Ma chronique :

« Notre mère la guerre » est une BD historique regroupant l’intégrale de quatre tomes parus chez Futuropolis pour le centenaire de la Première Guerre mondiale. On y retrouve Kris au récit et Maël au dessin et couleur. C’est un classique que je n’avais pas encore lu, aussi lorsque je l’ai vu dans ma librairie favorite, mise en évidence avec d’autres ouvrages sur 14-18, je n’ai pas hésité. Le moins que l’on puisse dire c’est que je ne regrette pas mon achat. Le récit nous plonge dans la Champagne de janvier 1915, à l’heure où les chimères de la guerre rapide, censée ramener les hommes chez eux avant Noël, s’est évanoui pour de bon. Les pertes en hommes sont déjà colossales tout comme les destructions. C’est dans ce contexte que se déroule cette histoire.

Pour le synopsis, on y retrouve un lieutenant gendarme chargé d’enquêter sur la mort de plusieurs femmes assassinées près du front. Leurs corps sont tous retrouvés avec une lettre d’adieu écrite par le meurtrier et cachetée par la boue des tranchées. De 1915 à 1918, nous allons suivre l’avancée de cette enquête qui piétine tant les indices sont minces. C’est l’occasion pour l’auteur Kris de nous montrer l’horreur des tranchées et le sort réservé aux masses paysannes servant de chair à canon à des officiers peu regardant sur les pertes. Les dialogues et les descriptions du récit des combats sont très bien écrits. On a presque l’impression de lire un roman. Mais la réussite vient aussi des illustrations qui sont splendides et très réalistes. Maël réalise un tour de force en nous immergeant au plus près des combats. Chaque illustration fourmille de détails. Des décors apocalyptiques. Cela renforce l’immersion dans ces tranchées, au cœur de cette guerre atroce. L’enquête sur ces assassinats est passionnante et il est difficile de décrocher avant d’en connaître la fin. Merveilleusement illustré, le tout avec un récit solide qui nous plonge dans le quotidien de ces poilus sacrifiés par des généraux prônant l’offensive à tout-va sans se soucier des pertes. La psychologie de ces poilus est travaillée et très réaliste. J’en veux pour preuve la préface signée par Nicolas Offenstadt qui souligne cet aspect des choses, lui qui est un des plus grands historiens français de la Grande Guerre.

Le travail sur cette série de BD historique est fantastique, la reconstitution m’a beaucoup plu, tout comme le réalisme des situations présentées. Un récit enlevé, sombre, ténébreux, jamais manichéen, c’est peu dire que j’ai aimé me plonger dans « Notre mère la guerre ». Si vous aimez les récits sur cette période, les enquêtes façon thriller historique, alors vous risquez d’aimer. C’est un coup de cœur.

Mon avis :

Note : 5 sur 5.

Date de publication : 16 octobre 2014 ; Éditeur : Futuropolis ; Nombre de pages : 264 p.