Un autre auteur je j’aime tout particulièrement, il est italien c’est Italo Calvino(1923-1985), un écrivain génial trop tôt

Le Vicomte pourfendu

disparu mais qui laisse derrière lui une œuvre d’une rare poésie. Italo Calvino dont Roland Barthes disait « Dans l’art de Calvino et dans ce qui transparaît de l’homme en ce qu’il écrit, il y a (employons le mot ancien, c’est un mot du dix-huitième siècle) une sensibilité. On pourrait dire aussi une humanité, je dirais presque une bonté, si le mot n’était pas trop lourd à porter : c’est-à-dire qu’il y a, à tout instant, dans les notations, une ironie qui n’est jamais blessante, jamais agressive, une distance, un sourire, une sympathie. » Il y a de cela en effet, les romans d’Italo Calvino dont je vais vous parler sonnent comme des contes philosophiques à l’image de ceux de l’époque des Lumières. Il y a toujours chez Calvino cette profondeur, cette réflexion derrière l’apparente simplicité de ses histoires. Son écriture est sublime, ses univers improbables, décalé, l’humour omniprésent. Calvino nous fais réfléchir à la manière des penseurs des XVIIème et XVIIIème siècles dans sa sublime trilogie « Nos ancêtres », allégorie de la condition de l’homme, réflexion sur l’existence, nos tiraillements, notre éternelle imperfection …
Le premier de ses romans, « le Vicomte pourfendu«  paru en 1952 est un apologue (un discours allégorique qui nous amènent à nous interroger). Un chevalier est coupé en deux par un boulet de canon lors d’une bataille contre les Turcs. Les deux moitiés de cet homme, du nom de Médard de Terralba, continuent de vivre chacune de leur côté, l’une prônant et faisant le bien, l’autre semant la terreur et détruisant tout derrière elle. Calvino montre que l’absolu dans la malfaisance tout comme dans la bonté est impossible et dangereux, l’homme doit accepter son imperfection sous peine de céder aux sirènes du fanatisme. Ce livre est un chef d’oeuvre d’humour.

Le Baron perché

« Le Baron perché » est paru est 1957, c’est mon préféré tant sa fantaisie est incroyable, un de mes livres cultes. L’histoire se déroule au XVIIIe siècle dans un lieu isolé du Nord de l’Italie immédiatement après la guerre de succession d’Autriche. 15 juin 1767. Agé d’à peine 12 ans, Côme, fils aîné du Baron Laverse du Rondeau ne supporte déjà plus le monde des adultes, il étouffe et se sent prisonnier dans cet univers froid, régi par de multiples lois et règles de convenance, où les enfants n’ont pas le droit à la parole et ne sont considérés en tant qu’êtres à part entière qu’à partir de la majorité. Frustré par toutes les obligations sociales et familiales qu’il doit respecter, Côme refuse un jour d’obéir à son père. Epris de liberté, il se réfugie dans une arbre afin d’échapper à l’autorité parentale. Il décide d’y passer sa vie, et peu à peu, sa détermination s’accroît : il ne touchera jamais plus le sol. Côme apprend à survivre seul, se déplace d’arbre en arbre avec une facilité déconcertante, et voyage dans toute l’Italie : il ne dépend enfin plus de personne. Du haut des frondaisons qui lui sont désormais familières, il contemple le monde et les hommes avec un regard nouveau : il éprouve une sorte de pitié envers ceux qui ne connaissent pas la liberté. Mais si la vie en société ne lui manque pas, il ressent tout de même le besoin de communiquer, aussi il ne coupera jamais totalement les liens avec la civilisation : souvent par l’intermédiaire de son petit frère, il continue d’entretenir des relations avec sa famille, se lie avec un groupe d’enfants, participe à tous les événements du village, et tombe amoureux d’une jeune fille, qu’il devra malheureusement quitter à cause de son serment. Il ne sombrera jamais dans la solitude et l’oubli, au contraire : son excentricité lui vaudra la célébrité, et de nombreuses personnes viendront rencontrer le Baron perché, il recevra notamment la visite de Napoléon. La rude vie au sommet des arbres pèse de plus en plus sur Côme, mais sa volonté ne faiblira jamais. Si Côme vit dans les arbres, c’est en effet pour s’éloigner des contraintes de la vie sociale. Italo Calvino, qui confesse un goût prononcé pour la solitude, semble s’identifier un peu à son héros comme il l’écrit dans la préface du Baron perché. Tout simplement culte, à lire et à relire !

Le chevalier inexistant

Enfin publié en 1959, « Le chevalier inexistant ». Un jour que Charlemagne passe en revue ses paladins, il fait une curieuse découverte : dans l’armure blanche d’Agilulfe Bertrandinet des Guildivernes, il n’y a personne. Agilulfe n’existe pas. Ce qui ne l’empêche pas de combattre, de veiller à la discipline et de commande à son écuyer Gourdoulou qui lui existe bien mais ne le sait pas….
Autres romans merveilleux de Calvino « Les villes invisibles » et « Si par une nuit d’hiver un voyageur ».

Come méditant