ça arrive… 😉
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excellent 😅😉
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Super article j’adore le mood 😀 hésites pas à venir sur mon blog dephaistos.com et à t’abonner si ça te plaît 😉
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Merci Ju ! Avec plaisir, belle journée à toi 🙂
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