2410363.jpg-r_1920_1080-f_jpg-q_x-xxyxxL’Histoire : En 1996, Richard Jewell fait partie de l’équipe chargée de la sécurité des Jeux d’Atlanta. Il est l’un des premiers à alerter de la présence d’une bombe et à sauver des vies. Mais il se retrouve bientôt suspecté… de terrorisme, passant du statut de héros à celui d’homme le plus détesté des États-Unis. Il fut innocenté trois mois plus tard par le FBI mais sa réputation ne fut jamais complètement rétablie, sa santé étant endommagée par l’expérience.

 

On le sait Clint Eastwood a une dent contre les institutions judiciaires, médiatiques, le gouvernement fédéral et tout ce qui peut réduire les libertés du citoyen américain lambda. L’homme de conviction qu’il est, nous revient avec un concentré de ce qui le met le plus en rogne et croyez moi les journalistes en prennent pour leur grade tout comme le FBI. C’est un Eastwood remonté qui nous embarque dans « Le Cas Richard Jewell« , film de facture très classique comme il sait si bien les faire. C’est un très bon film, pas son meilleur mais Eastwood a encore des choses à dire et il nous le prouve ici encore. Richard Jewell c’est le héros Eastwoodien dans toute sa splendeur : un honnête patriote, un citoyen qui veut aider son prochain tout en collectionnant les armes.. Jewell c’est le monsieur tout le monde américain qui est presque une caricature de ce qu’enfante l’Amérique : un buveur de soda, un mangeur de Burger obèse, un type insignifiant vivant encore chez sa maman, mais qui va avoir la malchance de passer du statut de héros à celui de paria terroriste. L’enquête menée par le FBI est le modèle de tout ce qu’il ne faut pas faire : extorsion de preuves, magouilles en tout genre, cerveau anémié et j’en passe. Les journalistes sont ici vu comme des personnes prêtent à tout pour un scoop. Blonde vampirique usant de ses charmes avec un inspecteur du FBI, on a vu portrait plus nuancé mais comme je vous l’ai dit le sieur Eastwood ne s’embarrasse pas de fioritures, pour les subtilités on repassera. Paul Walter Hauser en Richard Jewell est touchant jusque dans son incommensurable naïveté qui fait sourire parfois. Il est parfait dans son rôle mais c’est surtout Sam Rockwell qui excelle en avocat au grand cœur qui pousse son client à la révolte. Que dire aussi de la performance de Kathy Bates en mère épleurée qui veut prouver l’innocence de son fils. On est touché par ce portrait qui assume son parti pris et ses maladresses. Clint Eastwood réussi un film en forme d’uppercut anti-système, engagé et assez courageux car à contre courant de ce qui se pense dans l’establishment d’ Hollywood. Le presque nonagénaire s’en moque comme d’une guigne de ce que l’on peut penser de ses idées. Il est là, droit comme un I et il ne change pas d’un iota envoyant valser la bienpensance très présente aux États-Unis. On adhère ou pas aux idées mais son film reste touchant et beau. Pas un grand Eastwood comme marqué sur l’affiche mais un très bon film quand même qui aurait pu être meilleur s’il avait été un peu plus subtil. Reste que ça fait plaisir de voir ce cher Clint Eastwood en forme et prêt à en découdre encore ! Qui a dit qu’avec l’âge on arrondissait les angles..

Ma note: 4,5 / 5

 

1009759.jpg-r_1920_1080-f_jpg-q_x-xxyxxL’Histoire : Jojo est un petit allemand solitaire. Sa vision du monde est mise à l’épreuve quand il découvre que sa mère cache une jeune fille juive dans leur grenier. Avec la seule aide de son ami aussi grotesque qu’imaginaire, Adolf Hitler, Jojo va devoir faire face à son nationalisme aveugle.

« Jojo Rabbit » a partagé le public et les critiques. Il faut dire que Taika Waititi (réalisateur entre autre chose de « Thor : Ragnarok ») nous revient avec un projet cinématographique bien différent de ce qu’il avait l’habitude de nous offrir. « Jojo Rabbit » est l’histoire d’un jeune garçon solitaire ayant pour seul ami un Adolf Hitler imaginaire et grotesque. Dit comme cela, on peut craindre le pire quand au rendu final du film. Pourtant, et malgré ses maladresses, ses imperfections, ce long métrage se révèle attachant. Les acteurs sont excellents. Pas facile d’interpréter un petit garçon des jeunesses hitlériennes mais Roman Griffin Davis campe un Jojo qui voit son adoration pour le führer évoluer au cours du récit. En effet, lorsque Jojo découvre un jour que sa mère, magnifiquement interprétée par Scarlett Johansson, cache une jeune fille juive dans leur grenier, c’est le choc. Abasourdi et terrifié, empli des préjugés racistes inoculés depuis son plus jeune âge par les nazis de sa ville, l’enfant est en colère et menace de la dénoncer mais Jojo va évoluer, rien n’est figé pour ce petit garçon et son Hitler imaginaire, un pantin grotesque et gesticulant, va peu à peu s’effacer au profit de cette adolescente juive. C’est Thomasin McKenzie qui tient le rôle de l’adolescente juive avec brio. La maman de Jojo est une résistante. Le film alterne séquences plus légères, voir comiques et moments d’émotions voir de terreur lorsque la Gestapo locale perquisitionne la maison de Jojo et de sa maman. Le côté décalé, ce mélange de gravité et de situations cocasses, « drôles » tant la caricature de ce monde nazi à l’heure de sa chute est bien vue, est le point fort du film. Impossible de ne pas songer à « La vie est belle » de Roberto Begnini même si « Jojo Rabbit » ne se contente pas d’être un ersatz de ce dernier. Pas aussi indispensable que son aîné « La vie est belle », ce « Jojo Rabbit » joue la carte de l’émotion mais aussi du grotesque. C’est un exercice très difficile que celui d’aborder la question du nazisme avec le regard d’un enfant de 10 ans. Le film se tient parfois au bord du précipice avant de nous enchanter durant quelques séquences fortes en émotion. Il a divisé la critique, les spectateurs et c’est normal car l’exercice est périlleux. La portée universelle du message de tolérance, le fait de montrer par l’absurde l’inanité des théories nazis, de leur perception du monde est à saluer. Si on est parfois mal à l’aise à l’idée de sourire devant ces nazis patibulaires et pathétiques, le jeu des acteurs principaux emporte l’adhésion. Loin d’être exempt de défauts, il reste l’émotion qui, même maladroite par moment, se dégage de ce film. A voir pour se forger son propre avis. A revoir « la vie est belle » le chef d’œuvre de Roberto Begnini.

Ma note: 4/5