Je remercie chaleureusement Albin Michel et sa si belle collection « Terres d’Amérique » pour cette lecture enrichissante !

Ma chronique :

Tommy Orange avait fait sensation avec son tout premier roman vendu à plus d’un million d’exemplaires. Son successeur « Les Etoiles errantes«  a suivi le même chemin du succès. C’est amplement mérité tant cet auteur, membre de la tribu des Cheyennes du Sud, diplômé de l’Institute of American Indian Arts, où il a eu comme professeur Joseph Boyden, a fait sensation sur la scène littéraire. Louise Erdrich, immense autrice américaine s’il en est, dit de lui : « Personne ne sait exprimer la tendresse et la nostalgie comme Tommy Orange. » Difficile d’avoir plus beau compliment. A l’image de son titre éminemment poétique « Les étoiles errantes », on voyage à travers les époques en partant du XIXème siècle jusqu’à aujourd’hui, suivant les pas d’une famille amérindienne qui souhaite trouver le difficile chemin de l’apaisement. Tout commence dans le Colorado en 1864 où Bird, survivant du massacre de Sand Creek, est envoyé à la prison de Fort Marion en Floride. Le jeune Cheyenne y subit des sévices terribles. En plus, on le force notamment à adopter l’anglais comme langue, à se convertir au christianisme et à choisir un nouveau nom : Star. Pour l’idéologue Richard H. Pratt, il faut « Tuez l’Indien (et) sauvez l’homme », un processus visant à l’assimilation forcée, d’une rare violence. C’est le point de départ des blessures perpétrées contre cette famille amérindienne. Les générations se succèdent, avec toujours ce mal-être, cette honte, ce sentiment d’infériorité. L’alcool et les drogues n’arrangent rien. L’absence de perspective d’avenir est source de souffrances. Mais la force de Tommy Orange réside dans le fait de ne jamais tomber dans le sordide, le glauque. La réalité décrite est difficile, mais la poésie de l’écriture de l’auteur transcende tout cela. C’est assurément l’un des tous meilleurs auteurs amérindiens. Sa description des liens familiaux est d’une rare finesse. Il questionne l’identité indienne, le racisme prégnant aux Etats-Unis. Qu’est-ce qu’être Indien aujourd’hui ? Une minorité qui souffre du regard encore plein de préjugés portés sur elle. Le chômage et la pauvreté, les problèmes d’addiction, mais aussi une soif de résilience, même si elle n’est pas évidente à trouver. Face au phénomène d’acculturation forcée portée par les différents gouvernements américains, jusqu’à très récemment, il a fallu beaucoup de courage aux peuples autochtones pour maintenir leurs traditions et leurs langues. Les personnages de ce livre sont attachants jusque dans leurs faiblesses, leurs tourments. J’ai adoré ce roman d’une rare sensibilité. Le style d’écriture est magnifique. Tommy Orange est décidément un auteur qui compte dans le paysage littéraire américain. Lisez-le, vous ne le regretterez pas.

Date de publication : 20 août 2025 ; Éditeur : Albin Michel ; Nombre de pages : 368 p.

Mon avis:

Note : 5 sur 5.