Ma chronique :

C’est le tout premier roman de Daniel Mason que je lis. Il s’est fait connaître il y a vingt ans avec un ouvrage qui s’appelait « L’accordeur de piano » qui fût un best-seller et il a été également finaliste du prix Pulitzer en 2021. « Seule restait la forêt », paru pour cette rentrée littéraire, est un livre étonnant, surprenant, une célébration de la nature, une ode à son caractère immuable que l’on souhaiterait intangible. Car cet arpent de forêt dans les bois de la Nouvelle-Angleterre aux États-Unis, d’où va surgir une cabane, construite par deux amoureux fuyant une colonie puritaine, il y a quatre cents ans de cela, va être le point de départ d’une histoire aux multiples récits. On va y traverser des périodes de tempêtes et d’autres moments d’accalmie, de bonheur.

La force de ce roman réside dans le fait que l’on ne s’y perd jamais. Même si les personnages sont nombreux, on suit avec un grand plaisir les multiples facettes d’un livre qui voit cette cabane qui deviendra une maison, changer de propriétaires les années passant. La terre et les arbres seront les témoins et j’oserai presque dire les acteurs passifs des péripéties qui vont arriver à nos personnages. Les époques défilent. Un soldat du XVIIIᵉ siècle à qui tous les honneurs étaient promis deviendra ainsi un cultivateur de pommes, on y découvrira aussi un chasseur d’esclave, un peintre naturaliste, deux sœurs à qui il incombera de s’occuper de l’exploitation et d’autres encore que je ne vous dévoilerais pas pour ne pas gâcher votre lecture. Entre chaque histoire, quelques pages avec un texte poétique ou bien encore des descriptions d’insectes, d’éléments propres à la nature environnante de cette maison. J’ai aimé également la touche de fantastique par moment. On y suit des réussites, des échecs, des aveux d’impuissance et d’autres péripéties. Cette maison, on s’y attache même si elle tend vers le délabrement selon les périodes. Et puis, il y a ce petit bois avec ses arbres qui voient filer l’évolution des hommes, de leurs nouvelles machines jusqu’à leur folie. Daniel Mason signe un ouvrage foisonnant, très bien écrit, empli d’inventivité jusque dans les choix des titres de chapitres qui sont souvent alambiqués. Mais tout ceci est voulu et l’on a vraiment l’impression de suivre le journal de la vie de cette maison avec cet arpent de terre et de bois. Les hommes et les femmes y vivent, y trépassent, mais la vie continue, les cycles des saisons, de la nature, les drames et les joies. Il y a de l’émotion dans ce roman, on s’attache à certains de ces personnages en suivant leurs vicissitudes.

Au final, on est face à un roman original, foisonnant, captivant de bout en bout, avec un style d’écriture enlevé. Un roman sur le temps qui passe et où la nature est un personnage à part entière. « Seule restait la forêt » de Daniel Mason est paru aux éditions Buchet Chastel et c’est un des livres intéressant à découvrir en cet automne. On éprouve un véritable plaisir de lecture. Une certitude, je lirai d’autres romans de cet auteur. N’hésitez pas.

Mon avis :

Note : 4 sur 5.

Date de publication : 22 août 2024 ; Éditeur : Buchet Chastel ; Nombre de pages : 512 p.