Ma chronique : On oublie parfois à quel point le cinéma peut être divertissant, complètement trippant, et dans un même élan révéler un véritable arc créatif transcendant tous les genres. « Everything Everywhere All At Once » est un film jubilatoire, foutraque, archi bordélique où les références se télescopent pour mieux imprégner les rétines des spectateurs. Un pari complètement fou de deux réalisateurs, au surnom des « Daniels », libérés des pressions inhérentes à l’industrie d’Hollywood, renvoyant les Marvel aux oubliettes, ringardisés par les prouesses chorégraphiques des combats, d’effets spéciaux pas uniquement là pour faire beau, mais bien au contraire pour servir une histoire. C’est époustouflant et révolutionnaire, à l’image de l’irruption des Matrix de Keanu Reeves il y a plus d’une vingtaine d’années. Consécration d’un cinéma en dehors des codes franchisés, difficile à définir et à réduire à un genre en particulier. Je peux juste vous dire qu’on est ému, qu’on sourit, qu’on est épaté, transporté dans des lieux où divertissement ne rime pas avec nos fameux fond vert sans âme. C’est toute la force de ce projet, s’appuyer sur une Michelle Yeoh absolument saisissante autant dans les scènes d’actions que dans les moments d’émotion. Elle mérite amplement cet Oscar tant elle est renversante, fascinante dans son rôle. Tout repose sur elle et elle livre sûrement ici une de ses plus belles interprétations. La razzia du film est mérité. Les Oscars célèbrent le jubilatoire, l’original, la surprise. Personne ne s’attendait au succès de ce film. Cela fait plaisir de se dire qu’il ne suffit pas d’empiler les stars pour réussir un film. Le film des frères « Daniels » est l’antithèse de l’obésité d’un projet boursouflé comme le dernier « Babylon. » Nul vanité chez les « Daniels. » On assume le côté divertissant mais aussi l’émotion qui transparait dans des scènes profondément émouvantes. Michelle Yeoh interprète une mère de famille débordée, ne prenant nullement le temps de se poser. Une fuite en avant incessante oubliant un mari excessivement gentil et une toute jeune fille peinant à faire comprendre son choix d’aimer une autre fille. Le grand père est tyrannique, la laverie lui appartient et les affaires ne vont pas bien du tout. Rendez-vous aux impôts. Dans l’ascenseur son mari lui parle d’un multivers où son épouse doit s’enfoncer sous peine de voir son monde basculer et disparaître. Le chemin de la rédemption est semé d’embûches. Michelle Yeoh apprendra de ses erreurs en tant que mère et épouse. L’amour inconditionnel de sa fille et l’acceptation de son homosexualité. C’est une libération des carcans, des traditions, une célébration de l’Asie et de ses cultures. Il y a très longtemps que je n’avais pas vu un long métrage aussi puissamment évocateur. Bravo aux Oscars qui font le choix du cinéma de qualité face aux mastodontes aux castings dispendieux. Du très grand cinéma à ne manquer sous aucun prétexte.

Mon avis :

Note : 5 sur 5.