Ma chronique :

Il y a, depuis quelques années déjà, une forte tendance à transposer des succès de roman en librairie, en BD ou roman graphique. C’est un franc succès, car les lecteurs y trouvent leur compte en découvrant ou en redécouvrant une œuvre littéraire majeure. « De pierre et d’os » de Bérengère Cournut a remporté le prix du roman Fnac en 2019. C’était une gageure pour Krassinsky d’offrir une adaptation en roman graphique à la hauteur du livre. C’est un pari réussi. Il signe une œuvre sombre, mais également lumineuse, à l’image des illustrations absolument splendides, dans une veine naturaliste, avec des couleurs s’inscrivant de manière très fluide dans l’univers de la culture Inuit au Groenland. C’est franchement beau et c’est LE point fort de « De pierre et d’os ». Parlons à présent du récit qui nous est conté ici. Alors que la tempête fait rage, une jeune inuite du nom de Uqsuralik se retrouve séparée de sa famille alors que la banquise se craquelle. Elle n’a que ses chiens pour l’aider à survivre. Elle part pour un long périple où heureusement, elle rencontre un groupe de chasseurs et leurs familles. Elle décide de passer l’hiver avec eux. Dans ce campement, on retrouve des gens bienveillants, mais aussi un homme appelé le vieux qui est particulièrement mauvais, cruel. Krassinsky signe des dialogues qui rendent justice au roman, tout en adoptant sa propre façon de l’appréhender. La jeune fille inuite va connaître les affres du deuil, mais aussi une force de vie peu commune avec son caractère bien trempé. Uqsuralik est une jeune fille indépendante qui ne veut rien devoir aux hommes. Elle connaîtra l’amour et les deuils, les affres d’une vie où celle-ci ne tient qu’à un fil lorsque la nourriture vient à manquer. On plonge alors dans la culture Inuit, ses croyances animistes, son respect de la nature qui offre de quoi se nourrir, mais qui sait aussi reprendre lorsque l’on est imprudent. Sans manichéisme, la nature est un personnage à part entière. Elle est magnifiée par l’esthétique d’aquarelle choisie par Krassinsky. Une dimension mystique est présente avec les coutumes, les traditions inuites notamment lorsque l’on prend la vie d’un animal pour se nourrir. J’ai beaucoup aimé ce roman graphique d’un peu plus de 200 pages publié chez Aire Libre. On y découvre un peuple humble face à la nature, respectueux du vivant même s’il y a là encore des brebis galeuses. Car l’ensemble est souvent sombre, ce qui peut faire peur. Si vous avez déjà lu le roman, vous ne serez pas dépaysé, pour les autres, c’est une première approche qui permet de découvrir l’univers du livre de Bérengère Cournut. Je recommande.

Date de publication : 11 avril 2025 ; Éditeur : Aire Libre ; Nombre de pages : 208 p.

Mon avis :

Note : 4.5 sur 5.