L’Histoire : Restée seule au milieu du jardin, la petite fille s’est relevée. Il ne lui reste plus qu’un ou deux mètres de terrain à travailler. Elle se rappelle les paroles de son père : «les mauvaises herbes, il faut les déraciner. Une fois que tu as bien supprimé les racines, la plante ne repousse plus, elle est morte à jamais». Elle ne se doute pas que dans son cœur commence à germer une graine de mauvaise herbe; elle ne sait pas à ce moment précis qu’elle aussi, un jour, elle sera déracinée. D’Alger à la banlieue lyonnaise, ce roman raconte le destin tragique d’une jeune femme algérienne, qui petite fille rêvait d’indépendance et de liberté et qui va se retrouver emprisonnée par le poids des traditions et de la religion.

Ma note :

Note : 4.5 sur 5.

Je remercie chaleureusement l’auteur Yves Montmartin pour cette lecture et sa confiance !

Ils sont rares les romans courageux qui se dressent avec autant de force contre l’intégrisme religieux musulman. Amira, devient le symbole de la lutte des femmes musulmanes contre l’oppression intégriste. Un livre qui nous émeut profondément « La mauvaise herbe« , un cri du cœur et un signal d’alerte d’un auteur, Yves Montmartin qui a parfaitement mesuré les enjeux de ce qui se déroulent depuis une trentaine d’années en Algérie et en France. C’est très bien écrit, l’histoire est prenante, très émouvante et son message interpelle au plus haut point. La littérature et les livres comme moyens d’ouvertures sur le monde. Les mots ont leur importance et Yves Montmartin, en auteur talentueux qu’il est, fait la distinction entre traditions de l’islam et interprétation intégriste de ce même message du Coran, les deux ne signifiant pas la même chose. On peut ainsi vivre et suivre les traditions culturelles de son pays d’origine sans pour autant tomber dans l’intégrisme. J’ai aimé cette finesse dans l’analyse de Yves Montmartin. Amira, c’est cette petite fille, née à Alger, d’un papa Salim et d’une maman Hadjila, tous deux aimants et attentionnés. Son père ne l’appelle t’il pas sa « princesse ». Ils vivent dans la tradition du livre mais tout en respectant le choix de la sœur aînée de Salim, Nour, de ne pas se marier ou d’avoir des enfants. Cette dernière, est la tante préférée d’Amira. Elle est indépendante (infirmière dans un hôpital d’Alger) et elle a son franc parler, sa liberté de ton face aux hommes. Amira l’admire pour son courage mais elle aime aussi sa famille et respecte cette dernière même si elle est perçue comme la rebelle de la famille. Elle a deux frères : Fouad et Yacine. Et surtout, une précieuse amie Loubna, la fille des voisins de ses parents. A toutes les deux, elles ont des rêves pleins la tête. Amira apprend le français en langue étrangère et souhaiterait devenir enseignante de cette même langue qui l’a fait tant chavirer et qui surtout est vue comme un signe d’émancipation. Les livres sont essentiels dans sa vie. Les grands auteurs classiques. Amira souhaite mener une vie indépendante. Elle mène des études brillantes qui l’amèneront à être enseignante de français dans un lycée prestigieux d’Alger. C’est son espérance, être une femme libre comme sa tante Nour. Son amie Loubna va se marier. La vie les rattrape toutes les deux. L’innocence de leurs jeux s’éloignent définitivement lorsque Loubna rejoint la France. C’est bientôt l’heure des choix : Amira doit-elle aussi se marier et fonder une famille car telle est la tradition musulmane. Le reste je vous laisse le soin de le découvrir. Tout ce que je peux vous dire c’est que la description du fondamentalisme religieux est des plus proches de la réalité. Sa belle famille, en France à Lyon, la coupe de ses parents, son mari exerce des violences verbales et physiques, c’est la descente aux enfers jusqu’au dénouement. Une fin qui donne une dimension supplémentaire au roman d’Yves Montmartin. Le destin d’Amira nous touche au plus profond de notre conscience, de notre âme. Brisée par la violence du fondamentalisme, elle devient un symbole, cette frêle jeune femme qui avait un avenir d’excellence tout tracé, est rattrapé par le patriarcat totalitaire de ces extrémistes et leurs violences. On apprend beaucoup d’éléments sur les différentes façon de vivre l’Islam en Algérie comme en France. C’est passionnant. Il aborde de front la question du sort des femmes, les violences conjugales, verbales.. d’ailleurs son roman est dédiée dans sa préface à toutes les fillettes, les jeunes filles et les femmes victime de violences verbales, psychologiques, physiques ou sexuelles. Son humanité transparait dans son écriture qui permet de toucher du doigt des vérités qu’il est bon de rappeler. Témoignage sur la souffrance de ces femmes martyres, je vous recommande vraiment ce roman qui saisit un instantané d’une vie, celle d’Amira, avec une acuité saisissante, une liberté de ton jamais reniée et une forme de courage, je le redis une nouvelle fois, qu’il est bon de souligner avec force. Un roman sublime à mettre entre toutes les mains pour mieux comprendre.

Prix de vente au public (TTC) : 16 €

250 pages ; 21,59 x 13,97 cm ; broché

EAN 9798651603879