Synopsis : Né à même le sol d’un mobil-home au fin fond des Appalaches d’une jeune toxicomane et d’un père trop tôt disparu, Demon Copperhead est le digne héritier d’un célèbre personnage de Charles Dickens. De services sociaux défaillants en familles d’accueil véreuses, de tribunaux pour mineurs au cercle infernal de l’addiction, le garçon va être confronté aux pires épreuves et au mépris de la société à l’égard des plus démunis. Pourtant, à chacune des étapes de sa tragique épopée, c’est son instinct de survie qui triomphe. Demon saura-t-il devenir le héros de sa propre existence ?

Ma chronique : « On m’appelle Demon Copperhead » de Barbara Kingsolver a obtenu le prestigieux Prix Pulitzer pour une histoire dont l’autrice revendique des racines à la Charles Dickens. En effet Demon Copperhead, le personnage dont nous suivons le récit à la première personne, a tous les ingrédients pour en faire un anti héros à la Dickens. C’est peu dire que Demon n’a pas eu toutes les chances de son côté dès sa naissance, lui qui fît irruption dans la vie dans un mobil-home au fin fond des Appalaches, d’une mère toxicomane et d’un père décédé avant même qu’il ne vienne au monde. Un beau-père dont la cruauté et la perfidie n’a d’égale que le peu d’intelligence dont il est pourvu. Voilà un peu dans quel piège notre pauvre Demon a mis les pieds. Il va connaître les services sociaux et les familles d’accueil, la pauvreté, les moqueries des camarades le prenant pour un plouc, un Red neck comme on les appellent, dans une région des Appalaches déjà connu comme étant l’une des plus déclassées des Etats-Unis. Dans son coin, personne ne va à l’université. Il ne connaît qu’une jeune voisine qui a fait des études pour devenir infirmière. C’est un roman extrêmement dur, sombre et qui nous dévoile la face voilée et cachée des Etats américains les plus pauvres. Barbara Kingsolver adopte le langage et les codes de ces générations paumées, méprisées, oubliées. En creux, la toxicomanie notamment celle des junkie accroc au fentanyl et autres médicaments délivrés sur ordonnance par des médecins peu scrupuleux, ou qui ferment volontairement les yeux. Demon est un personnage attachant malgré ses manques, mais comment pourrait-il en être autrement avec la vie qu’il mène et le peu d’affection dont il a été l’objet. C’est un pavé que j’ai dû lire par petites touches car vraiment le sujet est difficile et extrêmement noir. Des générations décimées par la drogue, la pauvreté, le manque de tout ce qui peut vous permettre de sombrer dans ce chaos qu’est la toxicomanie. J’ai été profondément ému par cette lecture qui laisse une trace durable dans l’esprit du lecteur. Le Prix Pulitzer est amplement mérité car c’est un roman brillamment écrit qui délivre un message sans concession sur la situation américaine face à ce fléau de la drogue. Si vous vous sentez prêt à pénétrer dans un tel univers, c’est une lecture qui, à coup sûr, vous marquera.

Mon avis :

Note : 4 sur 5.