Ma chronique :

Victoria Mas nous revient avec un troisième roman, toujours publié chez Albin Michel « L’orpheline du Temple ». Ne nous y trompons pas, si le titre laisse penser que ce roman est centré uniquement sur la seule survivante de la famille royale durant la Révolution, Marie-Thérèse Charlotte, la réalité de ce récit est plus complexe que cela. En effet, c’est par le prisme du personnage de Joseph Herbelin que nous assistons à la captivité des deux enfants de Marie-Antoinette et de Louis XVI. C’est un roman épistolaire où l’on voit Joseph Herbelin écrire à sa tante après avoir été gardien à la tour Du Temple pendant deux ans de janvier 1794 à la fin de l’année 1795. Il décrit les conditions apocalyptiques de détention des deux enfants du couple royal. Madame Elisabeth, modèle de piété et de courage, sœur cadette de Louis XVI est guillotinée le 10 mai 1794. C’était le dernier soutien familial des enfants et à présent, elle n’était plus là. C’est dans une profonde solitude qui lui fît presque perdre la parole, que Marie-Thérèse vécut à la tour du Temple. Dans ses lettres, on voit peu à peu le jeune Joseph Herbelin être touché par la hauteur d’âme de la toute jeune fille. C’est à travers les yeux de Joseph que nous assistons à la sacralisation des moments où il l’aperçoit. Bientôt, les sentiments ne mentent pas, il éprouve une attirance pour la jeune princesse qu’il idéalise. Toute sa vie, il poursuivra un rêve, celui de la revoir. Le romanesque de cette histoire est puissamment évocateur d’une période de notre histoire particulièrement sombre. Victoria Mas mélange fiction et un certain réalisme historique, avec des nuances bien évidemment puisqu’elle n’égale pas Françoise Chandernagor et son formidable « La chambre » sur la captivité de Louis XVII. Ici, il n’est que très peu question du jeune enfant (même si le récit de son agonie est poignant), c’est Marie-Thérèse qui est cette orpheline Du Temple, sinistre tour détruite en 1808. J’ai trouvé que ce roman, après un début un peu poussif, se révélait par la suite et sa fin, je dois le dire, m’a totalement emporté, car elle laisse la place entière au romanesque. Au fond, qu’importe si la Marie-Thérèse du roman était ou non telle qu’elle est décrite dans ce roman. Victoria Mas laisse libre cours à son imagination. Joseph poursuit ses chimères, ses rêveries, en cela, ils sont annonciateurs des Romantiques. Un roman court, un style qui se bonifie dans la seconde partie du roman. Victoria Mas ne prétend pas faire un roman historique. Elle prend des libertés ici et là, mais cela n’enlève en rien aux qualités de ce roman. Bien sûr, il faut aimer les romans épistolaires, mais cela n’alourdit pas le récit. Les lettres sont courtes offrant un rythme enlevé à l’histoire. Il serait dommage de passer à côté de ce roman. Sans égaler « Le Bal des folles », Victoria Mas signe tout de même un très joli texte où l’on ressent toute l’empathie d’une autrice touchée par ce personnage mystérieux de Marie-Thérèse de France. Les avis sur Babelio sont mitigés, mais pour ma part, j’ai aimé ce livre et je le recommande si vous aimez cette période historique.

Date de publication : 26 mars 2025 ; Éditeur : Albin Michel ; Nombre de pages : 176 p.

Mon avis :

Note : 4.5 sur 5.
Victoria Mas