Crimes pédophiles, assassinats de flics et de magistrats, conflits politico-religieux, conspirations croisées… Le lieutenant Paul Verlande, de la Sûreté du Québec, est confronté à une série d’attentats dont le diagramme secret cache le pire crime de droit commun jamais commis, sur fond de guerres civiles, de chaos climatique, d’exodes massifs et de piraterie maritime généralisée. Il marche vers les ruines du monde, cautérisées par l’âge atomique, fixées au sol par les hautes températures qui vont plastifier la terre. Désormais, ce n’est plus qu’une question de jours. Métacortex plonge ses racines dans la guerre totale engagée en 1945 et surplombe l’Histoire en reliant un père, ancien Waffen SS, et son fils par-delà la vie et la mort.

Difficile de parler de Maurice G Dantec sans voir se lever une nuée de boucliers entre ceux qui exècrent l’auteur pour ses prises de position largement incomprises et ceux qui célèbrent le plus grand écrivain « nord américain de langue française. » Je ne vais pas vous le cacher bien longtemps, je fais partie de ces derniers. Injustement boudé par les critiques à sa sortie, ostracisé et volontiers mis à l’index, l’on ne peut pas dire que « Métacortex » le dernier roman de Dantec soit sorti en librairie dans des conditions optimales. Lassé d’être ainsi traité de la sorte, l’auteur s’est d’ailleurs fendu d’un commentaire laconique sur son site web, expliquant que son prochain roman (suite de « Babylon Babies ») ne se retrouvera qu’exclusivement sur http://www.mauricedantec.com/ « Métacortex » synthétise avec magie la profonde transformation de l’œuvre Dantec depuis sa conversion au catholicisme. Incontestablement, cet homme fût profondément marqué par ce nouvel état ainsi que par le traitement injuste qui lui a été destiné. Loin de capituler devant ces scribouillards de bas étage, Dantec s’enfonce encore davantage dans cette écriture fleuve, complexe, sublime. « Métacortex » se veut un « roman-monde », un objet non identifié, un ovni littéraire aux accents prophétiques post-apocalyptiques. 800 pages au contenu hautement abrasif mêlant Policier, Science Fiction, théologie, philosophie, réflexion sur le devenir d’un monde courant à sa perte avec joie et entrain. Dantec part d’un postulat on ne peut plus vrai, la guerre mondiale ne c’est pas terminé en 1945.. les métastases n’ont cessé de croître jusqu’à la consomption ultime. N’y allons pas par quatre chemins, « Métacortex » est le meilleur ouvrage paru de Dantec depuis « Grande jonction. » J’ai littéralement dévoré les pages de ce livre exigeant certes mais aux richesses savamment distillées. Impossible de résumer ici l’intrigue, je vous laisse la surprise et le plaisir de le découvrir par vous-même. L’on ressort de la lecture de « Métarcortex » étourdi et ébloui par la lumière du jour après avoir séjourné avec l’auteur dans les ténèbres de notre monde. Personne n’écrit comme Dantec aujourd’hui en France. Il est à des années lumières de ces romans nombrilistes saupoudrés de sexe et d’inepties, de poncifs, dans un style pauvre tant sur la forme que sur le fond, atteignant péniblement les 200 pages en grand caractères.. Dantec n’est plus de ce monde, son exil volontaire au Québec, l’ambition proprement métaphysique de son œuvre, tous ces éléments font de lui un être indubitablement à part dans un paysage littéraire français étriqué à souhait. Les pages contant le récit de l’anéantissement d’un homme membre de la Waffen SS dans les plaines de Russie et d’Ukraine en 1943, jusqu’à la bataille finale, l’apothéose wagnérienne d’un combat au corps à corps, rue par rue dans un Berlin qui n’est plus que poussières et flammes en avril 1945, tout ceci est magnifiquement écrit et absolument passionnant. Je ne peux que vous inviter à vous plonger dans ce monde proprement apocalyptique. Lisez Maurice G Dantec. Vraiment.

Ma note :5/5.

En 1903 à Chicago, l’homme d’affaires Edwin Cheney et son épouse Mamah Borthwick Cheney passent commande de leur nouvelle maison à l’enfant terrible et déjà célèbre de l’architecture américaine, Frank Lloyd Wright. Six années plus tard, la bonne société de Chicago et la presse américaine sont secouées par le plus grand scandale de ce début de siècle : Mamah, tombée entre temps passionnément amoureuse de Frank, quitte Edwin et leurs deux enfants pour suivre l’architecte renommé en Europe. Lui-même abandonne sa femme Catherine et six enfants pour vivre cette passion

Ce premier roman de Nancy Horan est une jolie réussite car elle mêle intrigue passionnelle, combat féministe, questionnement psychologique et drame final hallucinant. Tous ces éléments en font une œuvre riche de par sa diversité, l’épaisseur de ces personnages qui sont tout sauf simplistes. Rien n’est ici tout blanc ou tout noir, la vie qui nous est contée est ainsi des plus crédibles et elle nous plonge avec délice dans cette période de l’avant première guerre mondiale, au beau milieu des querelles féministes, des débats d’architecture et de la définition sans cesse mise à jour de ce que devait-être la modernité artistiques ou des mœurs aux Etats-Unis avant 1914. On voyage au gré des pérégrinations sentimentales de ce couple éperdu d’amour, visitant l’Italie, L’Allemagne, le Japon, la France.. Le récit c’est aussi se faire touchant lorsqu’il aborde la difficulté pour les enfants d’assumer ce drame de la séparation. Ces passages confrontant les ressentis de la mère et de ces enfants « abandonnés » au nom d’un amour suprême, sont criant de vérité et particulièrement émouvant. Ce dilemme existentiel entre rester mère, élever ses enfants et ainsi renoncer à cet appel de la passion, et ce choix de quitter ses enfants pour vivre un impossible amour. J’ai pris beaucoup de plaisir à lire ce livre dont l’intérêt va crescendo.

Ma note :4/5.