Ma chronique :

Nous sommes en août 1976, dans les Everglades, en Floride. Lors d’une intervention, Garrett Nelson, qui est shériff adjoint, est gravement blessé à la jambe par un tir d’arme à feu. Il riposte en tuant l’homme qui l’a si violemment agressé. Pour Garrett, le service actif dans la police n’est plus possible du fait de sa blessure. Garrett est un homme qui n’a plus de famille. Son père était un policier corrompu qui s’est suicidé, il ne voit plus sa mère et il n’a ni frère, ni sœur. Pas d’enfant, pas de compagne, alors son métier, c’est sa vie. À l’hôpital où il est soigné, il fait la rencontre d’Hannah Montgomery. Elle est kiné et s’occupe de sa rééducation, car Garrett va garder des séquelles de cette tentative de meurtre, notamment une jambe qui boîte. Hannah et lui vont se rapprocher peu à peu. Garrett cherche du travail et c’est en rencontrant la famille d’Hannah, qu’il va vouloir intégrer la prison de Southern State où travaille déjà le père et le frère d’Hannah. Au sein de ce pénitencier au beau milieu des Everglades, il va découvrir un autre monde, surtout lorsqu’il deviendra surveillant pénitentiaire dans le couloir de la mort. En apparence, c’est une prison d’une très haute sécurité, mais un étrange suicide et une évasion vont bouleverser l’ordre établi.

R.J. Ellory dans « Everglades » réussit une nouvelle fois à nous dépeindre toute la complexité du rapport entre le bien et le mal. Ces personnages sont toujours d’un réalisme saisissant, ils sont complexes, sans manichéisme, avec leurs failles, leur part d’ombre et de lumière. Garrett est le personnage principal de ce thriller, il est pétri d’humanité. Il a des convictions, mais la prison, et surtout le couloir de la mort, vont bouleverser certaines de ses croyances. Ellory construit un récit qui prend son temps afin d’installer un climat, une ambiance. Son histoire avec Hannah est belle et apporte de la douceur qui fait le contrepoids de l’univers carcéral très difficile dans lequel évolue Garrett. Le style d’écriture, comme toujours avec cet auteur, est soigné et il touche juste. Il y a une âme dans les romans d’Ellory, chose que l’on ne rencontre pas toujours avec d’autres auteur(e)s. La description des exécutions de prisonniers condamnés à la chaise électrique m’a particulièrement touché. Si certains sont dans le couloir de la mort pour de bonnes raisons, d’autres nous font douter. La peine de mort est un des sujets importants de ce thriller. N’est-elle pas inique en ce sens où elle descend directement de la célèbre loi du talion ? Aux États-Unis, ce débat est loin d’être tranché. Un style puissamment évocateur convoquant les fantômes d’une Amérique divisée sur son modèle judiciaire. On s’attache profondément à Garrett et Hannah, à leur force de vie face à la cruauté du monde tel qu’on la côtoie en prison et ailleurs. Ellory joue sur le réalisme des situations qu’il dépeint. Garrett ne pourra pas changer le monde, lui qui n’est qu’un simple gardien de prison, mais il essaiera de faire de son mieux pour être au plus près de ses convictions les plus intimes. Avec « Everglades », R.J. Ellory signe un magnifique roman à la confluence du ténébreux et du lumineux. Si, tout comme moi, vous aimez les livres de R.J. Ellory, jetez-vous sur celui-ci, car c’est un grand cru.

Date de publication : 10 avril 2025 ; Éditeur : Sonatine ; Nombre de pages : 456 p.

Mon avis :

Note : 5 sur 5.