
L’Histoire : « Dans un pays très ancien, que l’on disait éternel, il y avait une maison faite d’aube, de pollen et de pluie. La plaine resplendissait des reflets miroitants des argiles et des sables et les collines alentour étaient multicolores. C’était un pays fort et tranquille. Tout y était beau. » Ce pays, c’est la réserve indienne du Nouveau-Mexique sur laquelle Abel a grandi, où l’on vit au rythme des saisons en accord avec la terre et les rites ancestraux. Mais le jeune homme est comme prisonnier entre deux mondes et n’y retrouve pas sa place lorsqu’il rentre du front en 1945, dangereusement attiré par la modernité de l’Amérique des villes.
Ma note :
Je remercie chaleureusement les Éditions Albin-Michel et sa collection « Terres d’Amérique » pour cette lecture et leur confiance !
Avec son tout premier roman, « Une maison faite d’aube« , N. Scott Momaday obtint non seulement le prix Pulitzer en 1969, mais il fût également un précurseur, un orfèvre des mots puisqu’il fût le premier écrivain amérindien a obtenir ce statut et à porter haut la voix de son peuple. C’est donc à un auteur immensément talentueux auquel nous avons affaire ici. Paru pour la première fois aux États-Unis en 1968, « Une maison faite d’aube » bénéficie d’une nouvelle traduction pour cette parution chez Albin Michel dans la très riche collection « Terres d’Amérique ». Elle est remarquable et signée Joëlle Rostkowski dont les mots sont ciselés et offrent à ce texte un nouvel écrin au plus proche de ce grand classique de la littérature américaine.
Ce roman voit N. Scott Momaday bâtir toute une cosmogonie, un univers mystique que l’on découvre grâce à sa plume vertigineuse et puissamment évocatrice. Son style d’écriture permet de s’approcher au plus près des nuances et différentes tonalités de l’âme humaine mais il puise aussi abondamment dans des descriptions très riches de la nature, des paysages, de cette réserve indienne du Nouveau-Mexique, qui forme un personnage à part entière du roman. La philosophie amérindienne est profondément ancrée, on le ressent très fortement, en cet écrivain né en 1934 à Lawton, Oklahoma, d’un père kiowa et d’une mère d’origine anglaise et cherokee. Mais il est temps à présent d’évoquer plus en détails cette histoire faite de douleur, de deuil pour les Kiowas à l’image de ce qu’ont vécu les populations amérindiennes dans ces réserves et en dehors lorsqu’ils pensaient trouver du travail mais se consolaient au fond dans l’alcool qui abrutissait les sens et la souffrance de ces naufragés, de ces oubliés, de ces martyrs de l’histoire des États-Unis. « Une maison faite d’aube » est la première formule d’invocation aux forces invisibles issues d’une cérémonie de guérison, qui dure neuf jours, permettant d’approcher la haute spiritualité du peuple navajo. C’est un chant de guérison navajo appelé « Le chant de la nuit », prière psalmodiée lors d’une cérémonie hivernale.
L’histoire de ce roman nous parle d’Abel. Alors qu’il n’était que bébé, ses parents et lui quittent l’Oklahoma pour s’installer au Nouveau-Mexique. Nous sommes pendant la Grande Dépression et comme beaucoup, ils recherchaient du travail. Ils finissent par s’arrêter dans une réserve navajo.. Abel ne savait pas qui était son père qui l’a abandonné. Sa mère est morte de maladie. C’est son grand-père qui l’élève. Quelques années ont passé, nous sommes à présent en 1945, Abel descend ivre du bus. Son grand père Francisco l’attend. Il est très ému de voir son petit-fils. Il revient de la guerre marqué profondément parce que l’on appellerait aujourd’hui un stress post traumatique suite aux atrocités qu’il a vu là-bas. Abel va vouloir réinvestir son environnement amérindien. Il le souhaite mais il se sent comme étranger sur sa propre terre. Comme apatride. C’est l’histoire d’un naufrage, celui d’un homme qui cherchera dans l’alcool, la violence, les femmes des moyens d’oublier sa condition. Ses croyances, sont un mélange d’animisme et de christianisme teinté de mysticisme où l’homme communique personnellement et directement avec Dieu. Il fera de la prison, plusieurs années avant de se rendre sur Los Angeles en 1952. Il rencontrera des femmes très amoureuses mais ses blessures perdurent. A la réserve, le père Olguin le soutient. Il symbolise la christianisation des indiens pueblos. Nous sommes face à deux mondes qui s’apprivoisent et se regardent avec une méfiance réciproque. On assiste à la fin d’un monde, à son crépuscule. Les habitants du village n’aspirent pas à ce qui leur est présenté comme le « progrès ». Ils continuent de prier en langue tanoane les anciennes divinités de la terre et du ciel, préservant leurs âmes secrètes et résistant à l’injonction qui leur est faite de se fondre dans l’Amérique, oubliant et renonçant à ce qui est vu par les blancs comme des vestiges de croyances qui les dépassent.
A la page 135 du roman N. Scott Momaday écrit au sujet d’un de ses personnages, le révérend et prêtre du soleil Tosamah : « Ma grand mère était une conteuse, elle savait se servir des mots » (…) « Elle avait beau ne savoir ni lire, ni écrire, elle a su m’apprendre à vivre parmi les mots, à écouter et à m’émerveiller. » Je crois que ces mots résument parfaitement l’esprit de résistance, de révolte qui gronde dans « Une maison faite d’aube. » Dans la lignée de ceux comme Jim Harrison et James Welch qui s’inspireront de son œuvre, N. Scott Momaday bâtit une langue, un style d’écriture flamboyant, décrivant aussi bien la chair, que les maux de l’âme et ce qu’il y a de plus profond et d’immortel dans la culture amérindienne, N. Scott Momaday signe un immense roman qui mérite cette nouvelle traduction et publication chez Albin Michel. Lisez et puisez dans ce roman exceptionnel de N. Scott Momaday.
Nombre de pages : 288
Collection : Terres d’Amérique
Éditeur : Albin Michel
Joëlle Rostkowski (Traduction)

Un bien joli titre pour un roman bien tentant.
Merci Frédéric pour cette chronique Bonne soirée, à bientôt !
J’aimeAimé par 2 personnes
Coucou Solène ! C’est un roman envoûtant sur la culture amérindienne. Le style est sublime. Merci de ton passage sur le blog. Bises bretonnes et belle soirée à toi 😊
J’aimeAimé par 2 personnes
J’aime énormément ce titre, cette couverture et ta critique donne envie. Je te souhaite une bonne soirée 🙏😘
J’aimeAimé par 1 personne
Je viens d’acheter ce livre!
J’aime les Amérindiens et je sens que je vais vivre au rythme de leur vie, même si je sais que la fin de l’histoire n’est pas jolie…
Merci pour ce partage. A bientôt.
J’aimeAimé par 1 personne
Génial ! Bonne lecture de ce sublime roman qui nous plonge dans la culture amérindienne. Je suis comme toi, c’est une culture qui me passionne. Tu vas te régaler avec ce roman magnifique. Merci Colette de ton passage sur le blog. Je te souhaite une belle soirée 🙂
J’aimeJ’aime
C’est un roman magnifique ! je suis comme toi Cat, ce titre me fais chavirer le cœur. Merci de ton passage sur le blog, Bises bretonnes pour toi Cat 😊🙏
J’aimeAimé par 1 personne
😘
J’aimeAimé par 1 personne
A reblogué ceci sur Le Bien-Etre au bout des Doigts.
J’aimeAimé par 1 personne
Merci beaucoup Françoise ! Je te souhaite une excellente soirée 🙂
J’aimeJ’aime
Je crois que je vais me laisser tenter ….j’adore le titre ! Merci du partage 🌹
J’aimeAimé par 1 personne
Ce livre m’intéresse beaucoup ! Connaître le regard des amérindiens sur l’histoire des Etats Unis doit être passionnant ! Je note donc ce titre !
J’aimeAimé par 2 personnes
Je regrette depuis plusieurs jours déjà de ne pas avoir demandé ce roman en service de presse… je regrette encore plus ! 🙂
J’aimeAimé par 2 personnes
D habitude je ne tiens pas compte des prix mais ton retour a aiguisé ma curiosité !!! Bottin vient là un nouveau livre à noter !! Merci !!
J’aimeAimé par 1 personne
Ce roman est très tentant, ta chronique lui rend un bel hommage…
Je le note, pour le plaisir de me retrouver avec les Amérindiens!
j’avais déjà noté cette collection « Terre d’Amérique » il ne reste plus qu’à explorer :
un grand merci à toi pour ce partage -)
J’aimeAimé par 2 personnes
Merci beaucoup Eve ! un roman puissamment évocateur, une écriture magnifique, voilà un auteur qui m’a ensorcelé. Comme toi, j’apprécie beaucoup les romans sur les Amérindiens, leurs différentes cultures.. La collection « Terre d’Amérique » d’Albin Michel est vraiment d’une grande richesse. Je te souhaite un excellent week-end Eve 🙂
J’aimeAimé par 1 personne
A ce roman vraiment c’est une pépite sur la culture amérindienne. L’auteur a un talent immense et Terrence Malick en ferait, j’en suis certain, un magnifique film de cinéma. Vraiment celui là, je te le recommande. Merci à toi Maud de ta visite sur le blog, c’est chouette 😊
J’aimeAimé par 1 personne
Plus qu une visite, c est une véritable mise à jour (j avais délaissé les retours de lecture et la lecture, faute de temps) !!
Bon aller banco je te suis les yeux fermés sur ce conseil 🤩 enfin si je garde un œil ouvert pour choisir le bon livre 🤣
J’aimeAimé par 1 personne
Ce roman est juste sublime avec un style puissamment évocateur sur la culture amérindienne. Passionnant et je suis certain qu’il te plaira Cécile. Décidément, la collection « Terres d’Amérique » d’Albin Michel nous gâtent. Beau week-end Cécile 😊
J’aimeAimé par 1 personne
Tu verras Marie-Anne, c’est un immense roman signé par un auteur amérindien au sommet de son art pour ce livre. Beau week-end à toi 🙂
J’aimeAimé par 1 personne
Je te rejoins Swannaëlle, le titre est magnifique et c’est une belle invitation à découvrir la culture amérindienne. Merci de ta visite sur le blog. Je te souhaite un beau week-end 🙂
J’aimeAimé par 1 personne
Excellent, oui c’est mieux pour choisir un livre 😂 Merci infiniment ! 😊
J’aimeAimé par 1 personne
Merci à toi !!!!
J’aimeAimé par 1 personne
Beau week end également 😘🌹
J’aimeAimé par 1 personne
Hmm, cela semble intéressant. Avec le temps des Fêtes qui s’en vient, je vais aller voir si celui-ci est disponible, cela va changer de toute la grisaille du quotidien. Une excellente suggestion comme toujours!
J’aimeAimé par 1 personne
Oui, ils ont vraiment un catalogue riche en pépites ! Je vais me pencher sur la question quand seront passées la rentrée littéraire de janvier et mes lectures pour le prix des lectrices de Elle 😉
J’aimeAimé par 1 personne
Génial de faire partie du prix des lectrices de Elle. Bravo Cécile ! De bonnes lectures en perspectives 😊
J’aimeAimé par 1 personne
Merci beaucoup ! Tu vas voir c’est un roman sublime. Le style, l’histoire, la place de la nature, On apprend beaucoup sur la culture amérindienne et comme tu le dis très justement cela nous permet de nous évader. Passe un excellent week-end, merci de ton passage sur le blog c’est cool 🙂
J’aimeJ’aime
Mais tu vas arrêter de jouer les tentateur là, hein ?
J’aimeAimé par 2 personnes
Ton texte est un sortilège des Navajos pour conquérir nos âmes indiennes ! Rien que ce titre, ce poème de présentation m’ont incité à explorer les mystères de ce « chant de la nuit ». Je ne connaissais pass ce Pulitzer mais j’en fais désormais une référence, puisqu’il le fut pour Jim Harrison et tant d’autres.
Merci 🙏
J’aimeAimé par 1 personne
Merci ! Oui, ça a un côté assez plaisant 😉
J’aimeAimé par 1 personne
J’aime beaucoup ce que tu dis de ce livre, et même si ce n’est pas trop ma came, j’ai aimé te lire 😉
J’aimeAimé par 1 personne
Merci beaucoup Julie, ça me touche ce que tu m’écris là 😊. Un roman qui m’a envoûté. Je te souhaite une excellente soirée 😉
J’aimeAimé par 2 personnes
Merci infiniment pour ton commentaire qui me fais plaisir. C’est très gentil à toi ! Un grand roman sur l’âme amérindienne. Je te souhaite une excellente soirée 😊
J’aimeAimé par 1 personne
Excellent ! ce roman-ci est sublime aussi j’y peux rien ^^ 😉 C’est du grand art ce livre Geneviève 🙂
J’aimeAimé par 1 personne
Ok, Ok…j’ai compris je note
J’aimeAimé par 1 personne