Ma chronique :

Alors aujourd’hui, je vais vous parler du nouveau livre d’une romancière que j’adore par-dessus tout : Jesmyn Ward. Il aura fallu six ans d’attente pour voir débarquer en cette rentrée littéraire « Nous serons tempête » qui parait aux éditions Belfond. Seule femme double lauréate du National Book award, c’est peu dire que Jesmyn Ward a marqué de son empreinte le paysage littéraire américain contemporain. « Nous serons tempête » nous raconte l’indicible horreur de l’esclavage dans un style d’écriture habité, ciselé, magistral, organique. Elle nous raconte l’histoire d’une jeune esclave dans les plantations de canne à sucre de la Nouvelle-Orléans. Cette ville s’illustre rapidement comme un marché d’esclaves fort réputé. Des milliers d’hommes et de femmes y sont amenés de force. Annis est la narratrice et elle n’est qu’une enfant lorsque sa mère, violée par son propriétaire, est vendue dans une autre exploitation. Annis est seule et quelques années plus tard, c’est à son tour d’être vendue à un autre propriétaire d’esclaves. Cette marche jusqu’à la Nouvelle-Orléans va la conduire jusqu’aux portes de la mort. Annis a un don, elle peut ressentir les vibrations de la nature, et même voir des entités comme Aza, l’esprit de sa grand-mère. Aza est capable de faire gronder l’orage et de faire tomber la pluie. le monde des esprits n’est jamais loin dans ce roman. La terre nourricière, celle où l’on enfouit ses mains, l’odeur de l’humus, des feuilles qui se décomposent. Ce versant, célébrant la nature virginale, est une des très belles réussites de ce livre. Annis va devoir écouter les esprits. Aza va la guider et lui parler de ses ancêtres venus d’Afrique et plus particulièrement du royaume du Dahomey où Aza était une guerrière du souverain, avant de connaître la déportation sur un bateau négrier vers l’Amérique. J’ai adoré ce roman de Jesmyn Ward, magnifiquement écrit, on est emporté par le souffle incantatoire d’un texte sombre, mais où pointent néanmoins des moments oniriques entre cauchemars et rêves. L’amour est présent même au cœur des ténèbres. Annis parle aux esprits et cela nous offre des moments de littérature absolument sublimes. C’est l’un des grands romans de cette rentrée littéraire, à ne surtout pas manquer. À mon sens, ce nouveau roman de Jesmyn Ward est d’ores et déjà un classique de la littérature contemporaine américaine.

Date de publication : 21 août 2025 ; Éditeur : Belfond ; Nombre de pages : 240 p.

Mon avis :

Note : 5 sur 5.