Ma chronique : Nous sommes en Syrie, entre 2011 et 2013, lors des deux premières années du soulèvement du peuple syrien contre le tyran Bachar al-Assad qui tient d’une poigne de fer son pouvoir depuis 2000. Il a succédé à son père Hafez el-Assad. En Syrie, la Guerre civile syrienne a fait des centaines de milliers de morts. Bachar al-Assad a notamment utilisé du gaz sarin à l’encontre de son propre peuple. Il est considéré comme l’un des pires criminels de guerre actuels. Entre 70 000 et 200 000 opposants ont disparu dans les prisons du régime syrien. « Mission Damas » de David McCloskey, un ancien analyste de la CIA, qui a surtout travaillé dans plusieurs antennes à travers le Moyen-Orient, s’inscrit dans ce contexte et nous immisce dans les méandres d’un régime tentaculaire où l’on peut mourir pour un mot, un regard, un écrit contre le pouvoir en place. Les services de renseignement syrien qui s’appellent la Mukhabarat ont une place centrale dans le système répressif baasiste. Sam Joseph est un agent de la CIA envoyé à Paris afin de recruter Mariam Haddad, une haute fonctionnaire travaillant au palais présidentiel syrien. La mission assignée est celle de retrouver, de traquer le responsable de la disparition d’un agent de la CIA américaine. Mais très vite, la relation entre Sam et Mariam prend une tout autre tournure. Ils s’aiment et ils savent qu’ils vont au-devant de grands dangers si cela est découvert. La mission doit primer et pourtant les sentiments ne trichent pas. Mariam et Sam vont affronter des risques majeurs face à un appareil répressif syrien prêt à tout pour dénicher ceux qui ont trahi l’existence d’un complexe de production de gaz sarin. The Time a élu « Mission Damas » meilleur thriller de l’année 2023. J’ai beaucoup aimé le réalisme des opérations menées, la description des arcanes du pouvoir syrien. Un monde cauchemardesque qui n’a rien à envier à la Corée du Nord. La paranoïa est une seconde nature pour les criminels exécutant leurs tristes besognes. Les descriptions de tortures sont terrifiantes. Les filatures par la Mukhabarat mais aussi des méthodes de la CIA pour obtenir des informations sur ces criminels de guerre de la pire espèce, sont passionnantes. Surtout que la Russie de Poutine soutient Bachar al-Assad en lui fournissant des informations de leurs services d’espionnages. Un jeu du chat et de la souris. Sam Joseph et Mariam Haddad forment un duo charismatique et très attachant. On découvre un monde de l’ombre et des membres de la CIA prêts à risquer leur vie pour réussir leurs missions. Les amateurs de thriller d’espionnage vont se régaler. Le rythme est plutôt lent et l’histoire prend le temps d’installer une atmosphère propice à la découverte des différents personnages. C’est le tout premier roman de David McCloskey et il est paru dans le label Verso des Éditions du Seuil. J’ai littéralement adoré ce thriller. On sent que l’auteur maîtrise parfaitement son sujet en tant qu’ancien analyste de la CIA. Bien sûr, certains passages sont trop romanesques pour être pleinement proche de la vérité, mais dans l’ensemble, on s’y croirait. Je recommande pour tous ceux qui aiment Terry Hayes ou John Le Carré.

Mon avis :

Note : 5 sur 5.