G00122_Outre_Terre.inddL’Histoire : Eylau c’est la rencontre paroxystique de l’Histoire et de la géographie. Une bataille napoléonienne qui a lieu le 8 février 1807 contre les Russes, en Prusse orientale, là où se trouvait autrefois la célèbre Königsberg fondée par les chevaliers teutoniques. Jean-Paul Kauffmann, qui s’était rendu une première fois à Kaliningrad en 1991, voulait y revenir mais, cette fois, en famille. Un voyage de cohésion familiale en quelque sorte. Eylau est une bataille à part dans les faits d’armes napoléoniens. Une bataille particulièrement meurtrière qui se déroula dans le brouillard, l’obscurité, sous la neige. Eylau est restée célèbre dans l’histoire pour la fameuse cavalerie de Murat mais aussi dans la littérature grâce au Colonel Chabert de Balzac.

Jean Paul Kauffmann poursuit ses pérénigrations sur des lieux chargés d’histoire. « Outre-Terre » voit ce dernier rejoindre l’enclave de Kaliningrad (territoire russe depuis 1945, séparé de la Russie par la Pologne et la Lituanie), le tout en famille afin de commémorer la bataille d’Eylau qui fût une victoire à la Pyrrhus obtenu contre les Russes en Prusse Orientale le 8 Février 1807. Immortalisé par Antoine-Jean Gros (1771-1835) la visite du champ de bataille d’Eylau le lendemain (le 9 Février 1807) de ce carnage par Napoléon Ier est l’une des toiles les plus célèbres du musée du Louvres. Son réalisme est saisissant. On y voit au premier plan des cadavres reposant sur la neige sous un ciel menaçant. Pour Napoléon Ier, il y eût un avant et un après Eylau. La providence qui l’avait servi jusque là se retournait contre lui. Kauffmann est hanté par cette bataille. « Outre-Terre » est le récit de son séjour là bas, des rencontres qu’il y fît, des fantômes qu’il y vît, de cette atmosphère si particulière et propre à ce pays.. Réflexion sur la mémoire, le sens de l’histoire, sur la psychologie de l’empereur et de ses soldats (des plus célèbres aux plus humbles), Outre-Terre est un ouvrage protéiforme magnifiquement écrit. Tour à tour tourmenté, sombre mais avec aussi ces moments plus légers, Kauffmann nous emporte pour ne plus nous lâcher. C’est envoûtant, profond, un très grand livre à n’en pas douter!
Ma note:♥♥♥♥♥/5.

oneline-napoleon-bataille-eylau

A40327L’Histoire : Perdue au milieu de l’Atlantique Sud, Sainte-Hélène, l’île d’où on ne s’échappe jamais. Un rocher lugubre, battu par les flots et le vent. Déporté par les Anglais après Waterloo, Bonaparte s’efforcera, pendant cinq ans et demi, de rester Napoléon en dépit des humiliations. Amoureux des îles, Jean-Paul Kauffmann s’est embarqué un jour à bord du seul bateau qui dessert Sainte-Hélène. Il découvre ses falaises noires, ses habitants reclus, son gouverneur britannique, son ex-consul de France érudit et misanthrope, ses prisonniers qui pêchent face à l’océan. Sainte-Hélène : la vie quotidienne dans l’étrange maison de Longwood au temps de Napoléon, la promiscuité, l’ennui, l’humidité, les rats. Récit de voyage et enquête sur les derniers jours de l’Empereur, ce livre décrit avec justesse la captivité et l’enfermement. La chambre noire de Longwood est une méditation sur la mélancolie historique, un huis-clos policier qui atteste que Napoléon a bel et bien été empoisonné. Par la nostalgie de sa gloire et le regret de son passé.

« La Chambre noire de Longwood » de Jean Paul Kauffmann est un classique de l’auteur. C’est à la fois un essai et un roman, Kauffmann nous parle de la mémoire historique, de son rapport au passé, au temps et surtout des dernières années de vie de Napoléon à Saint Hélène. L’empereur déchu est présent jusque dans l’absence. Celui qui est sans conteste avec le général de Gaulle, le personnage historique le plus célèbre dans le monde (un livre parlant des deux grands hommes est d’ailleurs sortis récemment et trône en tête des ventes de livres) est le fruit d’un travail formidable de l’auteur qui veut lever le mystère sur ces années d’exil de Napoléon. Lui, le grand homme n’est plus que l’ombre de ce qu’il fût. La psychologie de ce dernier est finement rendu. L’écriture est sublime et nous emporte très loin sur cet île maudite où Napoléon eut ce qui lui manqua le plus jusqu’à cet exil : du temps. Atteint d’un cancer de l’estomac, il succombera des suites de cette maladie mais pas seulement. La noirceur, la mélancolie qui chez lui n’était pas le bonheur d’être triste cher à Victor Hugo, cette bile le tuera aussi sûrement que le cancer qui l’affecta. Il attendra la mort et la percevra comme une libération puisqu’il fera alors corps avec l’éternité des génies et des Dieux. Mais ce que nous montre Kauffmann c’est que Napoléon, tout génie qu’il fût n’était pas un Dieu. Il n’aura de cesse de refaire la bataille qui le conduisit à Saint Hélène : Waterloo.. Le dernier sursaut de l’aigle impérial n’aura duré que Cent jours. Mais quelle épopée ! La France qui ambitionnait d’être la première puissance de l’Europe continentale verra avec la chute et l’exil de Napoléon Bonaparte la fin ces chimères. Il y a dans le dénuement de la maison de Longwood, au milieu des rats et des vexations anglaises, quelque chose de profondément touchant car on est là face à un homme déchu qui n’a plus que ces souvenirs pour ressasser sa gloire .Ce qu’il atteindra la mort venue et le retour de ces cendres en France effectué bien des années plus tard c’est la fascination du monde pour son destin et aussi parce qu’à l’image d’un Alexandre Le Grand, c’était un homme hors du commun !
Ma note:♥♥♥♥♥/5.