Ma chronique : Avec « Civil War » Alex Garland plonge dans les traumatismes d’une Amérique phagocytée par le spectre de la guerre civile. Jamais, sans doute, depuis la Guerre de Sécession dans les années 1860, l’Amérique ne se trouva autant aux prises avec des questionnements aussi existentiels et ce sur divers plans. L’ombre de Washington dérange des Etats de plus en plus prompt à afficher leurs divergences, que ce soit sur des questions aussi fondamentales que l’avortement, la peine de mort, l’immigration et bien d’autres sujets encore. Le choix crucial entre Trump ou Biden en novembre prochain, deux adversaires qui se haïssent copieusement, deux camps rivaux qui semblent ne plus avoir grand chose en commun. C’est dire si le postulat de guerre civile imaginée par Alex Garland est plausible dans un futur proche. Déjà auteur de films d’anticipation, Alex Garland signe ici un long métrage qui soulève de nombreuses questions sur le devenir de la nation américaine. Les peurs et les fantasmes d’une Amérique en pleins marasme, doute, où une équipe de journalistes emmenées par la toujours si douée Kirsten Dunst et l’étoile montante Cailee Spaeny, très convaincante elle aussi, voyage dans une sorte de road movie, en plein chaos, direction Washington où la tête du président des Etats-Unis est mise à prix par ses ennemis. Un film de guerre sans concession, très réaliste où l’émotion se taille la part du lion. On est scotché par les scènes décrites, celle par exemple d’une fosse commune où sont jetés des cadavres d’américains métis ,ou non blanc, par des soldats racistes , le tout donnant lieu à l’une des séquences les plus dures du film. Le réalisme des scènes de combat, la violence qui s’en dégage renforcée par une bande son tonitruante et des ralentis pour montrer l’équipe de journalistes en pleine prises de photos, est sidérant. Le film poursuit tout du long cette idée de ce que nous ferions dans de telles conditions. La prise d’assaut des lieux de pouvoir à Washington fait froid dans le dos. Pas de place ici pour une trêve, on avance droit dans le mur et Alex Garland de nous proposer des échanges entre journalistes et cobelligérants, ou entre journalistes eux-mêmes, qui nous font prendre conscience de la terrible réalité d’une guerre civile. On est abasourdi, sonné par le scénario, la maîtrise formelle est totale, les acteurs/actrices sont formidables, c’est vraiment un excellent film qui soulève de nombreuses questions. Notre rétine s’imprègne durablement de scènes difficiles mais sans effet de surenchère gratuite dans la description des combats. Nous ne saurons pas grand chose des camps qui s’affrontent, au fond peu importe semble nous dire le réalisateur, ce qui demeure c’est l’ivresse du sang et les massacres d’innocents. Seul compte le désir de témoigner, à l’image de ces journalistes, qui sacrifient leur vie pour rendre compte de la réalité sordide de la guerre civile. Alex Garland réalise, sans doute, son meilleur film jusqu’à présent. Il ne laisse pas indifférent et c’est sans nul doute sa principale force. Il prend le pouls d’une Amérique malade et c’est sans doute pour cela qu’il a autant marqué outre-Atlantique, divisé même. J’ai adoré.

Mon avis :

Note : 5 sur 5.