Ma chronique :

Le voilà enfin, après sept longues années d’attente, le second tome de « Moi, ce que j’aime, c’est les monstres » d’Emil Ferris. Le succès immense du premier tome avait laissé une trace indélébile dans le cœur de nombreux lecteurs tombés sous le charme de cette héroïne pas comme les autres : Karen Reyes. C’est à présent une adolescente en pleine transformation. Elle tombe amoureuse d’une autre jeune fille, ce qui n’est pas sans provoquer des bouleversements dans sa vie. Karen se voit toujours comme une petite lycanthrope vêtue d’un trench qui lui donne des faux airs de détective. Dans un Chicago où la violence règne, Karen va découvrir d’autres facettes de Deeze, ce frère mystérieux qu’elle aime profondément. À présent qu’elle a perdu sa maman, Deeze devient pour Karen sa seule véritable famille. Karen va devoir aller au-delà de ses peurs les plus refoulées pour poursuivre sa découverte du monde adulte.

Les illustrations ont toujours ce charme intact qui ne laisse personne indifférent. Emil Ferris poursuit cette quête où elle interroge l’étrange, la différence et l’amour. C’est un monde sombre et mystérieux où chacun a ces secrets à cacher. Karen est un personnage très attachant. Elle se sent différente des autres et en grandissant cela va en s’accentuant. Heureusement, elle peut compter sur l’affection de son frère Deeze qui est comme un père pour elle. La question du père traverse ce second tome. On devine qu’il sera l’un des sujets majeurs du futur troisième tome. Il y aura aussi un préquel à venir. L’histoire s’étoffe avec de nouvelles problématiques. Deeze craint de devoir partir au Viêtnam où la guerre sévit. Tout un microcosme de gens marginaux gravite autour de Deeze et Karen. La toile de fond politique et sociétale de cette époque est très intéressante, car vu à travers le regard d’une adolescente.

Au final, même s’il n’égale pas totalement la qualité du premier tome, la faute à un rythme de l’intrigue plutôt lent, cette nouvelle parution réussit, malgré tout, à nous captiver. Le personnage de Karen y est pour beaucoup. On a plaisir à suivre ses aventures, sa façon de se projeter dans le monde, son regard sur ce dernier. Elle est l’atout majeur du roman graphique gargantuesque d’Emil Ferris. Cette dernière creuse un sillon original. C’est un hymne à la différence, à la tolérance, à tous ceux que l’on juge comme étant à la marge de la société, doublé d’un regard percutant sur le contexte politique et social de la fin des années 1960 aux États-Unis. Si vous avez aimé le premier tome, je pense que vous apprécierez celui-ci.

Date de publication : 7 novembre 2024 ; Éditeur : Monsieur Toussaint Louverture ; Nombre de pages : 416 p.

Mon avis :

Note : 4 sur 5.