Synopsis : Quels secrets cache l’ombre du jacaranda, l’arbre fétiche de Stella ? Il faudra à son ami Milan des années pour le découvrir. Des années pour percer les silences du Rwanda, dévasté après le génocide des Tutsis. En rendant leur parole aux disparus, les jeunes gens échapperont à la solitude. Et trouveront la paix près des rivages magnifiques du lac Kivu.

Ma chronique : Il y a des romans qui vous effleurent seulement et d’autres qui pénètrent durablement jusqu’à la région du cœur, vous irradiant d’un flot d’émotions. Le nouveau roman de Gaël Faye est de ceux-là. « Jacaranda » de Gaël Faye nous plonge dans une histoire sur quatre générations, dans un pays meurtri pendant trop longtemps par la guerre et le génocide perpétré contre les Tutsies au Rwanda en 1994. Milan est le narrateur, il est le fruit de l’union entre un père français et une mère originaire du Rwanda, un pays qu’elle a quitté très jeune. Une mère qui parlait peu, facilement en colère et avec qui Milan n’aura que peu de contact. Elle ne voulait plus entendre parler de son pays d’origine. Que cachait-elle de son passé ? Mais Milan veut découvrir le Rwanda, rencontrer sa famille restée là-bas et qui sait y tisser un pont entre deux cultures. On assiste au parcours de ce jeune homme qui va grandir au contact de sa famille, et des rencontres qu’il fait au Rwanda. On y découvre, avec cette plume toujours aussi belle de l’auteur, les stigmates du génocide, l’esprit de vengeance, le recueillement et le souvenir également dans un pays où aujourd’hui, beaucoup sont nés après 1994. Milan va découvrir le sort terrible des victimes des massacres, la réalité de ces voisins qui deviennent des bourreaux face à des gens qu’ils ont toujours connus et avec qui ils vivaient normalement. La sauvagerie des massacres, le besoin de justice, de ne surtout pas oublier. J’ai beaucoup aimé ce roman pour ce qu’il nous apprend de la nature humaine. C’est aussi un texte vibrant d’humanité, car Milan va rencontrer des gens extraordinaires qui vont lui faire aimer ce pays devenu le sien. On est profondément marqué par les descriptions des crimes des génocidaires, mais Gaël Faye nous convie aussi au banquet de l’amitié, de la fraternité, avec cet amour qui transparait dans les relations entre Milan et les autres, notamment Claude, son « frère. » Le Jacaranda, cet arbre magnifique, symbole d’un Rwanda qui panse ses plaies, mais qui est aussi tourné vers l’avenir. Un pays qui s’est métamorphosé. Huit ans après « Petit pays », « Jacaranda » est à nouveau un succès en librairie et s’est amplement mérité tant la qualité du texte et les émotions procurées sont belles. On avance dans ce texte en funambule, à mi-chemin entre le versant sombre et celui de la lumière. Deux sensations qui cohabitent et qui rendent ce texte si riche. C’est un roman important de cette rentrée littéraire. Il a beaucoup circulé sur les blogs avec des avis très positifs, aussi, je me joins à ce concert de louanges si mérité pour Gaël Faye qui confirme sa place d’auteur à part entière. C’est à découvrir absolument.

Mon avis :

Note : 4.5 sur 5.

Parution : 14 août 2024 ; Éditeur : Grasset ; Pages : 288