Et voici venu l’heureux temps des bilans de cette année 2014 ! De vraies découvertes, des coups de cœur et bien sûr quelques déceptions, bref une année riche en musique ! alors quels sont les cinq disques qui ont retenus le plus mon attention cette année ? La réponse c’est ici et maintenant avec ce classement Dudesque à souhait !
5) Lia Ices sort son troisième album sobrement appelé « Ices ». Elle le présente avec ses mots à elle : « Ices’ is a celebration of flight, levity and the conviction that you can leave Earth. You take wing in an aeroplane, you go to real places when you dream, you have out-ofbody experiences, you get high, you lose yourself in someone else ». Ce dernier s’oriente dès le premier titre vers des sonorités nouvelles. « Tell me » se veut l’écho lointain d’un songe oriental. C’est une jolie réussite qui ne fait pas figure d’exception dans ce LP plus éclectique et accessible que ses deux premiers essais, pourtant très réussis, « Necima » en 2008 et « Grown Unknow » en 2011. « Higher » à l’évidence des titres qui font mouche avec son solo de guitare enivrant, mais il faut attendre les deux derniers morceaux du disque pour voir Lia s’envoler littéralement avec l’électro-pop de « How we are » et le sublime « Waves » où la voix de la belle New-yorkaise nous prend pour ne plus nous lâcher durant les près de sept minutes que dure le morceau. Concocté pendant deux longues années avec son frère Eliot, on y respire l’air d’une Lia Ices résolument tournée vers un projet moins indé mais davantage mainstream. Cela n’augure en aucun cas d’une perte d’originalité ou de qualité. Son timbre de voix, allié aux ambiances éthérées de productions envoûtantes à souhait, font toujours un aussi bel effet. Le chemin parcouru est impressionnant. « Ices » et c’est tout le bien que je lui souhaite sera peut-être ce disque qui lui permettra de passer un palier en terme d’audience. Ou peut-être pas. Au fond, on s’en moque éperdument car succès indé ou pas, ce Lp mérite que vous lui accordiez un peu de votre écoute. Dans la lignée de Kate Bush, Bat For Lashes et Cat Power, oui rien que cela ! Ma note:5/5.
http://www.deezer.com/album/8414990
4)La perfide Albion est décidément le cœur toujours palpitant de ce qui se fait de mieux en matière de rock. Cette fois-ci, toujours dans une veine néo Beatles à très fort degré de psychédélisme, nous retrouvons les Temples, un groupe qui sur « Sun Structures » leur premier LP réussit ce parfait amalgame entre tradition et modernité dans le son. Leur look tout droit sorti d’Austin Powers et des babas cools ne détonne pas avec cette vague de revival qui ne cesse pas. Alors que Kasabian s’est perdu en route, oubliant d’écrire des chansons, des vraies, alors qu’Oasis n’est plus (pas pour rien que Noel Gallagher les a adoubé), que les Kills sont en vacances, que Beady Eye le groupe emmené par un Liam Gallagher qui peine à assouvir notre soif de bon son anglais et j’en passe et des meilleurs, voici donc un album qui loin d’être passéiste, assume son côté très direct et percutant, avec des mélodies entêtantes et des refrains dévastateurs. Alors bien sûr, certains ergoteront sur le manque d’originalité de ces groupes tout nouveau, tout beau, moi pour ma part je ne boude pas mon plaisir et ne peut que vous inviter à les découvrir. C’est carré, sans fioriture, mais dans le même temps suffisamment malin et maîtrisé pour nous faire passer un très bon moment. A écouter en priorité les titres « Sun structures », « The Golden Throne », « Keep in the Dark » et« Test of Time » pour ne citer qu’eux. Ma note:5/5.
http://www.deezer.com/album/7402523
3)« Chaleur humaine » est le titre du premier Lp de Christine And The Queens. Un nom de scène quelque peu fumeux qui à l’écoute nous fais incontestablement penser à une autre artiste atypique Florence And The Machine. J’avoue qu’avec cela, les chorégraphies très maniérées de l’artiste sur ces premiers clips m’ont empêché sur le moment de bien percevoir la portée et la valeur de ce Lp. Le mélange de la langue française et anglaise, les rythmes électro, sa voix et son phrasé original, tout aurait pu m’horripiler. Curieusement, en prêtant une oreille attentive à ce disque, en dépassant ces premiers griefs qui auraient pu être rédhibitoires, je me suis laissé porté par ce flot de paroles et de musique minimaliste aux mélodies entêtantes. Sa reprise des « Paradis Perdus » de Christophe est un exercice de style qu’elle réussit mais ce n’est pas sur ce point qu’elle emporte l’affaire. L’efficacité de titres comme « Saint Claude », « Half Ladies » et « Christine » est évidente. L’ensemble plaît beaucoup à Télérama (cf. le texte ridicule de « Chaleur humaine », titre rive Gauche à faire passer Biolay pour un affreux réactionnaire..) ce qui aurait pu suffire à la clouer au pilori mais force est de constater que derrière ce côté très artificiel, stylé, il y a de véritables chansons fortes et suffisamment malines pour nous faire passer un agréable moment.
Ma note:5/5.
http://www.deezer.com/album/7824612
2)Sébastien Tellier est déjà de retour pour mon plus grand plaisir, un an seulement après la sortie de « Confection ». Il nous livre « L’Aventura », un disque résolument optimiste aux couleurs chaudes de la musique brésilienne. Comme à chaque fois, Sebastien Tellier a souhaité travailler sur un thème en particulier : après le sexe en 2008 avec « Sexuality », Dieu en 2012 avec « My God Is Blue », le voici nous contant son enfance rêvée dans un pays imaginaire qui serait le Brésil, un endroit où tout ne serait que plaisir et volupté, douceur et éclats de rire. Il reconnaît volontiers la part de naïveté dans son art. Il faut dire, à ce titre ,que les textes écrits pour la première fois entièrement en français, valent le détour. Tellier ne serait pas lui-même s’il n’y avait pas cette graine de folie qui germe dans son esprit pour nous délivrer un titre au doux nom de « Comment revoir oursinet ? », longue plage délirante de près de 14mn record à battre ! Ou bien encore le très étonnant « Ricky l’adolescent ». L’ensemble du LP est une nouvelle fois particulièrement travaillé. Pour cela, Tellier s’est entouré d’une fine équipe. « Love » est une entrée en matière instrumentale, suivent les très réussies « Ma calypso » et « L’adulte ». Tout cela sonne très seventies et l’on rejoint une nouvelle fois son triptyque favori : Gainsbourg, Christophe, Polnareff. La pochette est vraiment belle et illustre à merveille ses titres gorgés de soleil, alors que l’été approche à grands pas. « Tu danses comme le soleil.. que ta lumière est belle.. facile et sensuelle.. » chante t’il sur ce qui à mon sens sonne comme le titre de loin le plus réussi de l’album : « Aller vers le soleil ». Planant et luxuriant « L’Aventura » séduira volontiers ceux qui comme moi ont su conserver en leurs cœurs une petite part d’enfance. Ma note:5/5.
http://www.deezer.com/album/7827122
1) Il y a quelques semaines de cela, sortait le 17ème album de Hubert-Félix Thiéfaine intitulé « Stratégie de l’inespoir ». Pour moi c’est une découverte pleine et entière. Ce disque est servi par des arrangements, une finesse dans la description des maux de notre monde moderne, une magie des mots, une poésie rock qui m’a profondément touché. « Fenêtre sur désert » est à mon sens La grande chanson de l’année, oui rien que cela. Un Lp sombre et mélancolique où le compositeur ne cède en rien aux facilités contemporaines. Imperturbable et sans concession, Thiéfaine signe ici un très grand disque, le plus beau depuis « Bleu Pétrole » de feu Bashung. Ma note:5/5.