Mes meilleurs vœux pour cette année 2023 à vous toutes et tous qui faites vivre ce blog avec tous ces échanges, ces partages, ces découvertes.. Je vous souhaite la santé et les bonheurs qui font le sel de la vie. Profitez bien des fêtes ! Je voulais vous remercier chaleureusement pour cette belle aventure Blog qui se poursuit en 2023 avec un immense plaisir ! En 2023, cela fera 13 ans que « La culture dans tous ses états » existe sur WordPress ! Que 2023 soit riche, pour vous et moi, en coup de cœurs littéraires, cinéphiles, musicaux et séries !

Bises bretonnes et amitiés ! 

Frédéric.

Voici venu l’heureux moment des bilans de l’année, quels sont les romans qui ont pour moi marqué l’année 2022. Cette année fût particulièrement riche en terme de qualité des sorties littéraires. En attendant la rentrée littéraire de Janvier 2023, voici les livres de littérature blanche que je vous recommande en cadeaux sous le sapin à Noël ! 

Je vais débuter cette petite sélection par un énorme coup de cœur dans la collection « La Nuit au musée » des éditions Stock, le sublime « Quand tu écouteras cette chanson » signée Lola Lafon dont je suis un inconditionnel.

Mon Avis : Fruit d’une nuit passée à l’Annexe, le lieu où Anne Franck se cacha avec sept autres personnes jusqu’à leur arrestation par la gestapo en août 1944, le nouveau roman de Lola Lafon est une plongée sidérante et cathartique sur l’acte d’écrire et le rôle alloué à la mémoire. C’est LE grand roman à lire et à offrir.

« Prix Les Inrockuptibles 2022« 

Lola Lafon « Quand tu écouteras cette chanson », 214p., Stock, 17 août 2022,

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Mon avis : Un autre roman dans une veine historique contemporaine, sur un sujet qui fait l’actualité depuis plusieurs mois déjà avec l’invasion de l’Ukraine par les troupes russes sur ordre de Vladimir Poutine. « Le Mage du Kremlin » de Giuliano Da Empoli, s’impose comme LE roman pour tenter de saisir l’iceberg, la face enfouie d’un système très opaque, celui du pouvoir néostalinien de Poutine. Un climat de paranoïa mêlée d’un fort ressentiment envers tout ce que représentent l’occident jugé comme décadent. Le système Poutine est pétri de cette aspiration à redevenir une puissance mondiale, quitte à l’obtenir par des moyens militaires. Ici, on ne parle pas de l’Ukraine, c’est un roman mais on devine que ce « tsar » a beaucoup en commun avec le dictateur russe. Très bien écrit, passionnant de bout en bout. C’est un voyage au cœur des secrets les mieux gardés au monde. Qui est cet homme ? De quel monde est-il originaire ? C’est passionnant, le roman est court et on apprend des choses très intéressantes. Attention ce n’est pas une biographie de Poutine mais plutôt une immersion au cœur du pouvoir russe.

Prix de l’académie Française 2022 

Giuliano Da Empoli, « Le mage du Kremlin », 288p, Gallimard, 14 avril 2022,

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Mon avis : Prix du roman Fnac 2002 amplement mérité. Un récit extrêmement sombre sur la maltraitance, l’inceste, la tentative de reconstruction d’une jeune femme, le poids de sa culpabilité, la peur, toujours, de cet ogre, de ce monstre qui fût son père. « Sa préférée » fait partie de ces romans qui nous marquent longtemps après l’avoir lu. Je préfère vous prévenir que ce roman ne doit pas être offert à des personnes n’ayant pas trop le moral, les inconditionnels des Feel-good et autres romans légers qui font du bien à l’âme surtout en ces fêtes de fin d’année. A vous de voir, je vous le redis, c’est un roman magnifique mais à ne pas mettre entre toute les mains.

 Prix du roman Fnac 2022

Sarah Jollien-Fardel, « Ma préférée », 200p., Sabine Wespieser Eds, 25 août 2022 

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Voilà pour les trois premiers romans sélectionnés, place aux récits de « La collection Terres d’Amérique » chez Albin-Michel, des textes souvent sombres et tragiques mais qui constituent d’indubitable valeurs sûr. Là encore trois romans américains :

Mon avis : La description de la jungle que peut-être la rue est poignante. Kiara est une victime mais il lui faudra un long cheminement pour l’accepter. Son dégoût qu’elle éprouve pour ces hommes qui l’abusent, pour elle-même. Un roman sombre, magnifié par une forme de poésie, de réalisme avec une pointe de mystère, une plongée dans la psyché de Kiara et de tous ces oubliés crevant dans la rue, elle qui dévore tout les êtres arpentant la nuit. Le sordide côtoie l’amitié inaltérable entre cet enfant et Kiara, perçu par ce petit être comme une maman de substitution. Un roman qu’il faut absolument découvrir en cette rentrée littéraire. Un coup de cœur. Le roman s’intitule « Arpenter la nuit » de Leila Mottley.  Une auteure qui, avec son roman « Arpenter la nuit« , touche notre âme et nous foudroie. Un grand livre à découvrir !

Prix Page-America 2022

Leila Mottley, « Arpenter la nuit », 416p., Terres d’Amérique Albin Michel, 17 août 2022

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Mon Avis : Un premier roman d’une noirceur totale mais qui envoûte avec le personnage de Amy. John Woods est un écrivain sur qui il va falloir compter dans les prochaines années. Son regard sur l’Ohio est d’une précision chirurgicale, sans concession avec un style d’écriture envoûtant, une plume acérée qui appuie là où cela fait mal, dans la lignée d’un Stephen Markley et de son « Ohio. » Crépusculaire, sombre et profondément mélancolique, on assiste au parcours d’une jeune fille obèse qui rêve d’être vétérinaire et qui est prête à tout pour réaliser son ambition. Amy Wirkner a dix-huit ans et elle vit dans un mobil-home avec ses parents. Ces derniers ont loués leurs terres contre une somme dérisoire pour installer sur leur propriété l’exploitation de gaz de schiste. C’est un drame écologique et humain pour les populations locales. Le frère de Amy est handicapé, il a une malformation dû à une réaction à l’eau et à toute cette terre polluée. Amy veut fuir cette misère et réussir sa vie. Mais un jour sa vie bascule, Paul son meilleur ami l’entraîne dans une situation périlleuse dans laquelle Amy va perdre pieds. Sa famille est dérangeante avec ce grand père raciste qui à tué plusieurs personnes noirs, son oncle néo-nazi vivant dans un environnement complotiste et paranoïaque dans son bunker sous terrain. Le malaise s’installe et il ne nous quitte plus car Amy est une anti héroïne fascinante dans un récit construit autour du basculement vers une autre vie loin de l’Ohio. La loi du destin, mais pas seulement puisque les choix de vie que nous faisons pèsent sur notre histoire personnelle. Un récit empli de noirceur, de colère et un monde décrit sans compromission avec la réalité. Ce premier roman, « Lady Chevy » de John Woods est un grand roman noir américain. Il est paru chez Albin Michel dans la très belle collection Terres d’Amérique.

John Woods, « Lady Chevy », 480p., Terres d’Amérique, Albin Michel, 26 janvier 2022

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Mon avis :« Les Femmes du North End » du nom d’un quartier défavorisé de Winnipeg d’où est originaire l’autrice Katherena Vermette, est un roman avant tout chorale marquant, magnifiquement écrit et qui permet de mieux comprendre les liens transgénérationnels qui concernent ici une même famille à travers le prisme strictement féminin. Les chapitres alternent les points de vue des différentes membres de cette famille métis mi blanche, mi indienne. Les hommes ont une autre place, ils sont en périphérie de l’histoire notamment Tommy, le jeune policier métis qui est appelé sur les lieux d’une agression d’une rare violence. La victime a disparu. C’est Stella, qui a assisté au drame depuis sa fenêtre et qui décide d’appeler les forces de l’ordre. Quelques heures plus tard, une toute jeune fille, est conduite à l’hôpital. Elle saigne abondamment et aurait été victime d’un viol cette nuit là. Qui a pu commettre un tel acte ? C’est une histoire de résilience à laquelle nous convie l’autrice. Des portraits de femmes de tous âges ayant chacune leur part de drames, leur lot de souffrances, de non dit et de secrets de famille inavouables. Lorsqu’elles apprennent que la victime n’est autre que leur Emilie, chacune d’entre elles vont réagir à leur façon, la tragédie humaine faisant remonter des abysses jusqu’à la pleine conscience des évènements qui les ont touchés dans leur chair. Car les générations se succèdent sous le sceau du poids du racisme, de la violence verbale et physique des conjoints, les problèmes d’alcool, la drogue partout et cette mort que l’on voit venir et qui vous brûle à petit feu faisant de vous une proie. Ces femmes sont chacune à leur façon des rescapés, des survivantes de la pauvreté, des addictions, de la violence qui enivre, des coups. Néanmoins, face au drame de leurs existences, elles vont se battre, chacune à leur façon, afin de briser le poids de leurs destinées, celles qui voudraient faire d’elles uniquement des victimes. Elles vont se battre, aimer, haïr, partager, s’entraider et ne rien céder dans leur combat pour l’affirmation de leur identité de femmes métis, nées dans la pauvreté mais nullement prête à subir le lot de leurs conditions. C’est un roman de femmes révoltés, refusant les injonctions de leur époque. Des femmes libres, qui le vivent comme tel, même si certaines d’entre elles n’en ont pas tout de suite conscience, de leur force de résilience. Oublier n’est pas forcément pardonner mais c’est aussi et surtout une façon d’apprendre à vivre avec les drames vécus dans leur chair. Un roman puissamment évocateur, habité par le combat, la lutte pour l’émancipation, la liberté d’être tour à tour forte et fragile, enchaîné ou libre. Une quête émancipatrice, un voyage aux confins de cette mince frontière entre le bien et le mal. A ce titre, la fin est un modèle du genre. L’émotion, la colère, l’amour, la haine autant de sentiments qui nous traversent durant cette lecture. Katherena Vermette s’inscrit avec ce roman sublime comme l’une des autrices majeures au Canada. Une témoin à l’acuité saisissante sur ce qui fonde l’âme amérindienne mais aussi celle des êtres fruits de l’union entre deux cultures qui ont tant à apprendre l’une de l’autre.

Katherena Vermette, « Les femmes du North End », 448p., Terres d’Amérique, Albin Michel, 30mars 2022

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Après les romans de littérature blanche, place aux récits biographiques et livres d’histoire :

Mon avis : Au delà de l’historien exceptionnel qu’est Emmanuel de Waresquiel, de son immense talent d’écriture, de la qualité des biographies qui l’ont fait connaître, ce nouveau livre intitulé « Voyage autour de mon enfance » m’a permis d’appréhender cet homme sous le prisme de l’enfance, de son enfance. Emmanuel de Waresquiel se confie avec pudeur sur son enfance quelque peu originale pour nous mais qui était la norme chez cette noblesse ancienne qui ne roulait pas sur l’or mais vivait dans ce que l’on appelait un château. N’imaginons pas là quelque chose de gigantesque mais bien plutôt les oripeaux, la trace du temps qui passe mais qui dans ce milieu des années 1960, semblait se figer. Cette période des années 60 où l’on commence à percevoir les bouleversements qui conduiront aux bouleversements politiques de la fin de cette période. Né en 1957, Emmanuel de Waresquiel nous touche car il nous décrit un lieu comme hors du temps et où l’agitation du monde semble ne pas affecter ces lieux de tendresse, celle d’une mère aux accents anglais, que l’on vouvoyait mais qui a apporté à l’auteur enfant, tout son amour et sa confiance en l’avenir de son fils. Son père tout droit sorti de l’école Saint Cyr, est un pur produit de cette génération qui a connu la guerre de 39-45. Ce père taiseux, aimant, touchant. Emmanuel de Waresquiel dompte la litanie des échos lointains de l’enfance et nous prend totalement au jeu de son récit raconté sans nostalgie d’un temps aujourd’hui perdu. C’est un livre écrit d’une traite, citant les auteurs marquant mais aussi les odeurs, les sensations, les émotions de l’enfance. Ce sentiment que rien ne doit bouger et que l’on resterait bien éternellement loin de l’école lui préférant une autre, l’école buissonnière. Emmanuel de Waresquiel est rêveur, plutôt indolent, assez seul puisque ne rencontrant peu d’enfant de son âge. Le portrait des lignées paternelles et maternelles est impressionnant mais là encore l’auteur nous raconte sur un ton badin, avec simplicité, sans effet d’accentuation du prestige de ses ancêtres. Ecrivain admirable, on sent sous le vernis de cette enfance choyée, les obsessions et l’attachement profond au récit d’histoire, à la magie de la reconstitution des temps par petite touche de ci de là, tel un artiste peintre créant sur sa toile. Ce récit est aussi celui d’un voyage où l’auteur nous guide en ami, nous questionne car la période de l’enfance est consubstantielle de l’adulte que nous devenons. Une nouvelle fois Emmanuel de Waresquiel m’a emporté et réjoui.

Prix Jean D’Ormesson 2022

Emmanuel de Waresquiel, « Voyage autour de mon enfance », 192p., Tallandier, 10 mars 2022

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Mon avis : Méticuleux dans sa reconstitution du parcours d’un homme contraint de servir dans l’armée allemande du fait de l’absorption par le Reich de l’Alsace Moselle, ce roman historique est absolument passionnant. Le destin d’une famille subissant de plein fouet les méthodes barbares des nazis. Une réhabilitation de ces jeunes hommes injustement qualifiés de collaborateurs alors qu’ils ne demandaient qu’à servir la France libre. Envoyé sur le front de l’Est, près de 40 000 d’entre eux ne reviendront pas.« Envers et malgré nous« , le brillant roman historique signé Laurent Koessler est un récit poignant, une réflexion sur le transgénérationnel, la nécessaire résilience, la compréhension que le blanc et le noir sont entremêlés, que ce qui passent pour des vérités cachent, bien souvent, une réalité tout autre. Pendant longtemps, l’historiographie concernant les « Malgré nous », surnom donné aux Alsaciens et Mosellans, qui n’eurent d’autres choix que d’entrer dans la Wehrmacht ou la Waffen SS,, fût placé sous le signe de la collaboration, de l’immoralité d’avoir combattu sous l’uniforme allemand. le récit des « Malgré nous », c’est dans ce roman, la petite histoire qui rejoins la grande histoire. 

Laurent Koessler, « Envers et malgré nous », 349p., Jourdan Eds, 25 mai 2022

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J’ai plusieurs lectures de livres d’histoire en cours, je ne les aient pas chroniqués encore, ce sera pour l’année 2023, je vous présente tout de même les titres de ces ouvrages, leurs éditeurs. Ceux sont des livres d’histoire extrêmement récents. Je mets un point d’honneur à ne lire que des chercheurs et historiens pointus (c’est aussi dû à mes études d’histoire) afin d’être confrontés à des livres ayant une nouvelle approche. On parle beaucoup de « l’histoire globale » chère à Patrick Boucheron, c’est une des mises en perspectives des livres d’histoire que j’ai choisis et qui sont bien au chaud à l’appartement en attendant d’être lus. De beaux ouvrages qui valent vraiment le coup. Si vous et vos proches aimez l’histoire, faites vous plaisir !

Jean Christophe Buisson, « Le noir et le brun », 384p., Perrin, 22 septembre 2022.

https://www.amazon.fr/noir-brun-Jean-Christophe-Buisson/dp/2262095213/ref=sr_1_1?crid=3VL5H7MIN2KHW&keywords=jean-christophe+buisson+le+noir+et+le+brun&qid=1671553431&sprefix=le+noir+et+le+brun%2Caps%2C83&sr=8-1

Lecture en cours, un immense merci à Matatoune pour sa belle présentation de ce livre d’histoire. C’est elle qui m’a donné l’envie de l’acheter et de le lire. Sa chronique ici : https://wordpress.com/read/feeds/72141141/posts/4413891943

Dirigé par Alexandre Bande, Pierre-Jérôme Biscarat et Olivier Lalieu, « Nouvelle Histoire de la Shoah »,350p., Passés-Composés, 1er septembre 2021

Marie Moutier-Bitan, « Les champs de la Shoah, l’extermination des Juifs en Union soviétique occupée, 1941-1944. », 622p., Alpha, 7 septembre 2022.

Benoît Rondeau, « Etre soldat d’Hitler », 600p., Perrin, 23 mai 2019

Sous la direction de Florian Mazel, « Nouvelle Histoire du Moyen Age », 1056p., Seuil, 21 octobre 2021.

Sous la direction de Paulin Ismard, coordination Benedetta Rossi, Cécile Vidal et le soutien de la Fondation pour la mémoire de l’esclavage, « Les mondes de l’esclavage, une histoire comparée », 1168p., Seuil, 16 septembre 2021.

Jean-Luc Leleu, « Combattre en dictature, 1944, la Wehrmacht face au débarquement », 784p., Perrin, 18 août 2022.

Mon avis : Un livre qui fait douloureusement écho à l’actualité avec le conflit russo-ukrainien. En effet, comment ne pas songer au mépris de la vie humaine, aux offensives vaines, aux échecs qui se multipliant fragilisent le dictateur. La radicalisation du régime nazi, suite à l’attentat du 20 juillet 1944, avec cette dérive de plus en plus mortifère, la psychose autodestructrice et totalement paranoïaque d’un Hitler sous l’emprise de psychotropes puissants, de cocaïne et autres substances, qui va sacrifier son armée, son peuple. La moitié des soldats allemands morts, durant la Seconde guerre mondiale, le seront lors des neuf derniers mois du conflit. Perdue depuis la cinglante défaite à Stalingrad de la VIème armée de Von Paulus entre fin 1942 et début 1943, la réponse du régime hitlérien est celle d’un Goebbels appelant à « la guerre totale » en février 1943, face à une salle pleine de nazis convaincu que le sort de la guerre peut encore évoluer dans le sens de l’Allemagne. A l’Est, les troupes allemandes subissent défaite sur défaite face au rouleau compresseur russe. L’offensive de la dernière chance au niveau du saillant de Koursk à l’été 1943, une opération totalement folle où l’adversaire soviétique connaissait les plans allemands et avait donc préparé ses différentes lignes de défense. Plus nombreux, mieux armés, bénéficiant de la puissance sans limite de leur artillerie et de leur aviation, les russes écrasent la Wehrmacht qui ne fera plus que subir, en mettant en place une défense élastique. En février 1944, c’est le chaudron de Tcherkassy, un autre Stalingrad avant l’assaut final déclenché à l’été 1944, l’opération Bagration qui consume les derniers carrés de soldats allemands. C’est à l’Est que l’Allemagne perdit la guerre. Néanmoins, nos mémoires ont retenu l’importance du débarquement alliées le 6 juin 1944 et de la bataille d’attrition qui en suivit dans le bocage normand durant douze semaines. « Combattre en dictature » n’est pas un énième livre sur la bataille de Normandie. Le but ici est de comprendre ce qui conditionna les soldats allemands à lutter de façon féroce face aux alliées. La bataille était perdu d’avance. 2 millions d’hommes côté allié, 640 000 hommes côté allemand, un avantage allié en matériel militaire absolument saisissant (blindés, artillerie, aviation, navires de guerre..). Jean Luc Leleu, historien au CNRS (Maison de la recherche en sciences humaines/université de Caen-Normandie) s’applique à déconstruire les légendes autour de cette bataille, le tout du côté allemand. Après la guerre, beaucoup d’officiers, de généraux ont falsifiés la réalité de la bataille en occultant leurs erreurs tactiques, leur peur d’Hitler et de ces moyens de coercition. La Wehrmacht a commis autant de crimes que la Waffen SS. Du simple soldat aux officiers, généraux, c’est tout l’organigramme nazi qui mena, en toute conscience des crimes de guerre. Une armée allemande aux unités disparates, cosmopolites, mal équipée, mal soignée, mal dirigée. Aucun soutien aérien, des renforts au compte goûte, un manque de munition et d’essence pour les blindés. Alors Jean-Luc Leleu pose la question de savoir pourquoi, malgré tous ses éléments relevés, l’armée allemande a tenté de résister durant douze semaines. Le moral, le sens du sacrifice (mythe ou réalité ?), l’impact de la propagande, le serment de fidélité à Hitler, l’obéissance forcenée cachant une réalité beaucoup plus complexe avec des unités entières se rendant, des généraux désobéissant discrètement aux ordres de tenir « jusqu’à la dernière cartouche » selon les mots du dictateur. Pour sauver ce qui pouvait encore l’être. Le rôle de la propagande, la croyance du simple soldat aux armes « magiques » comme les V1, V2, les avions à réaction, les nouveaux sous marins et blindés, qui pensaient-ils inverseraient le cours de la guerre. Des chimères, des mensonges d’un dictateur totalement coupé de la réalité, entouré d’une cours vaniteuse ne songeant qu’à être le premier « paladin » d’Hitler. « Combattre en dictature » analyse et décortique avec précision, acuité et une connaissance sans faille des archives allemandes, des interrogatoires des prisonniers allemands par les alliés. Tout ces éléments amènent à renverser les paradigmes, à revoir notre façon de penser la guerre au niveau du soldat. Loin des troupes fanatisés présentés par les actualités de la propagande de Goebbels, on retrouve énormément de combattants subissant jour après jour un conflit meurtrier, sans espoir de victoire, abandonné des hautes sphères du régime nazi. Une poignée de fanatiques nazis, souvent de très jeunes éléments entre 17 et 20 ans qui n’ont connu et vécu que sous le joug d’Hitler, se sacrifièrent, principalement dans des unités Waffen SS. Mais là encore, l’image d’Épinal du courage et du sacrifice au combat des unités blindées SS ou des unités d’élites parachutistes, des hommes ayant connu l’expérience du front de l’Est, n’est pas aussi massif et systématique que l’on a pu le penser. Les troubles psychiques, les maladies, l’hygiène, le manque de nourriture, l’absence de relève des troupes en première ligne, tous ces éléments se rajoutent à une défaite rendu inéluctable. Le lavage de cerveau, l’absurdité des consignes, la violence et la barbarie d’éléments de la Wehrmacht, de la SS à l’encontre des populations civiles, des résistants fusillés et torturés. On apprend aussi que les officiers allemands avaient pour ordre d’abattre les soldats abandonnant leurs positions. Une somme de plus de 780 pages sortie chez Perrin en août 2022. Si vous aimez l’histoire, tout particulièrement la Seconde guerre mondiale et la bataille de Normandie, ce livre de Jean-Luc Leleu vous permettra d’aborder sous un prisme différent, le vécu dans la bataille du soldat allemand. La démarche est novatrice et nécessite pour apprécier encore davantage et comprendre les nombreux éléments abordés, une connaissance plutôt consistante de la période.

Voilà pour cette « petite sélection », j’espère que vous y trouverez votre bonheur, encore joyeux noël, joyeuses fêtes, profitez bien et rendez-vous en 2023 ! 🙏✨🎅🎁🎄😉😊