9782226249678-jL’Histoire :
Ils ont miraculeusement survécu au carnage de la Grande Guerre, aux horreurs des tranchées. Albert, un employé modeste qui a tout perdu, et Edouard, un artiste flamboyant devenu une « gueule cassée », comprennent vite pourtant que leur pays ne veut plus d’eux. Désarmés, condamnés à l’exclusion, mais refusant de céder au découragement et à l’amertume, les deux hommes que le destin a réunis imaginent alors une escroquerie d’une audace inouïe… Fresque d’une rare cruauté, remarquable par son architecture et sa puissance d’évocation, Au revoir là-haut est le grand roman de l’après-guerre de 14, de l’illusion de l’armistice, de l’État qui glorifie ses disparus et se débarrasse de vivants trop encombrants. Dans l’atmosphère crépusculaire des lendemains qui déchantent, peuplée de misérables pantins et de lâches reçus en héros, Pierre Lemaitre compose avec talent la grande tragédie de cette génération perdue.

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Il y a des ouvrages qui vous marquent de façon indélébile, de ceux qui vous accompagnent, qui vous hantent longtemps après l’avoir terminé. Incontestablement, « Au revoir là-haut » fait partie de cela. Parlons du style tout d’abord. Une écriture très cinématographique, qui vous donne à voir et à entendre. On est emporté par le souffle du récit qui rappelle les grands classiques. Les personnages ensuite, Albert, Edouard, Henri, Marcel, Pauline, Madeleine.. des plus importants aux plus petits rôles, on est saisi par la vérité, la finesse psychologique, l’audace de ces portraits d’hommes et de femmes. Le contexte de la guerre puis de l’après-conflit est parfaitement rendu. On plonge dans les méandres de la machine à broyer des vies, des destins qu’est la Première guerre mondiale. On rit, on est ému, bouleversé, en colère, incrédule aussi face à l’adversité qu’affrontent ces hommes revenant du front. Rarement, la réalité du conflit n’aura été aussi bien rendu. C’est beau, grinçant, intemporel. Pierre Lemaitre a obtenu en 2013 le prix Goncourt pour « Au revoir là-haut ». Qu’ajouter de plus sinon que c’est un coup de maître, de ce qui confonde les médiocres pour mieux célébrer les vivants. Car de ce bouillonnement épique c’est bien de la vie dont il est question. L’amour, la colère, la folie, les excès (drogues, alcool, prostituées), les lâchetés, les errances, les turpitudes, l’abandon, la faim, la vie à en crever toujours. Un grand absent dans tout cela : Dieu. Tout juste parlerons nous de destin, de la contingence des faits qui font ou défont les uns et les autres. L’absurdité est là, en creux. Edouard est un esthète, un vivant-mort qui deviendra un mort-vivant. C’est de tout cela et de tant d’autres choses que l’on ne peut énumérer sans trahir les surprises du récit, dont je voudrais vous parler. Mais je crois bien que le mieux est encore de vous inciter à lire ce livre immense dans son ambition et dans sa volonté d’embrasser tout un monde aujourd’hui perdu. Pierre Lemaitre ressuscite les morts en nous offrant une histoire, un drame, une tragédie grecque.. c’est envoûtant d’assister ainsi aux premières loges au crépuscule que dis-je au suicide d’un monde, d’une époque. La suite de « Au revoir là-haut » est sorti ces derniers jours pour ce qui sera à terme une trilogie. Un authentique chef d’œuvre de la littérature à la réputation non galvaudée. Rare.
Ma note:5/5.

Broché: 576 pages
Editeur : Albin Michel (21 août 2013)
Collection : A.M. ROM.FRANC

81ohXiFMibLL’Histoire : Ils se nomment Marius, Boris, Ripoll, Rénier, Barboni ou M’Bossolo. Dans les tranchées où ils se terrent, dans les boyaux d’où ils s’élancent selon le flux et le reflux des assauts, ils partagent l’insoutenable fraternité de la guerre de 1914. Loin devant eux, un gazé agonise. Plus loin encore retentit l’horrible cri de ce soldat fou qu’ils imaginent perdu entre les deux lignes du front : « l’homme-cochon ». A l’arrière, Jules, le permissionnaire, s’éloigne vers la vie normale, mais les voix des compagnons d’armes le poursuivent avec acharnement. Elles s’élèvent comme un chant, comme un mémorial de douleur et de tragique solidarité, prenant en charge collectivement une narration incantatoire, qui nous plonge, nous aussi, dans l’immédiate instantanéité des combats, avec une densité sonore et une véracité saisissantes.

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Laurent Gaudé est un auteur que j’apprécie énormément. « Cris » est son tout premier roman écrit en 2001. Un récit à plusieurs voix qui se déroule durant la Première guerre mondiale et où l’on suit les différents protagonistes : lors d’un assaut sur les lignes ennemis où bien au contraire sous les bombardements de ces derniers alors qu’ils doivent résister à une contre-attaque ennemi, ou bien encore les pensées d’un permissionnaire qui n’a qu’une crainte, retourner au front. Au milieu de ce désastre.. les cris, celui d’un homme-cochon qui erre dans le no man’s land entre les deux lignes. Allégorie de la défaite, du caractère insensé et anthropophage de la guerre, du destin qui sans aucun sens apparent condamne les uns et sauve les autres. Prend et reprend. On suit le monologue intérieur de chaque personnage. C’est, comme à chaque fois pour un ouvrage de Laurent Gaudé, magnifiquement écrit. « Cris » est très court, 180 pages. Il se lit vite mais l’empreinte qu’il laisse en nous demeure longtemps après l’avoir refermé.
Ma note:5/5.

Broché: 181 pages
Editeur : Le Livre de Poche (19 octobre 2005)
Collection : Littérature & Documents