Ma chronique : Pour son cinquième roman, « Dors ton sommeil de brute » paru chez Gallimard pour cette rentrée littéraire, Carole Martinez signe un texte envoûtant et mystérieux sur fond de rêves se matérialisant dans la réalité. Eva est neurologue et elle a une fille de huit ans qui se prénomme Lucie. Elle décide de quitter Pierre, son compagnon, à cause des coups portés par celui-ci sur leur fille. Elles fuient donc toutes les deux direction la Camargue. Une maison isolée en pleine nature, où elles vont faire la rencontre de Serge, un doux géant timide qui vit au rythme de la nature. Serge protège les oiseaux, il aime les plantes et son jardin. Au cœur de cette histoire, des rêves, ou plutôt des cauchemars qui ont lieu partout dans le monde, au moment où les enfants s’endorment. Au début, la communauté scientifique pense à un épiphénomène avant de se rendre compte de l’ampleur prise par ces cauchemars et leur concrétisation dans le monde réel. D’où viennent ces rêves ? Que signifient-ils ? On pense aux dix plaies d’Égypte et l’angoisse s’installe à mesure où les cauchemars prennent des proportions énormes. Serge, Eva et Lucie vont former un cercle protecteur. Dehors, les menaces grondent. La nature semble se révolter contre les abus qu’elle subit. Une nature à bout. Carole Martinez signe un roman qui, comme à chaque fois, est très bien écrit et empli d’une belle sensibilité. Avec toujours cette part de secret mêlée d’onirisme et même ici de cauchemars. Les personnages de Serge, Eva et Lucie sont très attachants avec, pour les adultes, leur part d’ombre et de lumière. L’angoisse liée à ces cauchemars monte crescendo et Carole Martinez sait ménager une intrigue qui nous tient en haleine jusqu’au bout. Ce n’est pas mon roman préféré d’elle, car je trouve qu’il lui manque un petit quelque chose pour être pleinement emporté, mais c’est malgré tout un beau roman qui vaut le coup d’être lu pour les liens tissés entre ces trois êtres blessés par la vie, qui vont apprendre à s’aimer. Je recommande.

Parution : 15 août 2024 ; Éditeur : Gallimard ; Pages : 400

Mon avis :

Note : 4 sur 5.