L’Histoire : Les sages de l’Antiquité racontent dans leurs textes de nombreuses anecdotes, évoquent des situations réelles ou imaginaires, développent des argumentations raffinées sur le bien vivre et le bien mourir. Comment leurs contemporains les comprenaient-ils, les lisaient-ils ? En scrutant ces textes pour tenter d’en retrouver les pensées cachées, les messages codés que les auteurs adressaient à leurs lecteurs, Lucien Jerphagnon nous permet de mieux saisir la mentalité de l’Antiquité, quand religion, philosophie et politique étaient liées d’une manière qui nous surprend et nous déroute. Des guérisons miraculeuses au mythe de Narcisse, des fantasmes de Caligula aux rêves de Néron, des imbéciles selon Platon à la sottise selon saint Augustin, ces lectures érudites nous invitent à redécouvrir avec une nouvelle fraîcheur des sages antiques qui ne dédaignaient pas de manier l’humour.
C’est avec un plaisir non dissimulé que je me suis plongé dans la lecture de « Au bonheur des sages » du regretté Lucien Jerphagnon. Historien de la pensée, spécialiste de l’antiquité grecque et romaine, ce conteur hors pair qui savait plus que nul autre manier l’érudition (prodigieuse) et le plaisir de nous raconter l’histoire en la débarrassant de tous les poncifs et autres copeaux de bois prisonnier de la chair, s’est éteint il y a peu. Michel Onfray était d’ailleurs l’un de ses élèves. L’on retrouve chez ces deux hommes, la même simplicité, le même désir de rendre compréhensible ce que d’autres préfèreraient conserver pour un petit milieu de la pensée philosophique et historique. Jamais jargonnant mais néanmoins toujours d’une précision redoutable, Jerphagnon nous présente ici plusieurs articles qui ont pour but d’affiner, de dépasser tous les stéréotypes courant sur les penseurs antiques sous l’Empire romain. Il démonte soigneusement les mécanismes de la pensée antique, abordant là l’influence des philosophes auprès des Césars, ou bien encore insistant avec un humour ravageur sur la « damnatio memoriae », les décès ubuesques de plus d’un penseur ou qui tout du moins se présentait comme tel.. Les sujets sont riches et variés et ce ton, son ton employé nous réjouit nous lecteurs, d’apprendre ainsi avec délectation tant de belles choses sur le fonctionnement de la pensée antique et son histoire. Ma note :5/5.
Ps : à noter que le même auteur a écrit une « Histoire de la Rome antique » publiée dans la collection de poche Pluriel ainsi qu’un autre ouvrage qui complète parfaitement la réflexion nourrie ici et auquel Lucien Jerphagnon fait longuement référence : « Les divins Césars, idéologie et pouvoir dans la Rome impériale » (toujours dans la collection poche Pluriel). J’aurais le plaisir de vous parler de ces deux ouvrages dans une prochaine note.
Je vous propose, toujours sur le thème de l’histoire antique romaine, un ouvrage « Ostia, port de la Rome antique » publié à l’occasion de l’exposition présentée au Musée Rath (Genève) du 23 février au 22 juillet 2001. C’était la première exposition consacrée à ce port qui assurait le ravitaillement de Rome en blé, en huile, en vin, en sel et autres denrées. Aujourd’hui, Ostie est l’un des sites antiques parmi les plus visités et les plus évocateurs pour les touristes qui séjournent à Rome. L’exposition propose des pièces peu connues ou même jamais vues à travers 70 illustrations, un plan de la ville d’Ostie et des repères chronologiques qui nous permettent véritablement de voyager dans cette cité. Au gré de nos pérégrinations, nous découvrons là les cultes domestiques, ici le service de l’Annone ou autrement dit le ravitaillement de Rome, les thermes, etc. La vie des habitants défile sous nos yeux pour notre plus grand plaisir. Du portefaix déchargeant le navire au culte impérial, plongez vous avec délice dans cette exposition qui vaut le détour. A noter, que le site même du port d’Ostie a été découvert récemment, en 2012.
Ma note :4,5/5.
Ps : un site très intéressant sur Ostie www.ostia-ostie.ne