Ma chronique : Edité par « Les ronds dans l’O« , « Le Sourire d’Auschwitz » voit Stéphanie Trouillard nous raconter l’histoire d’une toute jeune résistante de Port-Louis (de l’autre côté de la rade de Lorient) : Lisette Moru ainsi que celle de son petit ami Louis Séché. C’est une histoire poignante, celle d’une toute jeune fille de Port-Louis, déportée vers Auschwitz, où elle décèdera le 24 avril 1943, à seulement 17 ans. Toute l’ignominie réside dans sa dénonciation par deux femmes de sa commune auprès de la Kommandantur de Lorient. C’est à cause de ces deux harpies que Lisette et Louis sont déporté(e)s. La machine de la collaboration alliée aux forces de la barbarie nazie vont détruire ces deux vies parmi tant d’autres. Lisette fera partie d’un convoi de déportées, toutes des femmes résistantes, au nombre de 230, qui quitteront le Fort de Romainville, aux environs de Paris, le 24 janvier 1943. Ce qui saisit, ceux sont les clichés pris à l’arrivée à Auschwitz, ceux de Lisette, où en signe d’ultime défi face à l’oppresseur nazi, elle fait le choix de sourire, comme un ultime pied de nez à la mort. Quel courage faut-il, à seulement 17 ans, pour réagir de la sorte au milieu de l’horreur la plus absolue à Auschwitz. Les dessins et les couleurs sont le fruit du travail de Renan Coquin, et le moins que l’on puisse dire c’est que le résultat est remarquable. On ressent toute la folie des nazis et de leurs collaborateurs. Mais aussi et surtout le courage de ces adolescents qui pour avoir mis quelques fleurs sur les tombes de deux pilotes anglais ont risqué le pire. Il y aura la croix de Lorraine et les symboles de la victoire apposés ici et là, les fleurs pour le 14 juillet devant le monument aux morts, la liste enfin qui leur sera fatal, celles des collaborateurs de leur commune. Lisette était très belle, si jeune, elle aurait pu, comme tant d’autres, choisir les voies de l’insouciance. Mais c’était sans compter sur son caractère, sa haine de la défaite et des Allemands, son patriotisme et son soutien sans condition au Général De Gaulle. On ressort de cette lecture groggy, abasourdi et en même temps Stéphanie Trouillard nous montre, qu’ils ne sont pas morts pour rien, puisqu’ils se sont sacrifiés au nom de la liberté, de la démocratie, des valeurs que nous devons continuer à défendre, à chérir, aujourd’hui encore, à l’heure où d’autres périls sont là. Dans cette BD, on suit le parcours de Stéphanie Trouillard, ses recherches, la démarche qu’elle entreprend au nom d’une lutte contre l’oubli qui, si elle échoue, pourrait donner le vent en poupe à une version falsifiée de l’histoire de la part de personnes négationnistes. C’est à un véritable devoir « de mémoire » ou devoir « d’histoire » auquel se livre Stéphanie et Renan. Ces clichés pris à Auschwitz vous hantent longtemps, ce sourire s’adresse à nous, à travers les âges, nous qui bientôt devrons faire face aux questions de nos enfants, sans les témoins directs de cette époque. C’est une lutte de chaque instant pour ne pas oublier, pour conserver cette mémoire à transmettre à nos enfants, nos neveux et nièces etc. Je ne peux que vous incitez à lire cette BD pour découvrir le destin tragique de Lisette Moru et de Louis Séché. C’est un gros coup de cœur.

Mon avis :

Note : 5 sur 5.