Ma chronique :

Rachid Benzine est un auteur et intellectuel, franco-marocain que je découvre avec « L’homme qui lisait des livres », un roman puissamment évocateur sur le conflit Israélo-Palestinien, au Proche-Orient, qui fait malheureusement l’actualité plus que jamais. Dans son roman, l’auteur nous expose le point de vue palestinien de la guerre terrible menée par Israël face au Hamas et aux autres groupes de combattants palestinien. Une confrontation où les populations civiles sont les victimes collatérales, comme à chaque fois malheureusement. Le roman nous parle d’un vieil homme, dans les ruines de Gaza, tenant une librairie qui, comme un petit miracle, n’a pas encore été rasée par les bombes des avions israéliens. C’est une métaphore pour souligner l’importance et la force des livres, car l’imaginaire ne peut être colonisé, nous dit Rachid Benzine. Un photographe français présent à Gaza, voit ce vieil homme lire, il veut le photographier, mais avant cela, le vieil homme l’invite dans sa librairie où les livres prennent toute la place. Forcément. Les livres sont jaunis, écornés, ils ont eu cent vies, eux aussi. On va parcourir avec le récit délivré par cet homme palestinien des décennies d’exode, de conflits, de massacres, de luttes terribles depuis la création de l’État d’Israël en 1948. Au milieu du fracas des bombes, l’homme se confie. C’est un intellectuel qui se réfugie et résiste, à sa façon, en lisant des livres. Lui l’exilé sans terre. La réalité crue de ce conflit atroce opposant deux peuples exsangues. Trop de sang versé et des populations civiles israélienne et palestinienne en souffrance. À Gaza, les médicaments et la nourriture, l’accès à l’eau manquent. En fait, tout fait défaut. C’est un beau roman dans sa forme. Rachid Benzine a une plume qui sait raconter les fracas des explosions et le silence de la lecture qui lui succède, de cette petite librairie comme havre de paix. Les références des ouvrages sont riches et soulignent l’impressionnante culture de l’écrivain. Le point de vue de Rachid Benzine peut apparaître comme naïf, car un livre pèse bien peu face à des bombes ou des tanks. Pourtant, la magie opère malgré tout. J’ai songé aux romans philosophiques d’Italo Calvino. Comme une sorte de conte où l’écriture est ciselée et exprime avec force la puissance des mots, des livres face à l’ignominie. Un livre salutaire et courageux qui célèbre la puissance des mots face à la violence la plus brutale. La librairie comme forteresse du savoir face à l’obscurantisme et à la guerre… Ce vieil homme résiste lui aussi, à sa façon, dans un Gaza rasé et privé de tout. Il fait acte de résilience et d’un courage certain, lui l’ancien prisonnier en Israël, revenu de toutes les désillusions politiques dans son propre camp. Rien que pour sa prose, ce roman mérite d’être lu.

Mon avis :

Note : 4.5 sur 5.

Date de publication : 21 août 2025 ; Éditeur : Julliard ; Nombre de pages : 128 p.