Je remercie chaleureusement les Éditions Du Seuil ainsi que Babelio pour cette lecture enrichissante.

Ma chronique :

Adrien Genoudet est docteur en études cinématographiques, en art et en histoire visuelle. Il a soutenu, en 2018, une thèse intitulée « L’effervescence des images. Les Archives de la Planète d’Albert Kahn », sous la direction de Christian Delage. ATER au Collège de France, il est attaché à la chaire de l’historien Patrick Boucheron depuis septembre 2016. Cela se ressent dans son style d’écriture puissamment évocateur, dans sa manière de décrire une situation de façon très cinématographique. C’est son second roman publié aux éditions du Seuil. Place à l’histoire à présent. Nous sommes en 2020 en France, Simone est incinérée afin de faire de la place dans le caveau familial. Dans son cercueil, on retrouve une tunique de couleur bleue typique de l’Asie du Sud-Est. Paul, le mari de Simone, lui avait envoyé ce vêtement depuis l’Indochine en 1949, au tout début de cette terrible guerre coloniale. Le narrateur hérite de cette tunique, vestige d’un passé enfoui, ainsi que de lettres conservées dans un carton portant la mention « Nancy-Saïgon ». Il contient la correspondance échangée entre Paul et Simone en 1949. En toile de fond, apparaît la figure d’un troisième personnage : Tilleul, qui aura un rôle important et vous le découvrirez en lisant ce roman. Un récit sur un amour qui se délite au fil des mois. Au début, les lettres échangées entre Simone et Paul sont enflammées, mais la distance et l’horreur de la guerre telle qu’elle est vécue par Paul n’arrangent pas les choses. Tout à son amour et à la naissance du premier enfant, fruit de l’union entre elle et Paul, Simone ne comprend pas les signes de lassitude de celui-ci. Face à la guerre en Indochine, Paul voit son caractère changer et l’alcool consommé quotidiennement modifie son comportement du tout au tout. Tilleul, son aide de camp, est l’objet de la violence de Paul. Entre les deux hommes se noue une relation ambiguë. Le comportement erratique de Paul ne va pas en s’améliorant. C’est une guerre sans fin, dans la moiteur de la jungle, contre un ennemi insaisissable. Adrien Genoudet nous décrit cette réalité qui fait mal, mais qui pourtant a bel et bien existé. Il y a de la mélancolie dans ces lettres entre Paul et Simone. Ce dernier n’est plus le même, il se dégoûte d’agir ainsi, mais pourtant il commet ces actes impardonnables. Je ne vous décris pas davantage ce récit signé Adrien Genoudet. Lancinant et enfiévré, ce roman permet de mieux comprendre le basculement dans la violence jusqu’au dégoût de soi et des autres. Une guerre comme tant d’autres, loin du foyer familial, avec des hommes emportés par l’ivresse du sang. C’est très bien écrit et on y découvre un conflit dont on parle peu, la guerre d’Indochine. C’est un beau roman que je recommande.

Mon avis :

Note : 4.5 sur 5.

Date de publication : 22 août 2025 ; Éditeur : Seuil ; Nombre de pages : 304 p.