Ma chronique :

Si « Lumière » était un premier roman solaire annonciateur d’un don pour le récit, ce second roman signé Christelle Saïani« Un parfum de moka et de térébenthine », est la consécration d’un talent littéraire, la confirmation d’une voix à part entière. La mue est réelle et j’ai ressenti un profond plaisir à découvrir cette histoire servie par une plume aux descriptions savoureuses, un style d’écriture charnel qui laisse la place aux corps, aux sentiments. Le synopsis est le suivant : en 1970, Louis a vingt ans, il est tout juste diplômé et surtout, il est beau, ce qui fait qu’il est particulièrement courtisé. Cinq ans plus tard, il est marié et jeune père de famille. Il aime son épouse, mais il veut aussi profiter d’un déplacement professionnel pour assouvir des désirs, des tentations qui le tenaillent depuis quelque temps déjà. La soirée tourne court et Louis écope d’une peine de prison de trois mois. Il est incarcéré. Vous découvrirez dans le livre pourquoi. Marie après avoir murement réfléchi est là à sa sortie. Il va falloir reconstruire leur couple, rebâtir sur de nouvelles fondations. En 2015, à présent, Samuel, le petit-fils de Louis, a épousé Camille. Mais un malentendu va précipiter son couple dans la tourmente. Deux couples, deux générations différentes et tout le poids du transgénérationnel. J’ai aimé la reconstitution d’une époque, celle des années 1970, une société tellement différente de la nôtre, avec ces interdits totalement ubuesques sur le plan des mœurs. Il y a ce poids du secret de famille que va découvrir Samuel. C’est un roman dans lequel Christelle Saïani nous parle de désir, de sensualité, de l’attraction des corps, des doutes aussi, des crises traversées par les couples. L’atavisme psychique n’est jamais très éloigné et sans que l’on ait forcément conscience de sa réalité, ce qui peut se discuter bien entendu. On assiste aux tourments, aux tempêtes traversées par deux couples d’une même famille, à des époques différentes. Les conventions sociales ne sont plus les mêmes à cinquante ans d’intervalle. C’est un fait indiscutable. On s’attache aux personnages. Ils ne sont pas parfaits, ils ont leurs aspérités, mais c’est pour cela qu’ils sont intéressants et des objets romanesques convaincants dans un récit comme celui-là. L’autrice offre aussi, en toile de fond, une dimension politique. Elle nous parle de la loi sur l’IVG de Simone Veil, de l’arrivée au pouvoir de François Mitterrand, etc. Un roman qui est une célébration sur l’acceptation de soi, sur la résilience jamais simple dans un couple. L’amour comme un don qui transcende tout. Christelle Saïani confirme tout son talent d’écriture dans ce second roman paru en cette rentrée littéraire. J’ai trouvé son livre absolument passionnant et dans une veine réaliste qui m’a beaucoup plu. Si vous ne l’avez encore jamais lu, je ne peux que vous recommander le nouveau roman de Christelle Saïani « Un parfum de moka et de térébenthine ». Brillant.

Date de publication : 3 janvier 2025 ; Éditeur : Books On Demand ; Nombre de pages : 208 p.

Mon avis :

Note : 5 sur 5.