Je remercie chaleureusement les éditions du Seuil ainsi que Babelio pour ce service presse.

Ma chronique : Anne Plantagenet rend un vibrant hommage, avec son tout nouveau roman, à Letizia Storti. C’est le récit d’une rencontre entre une femme d’une cinquantaine d’années, Letizia, travaillant depuis plus de trente ans, dans une usine fabriquant des médicaments, et une écrivaine Anne. Une histoire vraie et un témoignage poignant sur les conditions de travail, la pression sidérante et inhumaine de DRH incompétents. Ce roman parle de travail, de sa valeur sacrée mais pourtant bafouée par une hiérarchie dans l’entreprise qui va broyer Letizia. Peu à peu, l’étau se resserre autour d’elle. Reconnu avec la RQTH, reconnaissance qualité de travailleuse handicapée, rien n’est pourtant fait pour mettre en confiance et faire travailler dignement Letizia. Anne Plantagenet décrit la descente aux enfers et les arcanes d’un monde du travail, marchant sur la tête. C’est un roman absolument bouleversant. On le quitte la boule au ventre, révolté, sidéré qu’à notre époque de telles choses puissent encore exister. Letizia connaîtra un peu de bonheur en interprétant le rôle de sa vie dans la peau d’une syndicaliste dans le film « En guerre » de Stéphane Brize avec Vincent Lindon. La montée des marches à Cannes, cette parenthèse folle, son quart d’heure de gloire, elle pourtant si humble, si modeste. Anne Plantagenet nous émeut et dessine la vie modeste d’une femme ne demandant qu’à exercer son métier dans la dignité. On ressent une immense colère et une profonde affliction en suivant le parcours de Letizia Storti. Tout ce qu’on lui impose, les humiliations, les brimades, la peur de perdre son emploi, de n’être plus bonne à rien. Elle qui travaillait depuis l’âge de dix huit ans dans cette entreprise, pour laquelle elle aura tout donné, sans aucun remerciement, aucun retour de la hiérarchie. La description faite de tout ce phénomène est parfaitement rendue par le style d’écriture de Anne Plantagenet. La question du suicide et du suivi, ou plutôt de l’absence de suivi des patients en souffrance psychique est un autre sujet poignant et passionnant du roman. Beaucoup d’émotions et de la révolte quant au traitement des ouvriers, aux conditions de travail, à l’absence de structure capable de soutenir le travailleur en souffrance. La loi de la jungle où les plus forts se jouent des plus faibles, des plus fragiles. Reste le courage de cette femme qui voulait simplement travailler à un poste aménagé, et qui s’est retrouvé voué aux gémonies. Merci à Anne Plantagenet d’avoir, avec l’écriture de ce roman, offert une lumière sur le destin de Letizia Storti. Une lecture salvatrice même si âpre et difficile de par son sujet. Si vous aimez les films de Stéphane Brize, Anne Plantagenet signe son pendant en roman.

Mon avis :

Note : 4 sur 5.