1507-1L’Histoire : Durant les cinq premiers jours de novembre 1920, l’Angleterre attend l’arrivée du Soldat inconnu, rapatrié depuis la France. Alors que le pays est en deuil et que tant d’hommes ont disparu, cette cérémonie d’hommage est bien plus qu’un simple symbole, elle recueille la peine d’une nation entière. A Londres, trois femmes vont vivre ces journées à leur manière. Evelyn, dont le fiancé a été tué et qui travaille au bureau des pensions de l’armée ; Ada, qui ne cesse d’apercevoir son fils pourtant tombé au front ; et Hettie, qui accompagne tous les soirs d’anciens soldats sur la piste du Hammersmith Palais pour six pence la danse. Dans une ville peuplée d’hommes incapables de retrouver leur place au sein d’une société qui ne les comprend pas, rongés par les horreurs vécues, souvent mutiques, ces femmes cherchent l’équilibre entre la mémoire et la vie. Et lorsque les langues se délient, les coeurs s’apaisent.

« Le chagrin des vivants » d’Anna Hope est un premier roman bouleversant, maîtrisé de bout en bout avec un style d’écriture d’une profonde délicatesse. Le questionnement, en toile de fond, c’est celui de la place à accorder au chagrin, au deuil d’un mari, d’un fils, d’un père mort durant cet effroyable premier conflit mondial. Comment continuer à vivre malgré l’indicible horreur de ceux partis, mais aussi de ceux qui sont revenus et qui doivent composer avec les traumatismes dû à leurs expériences de guerre. Ce livre distille, malgré son sujet grave, une forme d’apaisement, de paix face au destin de ces trois femmes. Le poids du passé, la question du deuil, les interrogations sur les sommets de cruauté dont sont capables les hommes entre eux et pourtant, là, au milieu du chaos, des vestiges épars de ces guerres tragiques, la vie qui s’accroche. Chacune de ces femmes chemine à sa façon, sans que jamais l’auteure ne les juge en aucune façon. Elles ont leurs failles, leurs doutes, leur force et leur façon propre d’envisager la suite de leur vie. C’est intelligent, élégant, grave mais aussi léger quand il le faut, vous l’aurez compris c’est un très beau roman que je vous conseille chaleureusement.

Ma note:♥♥♥♥♥/5.

9782330002442L’Histoire : « La Bataille d’Occident est l’un des noms de nos exploits imaginaires. C’est un récit de la Grande Guerre, celle de 14-18, où nos différentes traditions de « maîtres du monde » manifestèrent ouvertement leur grande querelle. Il en résulta un charnier sans précédent, la chute de plusieurs empires, une révolution. Et tout cela fut déclenché par quelques coups de révolvers ! »

J’étais ressorti de son précédent roman « Conquistadors » ébloui par le style d’écriture, la puissance du verbe d’Eric Vuillard. Dans ce court récit « La bataille d’Occident« , Vuillard cherche à comprendre les racines du suicide collectif que constitua pour l’Europe ce premier conflit mondial. Une ambition louable mais qui aurait mérité un traitement plus approfondi. On reste sur sa faim car l’ensemble est non seulement beaucoup trop court eu égard au sujet, mais bien encore aussi parce qu’il manque de cohésion dans la réflexion qui est ici menée. J’ai eu le sentiment de lire l’ébauche d’un récit et non un travail constitué, achevé, si tant est que l’on puisse aboutir à un tout sur un sujet embrassant autant d’éléments historiques, culturels.. Un goût d’inachevé qui rend assez vain cet essai.

Ma note:♥♥♥1/2 /5.