L’Autrice : Hélène Delalex est conservatrice du patrimoine Mobilier et Objets d’art au musée national des châteaux de Versailles et de Trianon, en charge des appartements intérieurs de Marie-Antoinette. Elle est l’autrice de plusieurs ouvrages historiques et biographiques. Elle enseigne également l’histoire de l’art en classe préparatoire aux concours du patrimoine de Sorbonne Université.

Delalex Hélène, « Marie-Antoinette, la légèreté et la constance« , Perrin-Collection BNF, 312p., 2021

Ma Chronique : Marie-Antoinette est l’un des personnages historiques les plus célèbres dans la postérité nationale française. Il n’y aurait guère que Napoléon Bonaparte pour égaler le mythe bâti autour de l’odieux crime la condamnant à mort, peine exécuté le 16 octobre 1793, quelques mois seulement après son époux, le souverain Louis XVI, exécuté le 21 janvier 1793. En voulant l’humilier, lui faire subir les pires outrages lors de son procès politique qui dura trois jours ils ont construit un mythe. Marie-Antoinette subit l’avanie avec une posture digne de son rang. Jusqu’au pied de l’échafaud, « la putain autrichienne » haïe de Hébert et son torchon « Le père Duchesne », où les plus vils attaques ne cesseront de s’abattre sur la Reine. Séparée de ses enfants, accusée du pire des crimes, l’insoutenable tentative de la présenter comme mère incestueuse, elle résista et démontra un courage peu commun, qui étonna ses plus ardents contempteurs. Ils voulurent la détruire mais par delà la mort, la postérité en fît une martyre de la Terreur Robespierrienne. Jamais une reine de France ne connut un tel élan visant à mieux saisir cette femme dont on pense connaître tout d’elle, alors qu’au fond elle demeure une énigme. Insaisissable Marie-Antoinette. La toute jeune fille mariée à 14 ans au timide et tendre Louis XVI. Les premiers pas à Versailles. L’étiquette et les contraintes de son rang. Puis la fuite dans l’imaginaire, les rêveries, les jeux, les galanteries et l’élaboration de ce qui deviendra une vie privée ardemment souhaitée par la souveraine de France. Le petit Trianon, ces bâtiments de fermes tout droit sortis d’un village Potemkine, avec son potager, les animaux de la ferme, le lait recueilli au matin, le plan d’eau. Un époux aimant mais trop tendre pour les fonctions occupées. Il ne prendra véritablement jamais la pleine mesure du destin alloué aux souverains. Commander, diriger, faire preuve de fermeté quand cela est nécessaire, le pauvre Louis XVI ne comprit que trop tard combien la haine était présente dans le peuple de Paris. Une haine encore plus forte lia le sort de Marie-Antoinette aux horreurs de la foule parisienne révolutionnaire. La sauvagerie de l’exécution de Madame de Lamballe, son corps mutilé et livré à la foule emplie de haine, sa tête promenée au bout d’une pique sous les fenêtres au Temple. C’est Marie-Antoinette qui fît preuve de la fermeté de caractère et de la volonté la plus farouche de maintenir la monarchie absolutiste qu’elle estimait être le seul régime convenant. Elle ne lisait pas, était volontiers coquette et dépensière pour la décoration qu’elle aimait tant. Changer ceci, cela selon son bon plaisir. Face aux brûlots et feuilles incendiaires la faisant passer pour l’odieuse « Autrichienne », elle ne fût jamais véritablement accepté par le peuple français. Il faut dire que le passif des guerres opposant l’Empire autrichien au royaume de France ne plaidait pas en faveur de ce changement de stratégie d’alliance au moment de la guerre de Sept-ans (1757-1763). Louis XV le voulait et l’impératrice Marie-Thérèse d’Autriche aussi. Le mariage de Marie-Antoinette et de Louis XVI était avant tout un acte signifiant l’alliance de deux royaumes. Le petit-Trianon était son paradis, ce petit coin de verdure, les artifices d’un village fantasmé, d’un peuple de paysans heureux alors qu’en fait le royaume croulait sous les dettes, la pauvreté étant largement répandue dans un royaume nécessitant des réformes en terme d’imposition que Louis ne fût suffisamment à même de mener. Les enfants de Marie Antoinette, le fils aîné mort si jeune de tuberculose Louis Joseph de France, la mort de la petite princesse Sophie de France, heureusement il y eût Marie-Thérèse de France appelée « Madame royale » et le dauphin Louis-Charles de France « Louis XVII. » Marie-Antoinette éprouva un amour incommensurable pour ses enfants. Elle fût très présente pour eux. Et puis il y eût cet autre mystère qui n’en est plus un, le comte Axel de Fersen, son unique et véritable amour. Leur relation amoureuse se traduit dans les échanges épistolaires entre les deux « amants. » L’ouvrage de l’historienne Hélène Delalex est particulièrement bien pourvu en illustrations issues des collections de la BNF. Certaines de ces illustrations sont inédites et elles apportent vraiment énormément à un texte prenant, très bien écrit, érudit, avec un souffle certain. Une biographie qui se lit comme un roman. Les illustrations sont vraiment l’atout majeur de cette biographie de Marie-Antoinette. Certains mystères demeurent, des fantômes, des ellipses, tout ces éléments tournoient emportés par les premiers frimas de l’automne. On ne saura probablement jamais qui elle fût vraiment en son cœur. Fersen, ses enfants, Louis… Les ressources suscitées par les tragiques événements survenus à la Révolution française. Où trouva t’elle ce courage et cette énergie nouvelle, un peu comme si face aux drames, elle prenait la pleine conscience de ce que signifiait être reine de France. Une biographie passionnante que je vous recommande.

Mon avis :

Note : 5 sur 5.