Ma chronique :

Alors que le second tome vient tout juste de sortir, je me suis procuré le coffret regroupant les deux romans graphiques d’Emil Ferris « Moi, ce que j’aime, c’est les monstres ». Le premier tome a obtenu le Fauve d’or du meilleur album au festival d’Angoulême en 2019. Emil Ferris a mis six ans pour réaliser ce premier livre. Son parcours d’auteur est assez édifiant et elle a dû surmonter bien des épreuves avec pas moins de 48 refus d’éditeurs. Finalement, le manuscrit est accepté par un éditeur indépendant et il paraît en février 2017 aux États-Unis. Le succès est vite au rendez-vous et la critique est unanime pour saluer l’immense talent d’Emil Ferris. En août 2018, l’éditeur Monsieur Toussaint Louverture fait paraître en France « Moi, ce que j’aime, c’est les monstres« . Une nouvelle fois, le succès public et critique est au rendez-vous. Je voulais lire ce roman graphique depuis longtemps. C’est chose faite. Place au synopsis à présent.

Nous sommes à Chicago en 1968, Martin Luther King vient d’être assassiné et l’Amérique vit des temps troublés. Karen Reyes est une enfant de dix ans rejetée de ses camarades de classe. Elle se réfugie dans un monde imaginaire où elle se rêve en loup-garou. Elle est passionnée par les revues horrifiques à base de vampires, fantômes et autres morts-vivants. Sa maman est malade, atteinte d’un cancer, et heureusement son frère Deeze est très proche de Karen. C’est un grand frère qui est un coureur de jupons, légèrement alcoolique sur les bords, mais gentil avec elle. Il l’emmène souvent au musée contempler des tableaux de maîtres. Karen apprécie beaucoup ces sorties. Un jour, sa voisine du dessus, la très belle Anka Silverberg, se suicide d’une balle dans le cœur. C’est la thèse officielle de la police, mais pour Karen, c’est impossible. Anka n’a pas pu se suicider. Karen se lance alors dans une enquête pour dénouer les fils de cette intrigue. Qui était véritablement Anka ? Que cachait-elle de son passé ? Qui aurait pu lui faire du mal ? On suit alors le fil de cette enquête, mais aussi le drame familial vécu par Karen, sa solitude et la cruauté des autres enfants. Emil Ferris dessine Karen sous les traits de visage d’un loup-garou, nous permettant ainsi de mieux comprendre l’univers psychique de l’enfant. C’est une BD très émouvante, sombre avec un contexte historique passionnant. Un univers foisonnant et des illustrations profondément originales, un sens du récit rare et qu’ajouter de plus qui n’a pas déjà été dit. Emil Ferris signe une œuvre remarquable d’un peu plus de 400 pages. C’est intelligent, toujours touchant et juste dans la description des tourments et des blessures de cette enfant.

Pour les retardataires (dont je faisais partie) qui n’auraient pas encore lu Emil Ferris et son premier livre « Moi, ce que j’aime, c’est les monstres », je recommande cette lecture d’une œuvre culte.

Date de publication : 23 août 2018 ; Éditeur : Monsieur Toussaint Louverture; Nombre de pages : 416 p.

Mon avis :

Note : 5 sur 5.