Ma chronique : « Mauvaise mer » de Jérôme de Verdière contient dans son titre l’ambivalence de cette mère, Elisabeth, qui depuis 1981, attend désespérément le retour de son mari Robert, disparu en mer au large de la Bretagne. Alors, elle s’installe tous les soirs sur le muret et elle contemple l’océan Atlantique. Elisabeth a une fille, Simone, qui a un peu plus de 40 ans et qui a décidé de revenir vivre chez sa mère afin de l’aider, de la soutenir. Simone est célibataire, elle n’a pas d’enfant et elle exerce la profession de libraire dans la petite commune où elles sont installées. La relation avec Elisabeth est très difficile. Cette dernière ne fait rien pour être apprécié dans la commune. Elle est décrite comme acariâtre, aigri, agressive, toujours en colère. Un portrait peu flatteur. Elisabeth cache ses blessures derrière cette apparence. Qu’espère t’elle tous les soirs sur ce muret à attendre l’improbable retour de son mari ? Simone n’en peut plus des récriminations, des remarques blessantes à son endroit, de ce manque d’amour d’une mère qui n’a jamais su trouver les mots justes. Comment grandir sans l’affection d’une mère, quand en plus on a un père disparu. Mais peu à peu les secrets vont affleurer et les murs vont tomber. Que cache Elisabeth ? Qui était Robert ? Pourquoi cette colère contre le monde entier, notamment sa fille. C’est un roman âpre, bien écrit où la psychologie des personnages est parfaitement rendu. La Bretagne et le caractère de ses habitants sont plutôt bien décrits. Il y a les secrets, les non-dits, l’affrontement entre cette mère et sa fille, son emportement perpétuel, son injustice vis à vis de Simone, qui elle décide, peu à peu, d’exprimer sa colère. Si son père est mort, pourquoi cet entêtement à vouloir vivre dans le passé, comme si le monde s’était arrêté en 1981. On ne peut pas demander ça à sa fille. Et cette jalousie maladive, ces mots qui blessent envoyés comme autant de flèches empoisonnées en direction de Simone. Les échanges sont durs mais les rebondissements donnent du souffle à ce roman. J’ai aimé cette sorte de huis-clos psychologique. Le personnage d’Elisabeth peine a susciter l’adhésion tant elle est enfermée dans son affliction, son rôle de mauvaise mère, tandis que Simone apporte ce côté sensible, raisonné, exprimant en tant que narratrice, ce que nous, lecteurs/lectrices, aimerions dire à Elisabeth. Cette dernière peut sembler se complaire dans son malheur, mais là encore, je ne dévoile rien car la dernière partie du roman réserve son lot de surprises. Si vous aimez les romans psychologiques, les huis clos poignants, alors ce livre est fait pour vous. J’ai aimé sans que ce soit néanmoins un coup de cœur véritable.

Mon avis :

Note : 3.5 sur 5.
Le lien vers « Lire est le propre de l’homme » qui m’a donné l’envie de lire ce roman et je l’en remercie.